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En l’espace de dix mois, ces deux-là auront accompli un sacré chemin. Ces deux-là, ce sont Marie Wattel, 25 ans dont neuf en équipe de France, et son entraîneur Julien Jacquier qu’elle a rejoint à plein temps au CN Marseille depuis le mois de septembre 2021 après quatre années d’exil à Loughborough (Angleterre) sous la houlette de Ian Hulme. Alors certes, Marie et Julien avaient déjà eu l’opportunité de collaborer ensemble à l’occasion de stages nationaux ou lors de grandes échéances nationales ou internationales, mais l’alchimie, la confiance et l’ambition partagée qui semblent animer ce duo a pris sa mesure et son sens hier soir (dimanche 19 juin), lorsque Marie Wattel a décroché l’argent du 100 m papillon des championnats du monde de Budapest (18-25 juin). Julien Jacquier a accepté de revenir sur cette récompense idéalement glanée à deux ans des Jeux olympiques de Paris. Entretien.

Que regard portez-vous sur la médaille d’argent de Marie sur 100 m papillon ?

Honnêtement, je n’avais pas d’attentes particulières parce qu’on ne connaissait pas le contexte…

Comment ça ?

Je savais que Marie avait réalisé un super boulot depuis les championnats de France de Limoges (5-10 avril). Je me doutais qu’elle allait être en jambes, comme on dit, mais nous n’avions aucune information sur ses adversaires. Cette finale constituait une opportunité incroyable et elle l’a saisie de la plus belle des manières.

(KMSP/Stéphane Kempinaire)

D’autant qu’outre la médaille, le chrono est au rendez-vous (elle bat son record de France en 56’’14 contre 56’’16 en demi-finale des JO de Tokyo, ndlr).

C’est vrai que ça, ce n’était pas forcément évident après son début d’année un peu difficile. Ce que je retiens, c’est qu’elle a énormément travaillé sur ce 100 m papillon pour comprendre ce qui lui manquait. Je crois aussi que l’expérience des années passées et son approche de la compétition ont pesé dans la balance. Je suis vraiment très heureux pour elle !

On a l’impression que chez Marie, le mental prend parfois le pas sur la dimension physique. Quand elle est bien, cela fonctionne et les performances suivent, mais lorsque les engrenages se grippent, tout devient plus compliqué.

Je trouve que c’est un peu réducteur comme analyse. Vous savez, elle est humaine, comme tous les athlètes. Son passif pourrait laisser croire que son mental la dessert parfois, mais elle a énormément évolué dans ce domaine. C’est une humaine hors norme qui fait du haut niveau et qui, comme tout le monde, se heurte parfois à des moments plus compliqués. Des hauts et des bas, nous en connaissons tous. Il faut s’en accommoder et apprendre à les gérer. Mais hier (dimanche 19 juin), elle a justement fait la démonstration de son expérience et de sa force de caractère en remportant cette médaille d’argent mondiale.

(KMSP/Stéphane Kempinaire)

Marie, comme elle le rappelait à l’issue de sa finale, a fait sa première équipe de France à 16 ans avant de décrocher cette première distinction individuelle internationale à 25 ans. C’est un long chemin. N’a-t-elle pas commencé un peu tôt au sein du collectif national ?

Vous savez, chacun avance sur son chemin à son rythme et à sa manière. Certains athlètes sont sacrés champion olympique tout jeune alors que pour d’autres ça demande davantage de temps. Ces champions doivent d’abord apprendre à se connaître, en passer par des périodes de doute et de questionnement avant de parvenir à se réaliser. Marie a emprunté son propre chemin et il l’a mené sur la deuxième marche de ce podium mondial à Budapest. Je suis extrêmement fier d’elle !

Pour en revenir à la course d’hier (dimanche 19 juin), comment a-t-elle bâti son 100 m papillon ?

En papillon, j’ai remarqué que beaucoup de finales olympiques se sont gagnées dans les quinze derniers mètres. Jusqu’à présent, Marie avait envie de partir vite et de dominer la course tout en ayant du mal à terminer. Nous avons essayé de réunir nos deux perceptions pour proposer quelque chose de plus structuré, quelque chose qui réponde à son ambition et à ses qualités. Il a fallu lui faire comprendre que nager plus vite ne signifie pas partir plus vite. Elle devait être la pilote de sa finale sans se préoccuper de ses concurrentes. Voilà pourquoi je dis que ce n’est pas un problème mental car elle a été capable d’acquérir cette nouvelle compétence en peu de temps.

(KMSP/Stéphane Kempinaire)

En parlant d’ambition, Marie parle déjà de passer le cap des 56’’00. Qu’en pensez-vous ?

Notre projet, c’est qu’elle continue d’accélérer tout au long de l’été pour nager très vite aux championnats d’Europe de Rome (11-21 août). J’ajouterais que Marie est une grande compétitrice. Lorsqu’elle nage 56’’1 en finale des Mondiaux, il me paraît logique qu’elle se projette rapidement sur l’étape suivante qui sera de nager sous les 56’’00. Elle en est capable, évidemment, mais pour l’heure, les championnats du monde ne sont pas finis. Il lui reste de belles choses à accomplir à Budapest.

A Budapest, Adrien Cadot

 

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