Avant les championnats de France des maîtres en bassin de 25 mètres qui se disputeront à Rennes du 26 au 29 mars prochain, focus sur la suissesse du Cercle des Nageurs de Paris (CNP) Marie-Thérèse Fuzatti qui a pulvérisé, fin janvier, le record du monde du 100 m nage libre dans la catégorie des 50-54 ans. En signant 58’’60, la sprinteuse est devenue la première femme de plus de 50 ans à nager sous la minute.
Marie-Thérèse, à quel âge avez-vous débuté la natation ?
Vers 6 ans ! J’ai toujours aimé l’eau, mais je ne me suis mise à nager sérieusement que sur le tard. Ainsi, à 12 ans, je ne m’entraînais encore que trois fois par semaine. Mes performances n’ont vraiment décollé que lorsque j’ai commencé à m’entraîner plus régulièrement. Je nageais à Genève et j’ai eu la chance de faire partie d’une « génération dorée » de la natation helvétique. J’ai participé à quatre championnats d’Europe, deux championnats du monde et deux éditions olympiques dans les années 80.
Gardez-vous un souvenir spécifique en mémoire ?
Mon heure de gloire a eu lieu lors des mondiaux à Madrid, en 1986. Mon père, madrilène, et toute ma famille sont venus me voir nager. J’ai explosé mes temps en série pour passer en finale. Je me souviens qu’on jouait aux cartes pour passer le temps : ce jour-là, mes coéquipiers ont triché pour me laisser tout gagner. Tant et si bien que je suis montée sur le plot, convaincue que j’étais invincible. Et j’ai fini troisième du 50 m nage libre !
Et maintenant ?
Je n’ai repris « sérieusement » qu’il y a deux ans. Grâce à mon mari Nicòla et à Jean-Marc, l’entraîneur du CNP. J’ai repris goût à la natation et je redécouvre même que je peux progresser techniquement ! Depuis 1980, on ne me donnait plus de conseils techniques, mais Jean-Marc m’a reprise en main. Il faut dire que depuis, les techniques de nage ont beaucoup évolué.
Cette reprise a-t-elle été difficile ?
Comme je suis fondamentalement fainéante, au début, il a vraiment fallu que je me force pour aller nager. J’avais quitté la natation sur une discorde, le CNP m’a vraiment fait retrouver le plaisir de l’eau.
Comment s’organisent tes entraînements ?
Je m’entraîne trois à quatre fois par semaine, une heure à une heure quinze. Je nage très rarement plus de trois km par session. Et cela me permet presque de retrouver mes chronos de 23 ans ! Mais je ne me suis pas encore décidée à reprendre la PPG et la musculation. Mais au-delà des entraînements, je m’aperçois que la natation est devenue ma soupape de décompression, face au stress ou aux aléas de la vie. Et j’ai trouvé dans l’approche maître une philosophie qui me va très bien : du plaisir sans trop se prendre la tête !
Portrait Janus : dis-nous comment, en tant que nageuse, tu te perçois et comment tu penses que les autres te perçoivent ?
Ceux qui me connaissent bien savent que je suis déterminée aussi bien pendant mes courses qu’à l'entraînement. Enfin, la plupart du temps (sourire)... Mais il faut que cela reste avant tout un plaisir ! A contrario, certains qui ne me voient qu’au bord du bassin pensent que je suis toujours à fond.
Recueilli par E. H.