La natation est source de bien-être. Cela pourrait être le slogan d’une publicité, mais c’est surtout une réalité pour les valides comme pour les personnes à mobilité réduite. Accessible au plus grand nombre, la discipline contribue à la rééducation physique et à l’épanouissement psychique.
Il a le regard bleu azur, le sourire engageant et un sens innée de la répartie. Charles Rozoy, est un champion de natation. Un athlète accompli qui a atteint son rêve en s’adjugeant en septembre 2012 la médaille d’or du 100 m papillon des Jeux Paralympiques (*) de Londres (29 août-9 septembre 2012). Son destin exceptionnel prend pourtant sa source dans un fait-divers. Victime d’un accident de moto en juillet 1997, le Dijonnais perd l’usage de son bras gauche. Il croit tout abandonner. Sa passion aquatique et ses rêves de podiums et de longueurs triomphantes. La natation le sauvera. Comme beaucoup d’autres. « Quand on devient handicapé, on se pose beaucoup de questions », témoigne le grand blond sans détour. « Après mon accident, je me suis dit que ma vie était fichue. Je n’y croyais plus. Pendant six mois, cela a été dur, et puis je me suis remis à nager. Au début, j’ai dû me confronter à de nouvelles sensations, mais j’ai réussi à me rééduquer grâce à la natation. »
« C’est une discipline qui permet de faire travailler tous les muscles », abonde le Docteur Jean-Yves Maigne, responsable du service de Médecine Physique de l’hôpital Dieu à Paris. « Elle octroie aussi une grande liberté du fait de l’apesanteur aquatique, et puis elle redonne au corps ses possibilités d’origine et peut intervenir pour régler les problèmes d’enraidissement ou de manque de tonus musculaire qui surviennent lorsqu’on a un membre amputé ou paralysé. » « La natation influe aussi sur le moral, qui est une part très importante de la rééducation », ajoute le Docteur Maigne. « D’abord parce qu’elle permet de remodeler son corps, mais aussi parce qu’elle est une source incomparable de motivation. On se fixe des buts et on les atteints les uns après les autres. »
« Durant les entraînements que je supervise, je veille à ce que les nageurs handisports retrouvent d’abord confiance en eux. Je ne travaille pas sur la technique, mais principalement sur le comportement », confirme Hadda Guerchouche, médaillée aux Jeux Paralympiques de Barcelone qui se consacre désormais à l'accompagnement sportif des « handis », comme elle les appelle. L’eau pour revivre donc, mais aussi pour vivre mieux pour celles et ceux qui sont handicapés de naissance. « Pour les handicapés moteur de naissance, on peut utiliser la natation pour le travail de compensation, qui consiste à développer de nouveaux muscles », souligne le docteur Jean-Yves Maigne. « La natation sert aussi à l’éducation, en plus de la rééducation. Pour les paraplégiques, par exemple, elle offre une sensation de bien-être. La personne peut bouger alors que cela lui est impossible sur la terre ferme. »
C’est aussi l’occasion de partager des moments « comme les autres, sans matériel et sans se sentir différent », souligne Stéphane Lorenzo, maître-nageur et ancien membre de l’équipe de France de natation handisport. « Parce que l’eau efface les différences et gomme les handicaps. » Au point de séduire les foules qui se sont littéralement ruées sur les épreuves des Jeux Paralympiques de Londres. Ainsi, 2,7 millions de tickets ont trouvé preneurs, contre 1,8 il y a huit ans à Pékin, tandis que la prestigieuse chaîne de télévision britannique Channel 4 enregistrait l’une des audiences record de son histoire en drainant 7,6 millions de téléspectateurs au cours de la cérémonie d’ouverture. Tout un symbole !
(*) Les Jeux Paralympiques réunissent tous les quatre ans des athlètes handicapés physiques ou visuels ainsi que mentaux pour des épreuves handisports.