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Ancienne nageuse de l’équipe de France et finaliste aux Jeux olympiques de Los Angeles en 1984, Sophie Kamoun est aujourd’hui agent marketing et dirige une agence spécialisée dans les relations presses. La crise sanitaire que le pays traverse et le confinement qui nous a été imposé a donc eu des impacts sur son activité et sur sa manière de travailler avec les marques qui sollicitent ses services. 

Quels sont les impacts de cette crise sur ton activité ? 

Concernant nos activités RP, notre agence accompagne de nombreux événements sportifs comme le Tour de France (avec Sodexo et Century21) ou Roland Garros (avec Perrier et BNPP) donc si ces événements sont annulés, il y aura forcément moins de travail et des budgets pourraient être revus à la baisse. A côté de ça, nous travaillons avec des marques tout au long de l’année sur des missions de conseil, et là il y a un surcroît de travail pour repenser les stratégies marketing compte tenu du contexte actuel. Concernant mon rôle d’agent, cette période est propice aux échanges avec les athlètes et les partenaires puisque nous avons du temps. Les athlètes sont sollicités pour produire du contenu sur leurs réseaux sociaux ou répondre aux sollicitations médias qui sont plus nombreuses que d’habitude.  

De nombreux contrats de sponsoring courraient jusqu’à la fin de l’olympiade. Les marques sont-elles prêtes à repartir sur une année ?

Nous n’avons pas encore abordé le sujet car le report des JO est récent. Mais cela concerne peu de contrats car les nageurs dont je m’occupe ont signé la majorité de leurs contrats l’an passé ou en début d’année 2020, sur des durées de 3 à 5 ans, avec des clauses évolutives en fonction des résultats. Prendre le temps de construire et s’engager dans la durée sont les bases d’une relation saine et efficace entre un athlète et son partenaire. Pour les contrats qui arrivent à échéance fin 2020, on trouvera des solutions en bonne intelligence pour permettre aux partenaires qui accompagnent les athlètes depuis plusieurs années de bénéficier des JO. N’oublions pas que les athlètes seront peu exposés cette année avec la crise sanitaire et peu disponibles l’année prochaine avec la préparation des JO. Les entreprises ont besoin aussi de s’y retrouver. 

On le sait, en natation les athlètes ne sont pas toujours professionnels. Crains-tu que certains qui souhaitaient aller jusqu’aux Jeux de Tokyo 2020 soient contraints de mettre un terme à leur carrière en raison de cet aspect économique ?  

Même si notre économie est limitée, je n’imagine pas un seul instant qu’un athlète soit contraint d’arrêter sa carrière parce qu’il ne s’en sort pas financièrement. Je pense que c’est aussi le rôle du club d’alerter la FFN en cas de potentiel problème afin qu’une solution soit trouvée en concertation. 

Charlotte Bonnet est conseillée par Sophie Kamoun (KMSP/Stéphane Kempinaire)

La crise actuelle est sanitaire, mais aussi économique et les marques qui soutiennent les athlètes vont avoir des budgets en baisse. Comment les convaincre de continuer à soutenir les athlètes dans ce contexte ? 

Cette crise va inciter les entreprises à donner du sens à leurs actions, partenariats sportifs compris. Il y a encore quelques années, on signait un athlète pour avoir son logo sur un t-shirt ou un bonnet et disposer d’un peu de visibilité. Ce temps-là est révolu. Aujourd’hui, et plus encore après cette pandémie, les entreprises auront le désir d’être utiles pour les autres et pour la planète. À nous d’être créatifs et de prendre en compte l'impact de la responsabilité sociale dans les histoires que nous construisons avec les athlètes. Cela va dans le sens du programme Nageur et Citoyen que nous avons créé l’an passé avec les nageurs pour initier à la natation les enfants de territoires prioritaires. Dans la vie d’après, je crois que le sport aura encore plus sa place pour résoudre les problèmes de santé, bien être et cohésion sociale de notre société. 

Cette période est notamment propice aux placements de produits sur les réseaux sociaux, aux jeux concours. Est-ce que ce sont des axes à développer selon toi ?  

Les athlètes communiquent sur leurs réseaux sociaux tout au long de l’année. Déjà parce qu’ils aiment ça, ensuite parce qu’ils sont sollicités par leurs partenaires pour le faire. Ça fait partie du job et c’est déjà contractuellement très engageant. Après il ne faut pas tomber dans l’excès avec des marques qui prennent les athlètes pour des VRP en leur proposant des posts contre un pack de jus de fruits gratuit ou une casquette… Sinon la grande révélation de ce confinement est le live Instagram. Pouvoir interagir en temps réel avec sa propre communauté offre de nombreuses possibilités. Quand Cristiano Ronaldo fait un live suivi par 10 millions de personnes, il est plus puissant que n’importe quel média au monde... Ça fait réfléchir ! On verra si cette façon de communiquer se pérennisera dans le temps.

Est-ce plus difficile de maitriser la communication de ses athlètes pendant une telle période ? 

Je ne cherche pas à maîtriser la communication des athlètes dont je m’occupe. Cela m’arrive de leur donner des conseils mais ils sont assez grands pour poster ce qu’ils veulent. Si Charlotte (Bonnet) a envie de montrer sa dernière recette de cuisine ou Maxime (Grousset) une photo de sa chérie, cela ne me dérange pas. Cela reflète ce qu’ils sont, ce qu’ils vivent. Mon rôle est plus d’organiser les sollicitations partenaires et presse en concertation avec les coaches, de leur offrir de nouvelles opportunités et de veiller à ce que tout se passe le mieux possible dans leur quotidien.

Recueilli par Jonathan Cohen

Photo bannière: Franck Faugère/DPPI

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