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Aurélie Muller est une championne. Une vraie. Une authentique. De celle que l’on a très rarement l’occasion de rencontrer dans une vie. Sa détermination et sa force mentale lui permettent de renverser bon nombre de situations. Onzième pour un petit centième sur le 10 km des Mondiaux de Gwangju en 2019 et non qualifiée pour les JO de Tokyo, la nageuse française avait réussi à remporter l’argent sur le 5 km quelques jours plus tard. Avant de se lancer l’objectif de se qualifier pour les Jeux nippons en bassin sur 1500 m nage libre. Pour cela, Muller change de club, d’entraîneur et de méthode de travail. Et si elle échoue finalement dans sa quête olympique, la jeune femme exprime de nouveau le désir de renouer avec l’eau libre. Elle fait donc ses valises et retourne à Sarreguemines, là où tout a commencé pour elle. Un retour aux sources salvateur avec son entraîneur Gilles Cattani, entrecoupé de périodes de stages aux côtés de Magali Mérino. Toute l’année, Aurélie Muller enchaîne les kilomètres et les grosses séances pour retrouver de l’endurance et son meilleur niveau. Comme toujours elle ne lâche rien. Jusqu’à ce 27 juin 2022 où, dans le dernier tour du 5 km des championnats du monde, elle décide de prendre la tête de la course avec la Brésilienne Ana Marcela Cunha. Comme à Gwangju, Muller prend la deuxième place. En Corée, cette médaille sonnait comme un dernier baroud d’honneur. En Hongrie elle sonne comme une renaissance.

Quelle saveur à cette médaille, trois ans après celle de Gwangju ?

Ça fait du bien, parce que j’ai vécu deux années difficiles depuis Gwangju (Mondiaux 2019). J’ai changé d’entraîneur et de lieu d’entraînement. Je suis retournée chez moi à Sarreguemines. Avec Gilles (Cattani), nous avons beaucoup travaillé. Il a cru en moi comme j’ai cru en lui et aujourd’hui la médaille elle est là (sourires).

Quelle était ta stratégie aujourd’hui ?

L’Australienne est vraiment partie vite. Il y avait un gros rythme, mais je ne me suis pas affolée. J’ai essayé de tenir dans les deux premiers tours et je savais que j’allais accélérer dans le dernier. Ana Marcela (Cunha) est une athlète talentueuse et expérimentée et je savais qu’en restant à son contact c’était bon signe.

KMSP/Stéphane Kempinaire

Qu’as-tu retrouvé à Sarreguemines et qui t’a permis de performer aujourd’hui ?

J’ai retrouvé de la confiance grâce à mon environnement. J’ai besoin d’être bien entourée pour que tout fonctionne. C’est ce qui se passe à Sarreguemines, c’est mon club. J’ai retrouvé ma famille et mes amis. Évidemment il y a du travail, mais ce qui compte beaucoup pour moi c’est l’environnement dans lequel j’évolue.

Cette année, pensais-tu que tu serais capable de décrocher une médaille mondiale ?

Je me concentrais sur le travail. À Nice, j’avais travaillé différement et je n’ai pas pu nager à Abu Dhabi (coupe du monde de 10 km en décembre) en raison du Covid. J’étais frustrée de ne pas avoir pu participer à une grande compétition. Au fur et à mesure de la saison, je me suis sentie de mieux en mieux. Lors du stage à Font-Romeu (avec Magali Mérino et son groupe d’entraînement, ndlr), j’ai senti que j’étais en train de retrouver mon meilleur niveau. Il fallait être au rendez-vous aujourd’hui et c’est ce que j’ai fait.

Aurélie Muller félicitée par son entraîneur Gilles Cattani (KMSP/Stéphane Kempinaire)

Hier lors de l’épreuve du relais, tu as réalisé le deuxième temps des engagées féminines. Cela t’a-t-il aidé à mieux aborder ce 5 km ?

Ça m’a donné beaucoup de confiance. C’est la première chose que Gilles est venu me dire lorsque je suis sortie de l’eau. J’étais très contente. Je ressentais aussi une certaine frustration au regard de notre quatrième place. Tout ça mis bout à bout m’a permis de décrocher cette médaille aujourd’hui.

En 2019 à Yeosu, Philippe Lucas s’était exprimé et avait demandé à l’équipe d’aller chercher le titre de meilleure nation mondiale pour tes derniers championnats du monde.

Il avait tort pour une fois (rires) ! Je ne pouvais pas terminer là-dessus. J’avais encore des choses à montrer. J’aime nager. C’est l’essentiel et ce qui me donne la force de me lever tous les matins pour aller dans l’eau. Cette médaille est la récompense de tout ça.

Recueilli à Budapest par Jonathan COHEN

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