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En amont de la Nuit de l’Eau, organisée le 17 mars prochain sur l’ensemble du territoire par la Fédération Française de Natation et son partenaire l’UNICEF, Camille Lacourt, parrain de l’opération caritative et retraité des bassins internationaux depuis les championnats du monde de Budapest (juillet 2017), s’est envolé du 19 au 23 février en Haïti pour « constater et témoigner de l’action de l’UNICEF sur le terrain et pour voir à quoi servent les fonds collectés grâce à la Nuit de l’Eau ». Il témoigne.

Pourquoi as-tu décidé de mettre ta notoriété au service de cause humanitaire ?

C’est un vrai engagement personnel. Je fais ça depuis très longtemps, avant même d’être connu. Je pense que je suis un privilégié. J’ai vécu de ma passion toute ma vie et c’était important d’offrir de mon temps à des gens qui ont moins de chance et qui souffrent. En France, je l’ai fait avec des associations qui s’occupent d’enfants malades. En 2013, l’UNICEF m’a appelé pour me proposer plusieurs projets, dont un avec la Fédération Française de Natation pour être le parrain de la Nuit de l’Eau.

Comment te sens-tu dans ta nouvelle vie ?

Je me sens très bien. J’étais arrivé au bout d’un cycle. La vie de sportif de haut niveau est très prenante et nécessite une hygiène de vie un peu particulière. J’étais arrivé à bout et il était temps de quitter les bassins. Je suis ravi d’avoir décroché un dernier titre mondial et désormais j’ai une autre vie à construire.

Camille Lacourt, visite l'école nationale de Trianon à Mirebalais (région centre). Cette école est une école amie de l’hygiène soutenue par l'UNICEF. Ces programmes ont été en partis financés par la générosité publique lors de la Nuit de l’Eau 2017 (Michaël Zumstein/UNICEF France).

(Michaël Zumstein/UNICEF France).

Que fais-tu aujourd’hui ?

Aujourd’hui, je fais beaucoup de séminaires en entreprise. Je fais le parallèle entre le monde du travail et le sport de haut niveau. Il y a énormément de point commun, que ce soit sur les décisions à prendre, les prises de risque, le courage, le talent. Je suis aussi en train de monter un stage « Camille Lacourt » avec de jeunes nageurs pour partager ma passion de la natation.

D’où vient cet engagement ?

Mon éducation m’a aidé à être l’homme que je suis aujourd’hui. Je suis quelqu’un qui aime être heureux. Et pour l’être il faut se satisfaire de ce qu’on a. J’ai eu la chance d’avoir beaucoup de chose. J’ai envie de rendre cette chance que j’ai eue. Pour moi, les enfants qui sont malheureux et qui n’ont pas la santé, c’est la plus grande tristesse qui existe. Si je peux leur donner un peu de plaisir en étant à leur côté une journée, c’est génial. Ça fait vraiment relativiser aussi par rapport à nos petits problèmes du quotidien. C’est important pour être bien dans sa vie de pouvoir donner.

Camille Lacourt, visite l'école nationale de Trianon à Mirebalais (région centre). Cette école est une école amie de l’hygiène soutenue par l'UNICEF. Des enfants se lavent les mains et peuvent accéder à des toilettes séparés grâce au soutien de l'UNICEF. Ces programmes ont été en partis financés par la générosité publique lors de la Nuit de l’Eau 2017 (Michaël Zumstein/UNICEF France).

(Michaël Zumstein/UNICEF France).

Le fait d’être père change-t-il quelque chose au regard que tu portes sur les enfants d’Haïti ?

J’ai toujours voulu être père et j’ai toujours été proche des enfants. C’est sûr, qu’aujourd’hui, quand je vois des enfants malades ou en déshydratation et qui sont dans le besoin comme ici en Haïti, ça me touche plus particulièrement. Ça fait longtemps que j’ai envie de prendre du temps pour toutes ces actions humanitaires.

As-tu expliqué à ta fille les raisons de ce voyage ?

J’ai expliqué à ma fille que j’allais voir des gens qui avaient moins de chance que nous et qu’ils n’avaient pas toujours accès à l’eau potable. Elle n’a que cinq ans et elle me regardait avec des grands yeux sans vraiment y croire. J’espère que quand elle sera plus grande elle viendra avec moi pour vivre ce genre de missions.

Camille Lacourt, se rend à une pompe d’eau entretenue par l'UNICEF, à Mirebalais (région centre), les villageois viennent chercher de l’eau. Ces programmes ont été en partis financés par la générosité publique lors de la Nuit de l’Eau 2017 (Michaël Zumstein/UNICEF France).

(Michaël Zumstein/UNICEF France).

Qu’est-ce qui t’a le plus marqué pendant ce voyage ?

Ce qui me marque le plus à chaque fois, ce sont les enfants. Un enfant est pur et on n’a pas envie de le voir travailler ou de les voir souffrir. Quand je les vois dans la rue porter des bidons d’eau, c’est un peu choquant. En France, nous sommes à des années lumières de tout ça et des enfants de leur âge devraient être à l’école et très loin de tous ces problèmes. C’est important de communiquer là-dessus et de les aider à notre niveau, en allant par exemple à la piscine le soir de la Nuit de l’Eau. Les conséquences de ces actions sont énormes et tous ces petits gestes sont vraiment très importants pour faire avancer les choses.

On t’a d’ailleurs senti très impliqué.

Je n’ai pas envie de venir en Haïti, faire trois photos et rentrer. J’ai envie de voir comment se passe concrètement leur vie. C’est de cette manière que l’on peut percevoir réellement leurs difficultés. C’était sympa de se rendre sur le marché pour ces raisons. C’est bien d’apprendre de leur culture.

Camille Lacourt, visite un point de chloration d’eau dans le quartier Bristou à Petionville. Ces programmes ont été en partis financés par la générosité publique lors de la Nuit de l’Eau 2017 (Michaël Zumstein/UNICEF France).

(Michaël Zumstein/UNICEF France).

Es-tu conscient que ton image d’ancien sportif peut aider à véhiculer des messages forts ?

Je suis conscient que mon image peut aider à faire passer des messages. Je ne sais pas à quel degré mais je sais que ça peut aider. Je suis heureux que l’UNICEF et la Fédération Française de Natation me demande d’être à leur côté et j’ai vraiment envie de m’impliquer. J’espère que ce sera utile et que le plus grand nombre sera à nos côtés le samedi 17 mars pour la Nuit de l’Eau et aider Haïti.

Tu étais venu en Haïti en 2013. En quoi était-ce différent ?

J’étais venu en 2013 pour le vaccin du tétanos. C’est un voyage qui m’avait vraiment déstabilisé. Je venais d’être père et j’étais dans le négatif. Je voyais tout ce qu’il restait à accomplir pour aider cette population qui mourrait du tétanos. Cette année, c’est différent parce qu’on voit que de nombreux progrès ont été réalisé au niveau de l’accès à l’eau. Les sources ont été trouvées et il y a plus de 6 kilomètres de tuyaux pour approvisionner les sources. La population en profite mais ils ont encore besoin de nous. Il faut continuer et je suis certain qu’ils pourront s’en sortir.

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