Les Jeux Olympiques de Rio ont marqué la fin d’une époque. Avec eux, toute une génération de nageurs a tiré sa révérence. Ainsi, Florent Manaudou (parenthèse handballistique), Yannick Agnel, Fabien Gilot, Coralie Balmy, Grégory Mallet, William Meynard, Ophélie-Cyrielle Etienne et Giacomo Perez-Dortona ne porteront plus le bonnet tricolore. Il va sans dire que leur absence pèsera de tout son poids. Pourtant, comme l’assène Stéphane Lecat, ancien directeur de la natation olympique, concentré à présent sur l’eau libre : « Il y a plein de bons jeunes en équipe de France. Il faut le dire, l’écrire et faire comprendre à nos supporters que tous les talents n’ont pas disparu ». A défaut de le clamer à s’en déchirer les cordes vocales, nous avons décidé de consacrer six portraits à de jeunes nageurs engagés dans le plan « Gavroche 2024 ». Aujourd’hui, Joana Desbordes, une insatiable travailleuse.

Quand on a un père entraîneur de natation, c’est plus facile d’apprendre à… nager. La preuve, Joana Desbordes effectue ses premières longueurs sous l’œil attentif  de Marc, son papa, dès l’âge de quatre ans. Après des débuts en compétition auprès de Christophe Zegre, alors en charge des jeunes au SO Rosny, la Francilienne retrouve son père au bord des bassins, mais cette fois comme coach. Pas toujours facile à gérer la relation « entraîneur-entraînée + père-fille » se passe pourtant au mieux dans la famille Desbordes. Pour Joana, c’est même l’idéal puisque Marc la comprend parfaitement rendant « l’échange beaucoup plus facile ». Cette complicité se traduit « naturellement » au niveau des résultats. Elevée à l’école de la polyvalence pour « éviter l’ennui », la sociétaire du SO Rosny termine à la première place du Natathlon 2013 en remportant au passage le 400 m nage libre de la finale du Trophée Lucien-Zins. Egalement prête à multiplier les courses dans une même compétition afin d’éviter « trop de stress quand on a un seul objectif », la jeune championne n’hésite pas à s’aligner sur les épreuves de nage libre, mais aussi de papillon, de brasse et de quatre nages. C’est le cas pour sa première sélection en équipe de France lors de la Comen 2014, où elle participe à pas moins de quatre courses individuelles (100, 200, 400 m nage libre et 200 m 4 nages) et de trois relais (4x100 et 4x200 m nage libre et 4x100 4 nages). C’est une nouvelle fois le cas à Hódmezővásárhely, l’été dernier, à l’occasion des championnats d’Europe juniors, où elle s’aligne sur 50, 100, 200 m nage libre et au sein du relais 4x100 m 4 nages. Et c’est encore le cas à Angers pour les derniers championnats de France 25 mètres, où on la retrouve au départ des 50, 100, 200 et 400 m nage libre, du 50 et du 200 m papillon, du 50 m brasse et du 100 m 4 nages. Difficile à rassasier, Joana n’en néglige pour autant pas ses études. Elève en Première S dans un lycée parisien, elle bénéficie d’horaires aménagés. En cours de 8 à 13 heures, elle est ensuite libérée pour faire ses devoirs et enchaîner avec sa séance quotidienne de PPG (ou de musculation) et l’entraînement dans l’eau tous les jours de 18h30 à 20h30. Décidément insatiable, Joana fait également partie du plan « Gavroche 2024 » dont elle est l’une des membres les plus assidues. En dehors des coupes du monde en Asie, jugées « trop fatigantes alors que l’école avait repris », la Rosnéenne a, en effet, participé à tous les autres rassemblements. Pour le « plaisir de retrouver le groupe », mais aussi pour « les bienfaits techniques que ça apporte », dixit la principale intéressée. « Le travail avec la vidéo nous a en particulier permis de voir qu’en crawl, j’attaquais trop par le coude avec mon bras gauche ou que ma prise d’appui dans l’eau, toujours du côté gauche, était moyenne. Qu’il fallait que j’enfonce un peu plus la main vers le fond ». Quasi infatigable, on s’en était rendu compte, mais également perfectionniste ! Deux qualités qui devraient permettre à Joana d’atteindre rapidement ses objectifs et de marcher sur les traces de son idole : Camille Muffat !

Jean-Pierre Chafes