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Duettiste de l’équipe de France engagée aux Jeux Olympiques de Rio en compagnie de Laura Augé, Margaux Chrétien, 24 ans, désormais entraîneur des Dolfin de Marseille, était de passage à la septième édition de l’Open Make Up For Ever sous des couleurs qu’elle connaît bien : celles de l’équipe de France pour laquelle elle a nagé six ans durant. Rencontre avec une jeune « retraitée » qui entend désormais rendre à sa discipline ce qu’elle lui a permis de vivre au plus haut niveau international.

Qu’est-ce que cela fait de retrouver l’Open Make Up For Ever sans se mettre à l’eau ?

Je découvre la compétition sous un nouveau jour, mais, je dois bien l’admettre, il y a des choses qui me manquent un peu, comme l’émulation de la chambre d’appel, les entraînements avec les autres nageuses. Toutefois, je n’oublie pas que j’ai une chance formidable d’être là, à Paris, aussi proche du staff de l’équipe de France. Pour moi, toute jeune entraîneur, qui m’occupe depuis septembre 2016 des nageuses des Dolfin de Marseille, c’est vraiment une occasion d’emmagasiner de l’expérience.

Qui est à l’initiative de cette opportunité ?

Julie (Fabre, entraîneur de l’équipe de France de natation synchronisée, ndlr) m’a proposée de suivre l’équipe trois jours par mois à partir de janvier.

Qu’est-ce qui a motivé cette proposition ?

Je pense qu’elle voulait m’aider dans ma reconversion. Je ne dirais pas qu’elle a vu quelque chose en moi, ce serait déplacé et un peu arrogant, mais il semble que le transfert de compétences et d’expérience peut fonctionner à tous les étages. Pour les nageuses, mais aussi pour moi. Être aussi proche des coaches, c’est l’occasion d’aiguiser mon regard, de me perfectionner, de voir comment les entraîneurs de l’équipe de France travaillent.

Tout cela n’est pourtant pas nouveau pour toi. Cela fait de nombreuses années que tu évolues dans ce milieu.

C’est vrai, mais mon point de vue a complètement changé. Aujourd’hui, je mesure mieux l’investissement des entraîneurs et, surtout, la place qu’occupe le management, notamment chez les seniors.

L’entraînement, c’est une vocation ?

Oui, j’avais à cœur de suivre cette voie à l’issue des Jeux Olympiques de Rio. Je ne sais pas combien de temps j’entraînerais mais, pour l’heure, j’ai envie d’œuvrer pour ma discipline et de contribuer à son développement. J’ai également envie de rendre un peu de ce qui m’a été offert, de partager mon expérience et d’aider la nouvelle génération.

Tu dis vouloir « contribuer au développement » de la natation synchronisée. De quelle manière ?

La première chose, me semble-t-il, serait que l’équipe se qualifie aux Jeux Olympiques de Tokyo. Les filles échouent depuis plusieurs années à la huitième place, mais il me semble que le potentiel qu’elles affichent depuis l’année dernière doit leur permettre d’être plus ambitieuses. Ce n’est qu’une histoire de déclic. Une fois ce cap franchit, les choses vont s’enchaîner d’elles-mêmes et elles progresseront dans la hiérarchie internationale.

Par quoi passe ce déclic ?

Du travail et de la patience ! Si les filles de l’équipe sont encadrées par des nageuses d’expérience, le projet me semble réalisable (elle s’interrompt)… En disant cela, je me rends compte que je devrais faire partie de ces « nageuses d’expérience »…

Pourquoi alors n’as-tu pas poursuivi ta carrière ?

J’ai hésité à repartir pour quatre ans, mais j’avais envie d’aider mon sport hors de l’eau et puis, je dois l’avouer, j’avais à cœur de vivre une autre expérience. Ça me plaît de penser que j’ai vécu une vie dans le haut niveau et qu’à présent, je vais en aborder une nouvelle.

Sept mois après les Jeux, quels souvenirs conserves-tu du rendez-vous olympique ?

La joie et le soulagement de notre huitième place en duo avec Laura (Augé). Lorsque nous sommes arrivées à Rio, le niveau des filles entre la douzième et la huitième place était très proche. Nous savions que ça allait être difficile, mais là, on a pris la mesure du challenge qui nous attendait. Alors quand on a vu que nous étions huitièmes, que tous nos efforts et nos sacrifices étaient récompensés, j’ai éprouvé un immense soulagement.

Certains athlètes vivent parfois un « blues post-olympique ». Qu’en a-t-il été pour toi ?

J’ai eu de la chance parce que j’ai anticipé ! Après les Jeux, je suis rentrée dans ma famille quelques jours, puis je suis descendue à Marseille pour déménager. Pendant l’été, j’avais contacté le club des Dolfin et les entraînements ont débuté en septembre. Le tourbillon de cette nouvelle vie m’a empêchée de tergiverser.

La clé, ce serait donc de ne pas prendre de vacances ?

Je ne sais pas, mais dans mon cas, je crois que ça m’a aidée à tourner la page des Jeux Olympiques. Tous les athlètes savent que la fin des JO peut déclencher un passage à vide. Le mieux, me semble-t-il, c’est d’anticiper. A titre personnel, j’ai eu un coup de moins bien en septembre, mais je trouve que je l’ai plutôt bien géré.

Est-ce que la compétition te manque ?

Je ne sais pas (Elle réfléchit)… J’ai vécu mon heure de gloire. Parfois, ça me manque de ne pas pouvoir donner encore plus d’énergie depuis le bord de bassin, mais je crois sincèrement que j’ai vécu ce que j’avais à vivre en tant qu’athlète de haut niveau.

Et d’être aussi proche du staff et de l’équipe de France, est-ce que cela éveille des ambitions ?

Quelles ambitions ?

Entraîner, un jour, les naïades tricolores ?

(Elle sourit)… Oui, j’aimerais, c’est sûr… Qui ne rêverait pas d’une telle opportunité ? Mais je suis encore jeune (24 ans) et certainement qu’il y a du monde devant moi, mais bon, ce serait un rêve (immense sourire)

Recueilli à Montreuil par A. C.

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