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En se présentant devant les médias après le podium du relais 4x100 m 4 nages, Pauline Mahieu, Charlotte Bonnet, Marie Wattel et Béryl Gastaldello ne comprenaient toujours pas ce qu’elles étaient en train de vivre. Vice-championnes d’Europe derrière la Suède et devant les Pays-Bas, les quatre jeunes femmes (auxquelles il faut ajouter Adèle Blanchetière et Emma Terebo qui ont nagé les séries) sont persuadées que ce relais a de l’avenir et que nous avons assisté à Rome à la naissance de ce collectif.

Que représente cette nouvelle médaille en relais ?

Pauline Mahieu : C’est juste à l’image de la force de l’équipe. Pour moi c’était un rêve de faire partie de cette équipe. J’ai suivi les Mondiaux de Budapest où il y a eu de très beaux résultats. Je pense que tout cela a suscité de l’engouement et a contribué à cette ambiance. C’est ce qui nous a permis de nous exprimer avec les relais.

On sent que cette équipe vit bien.

(Elles répondent à l’unisson). Ah oui ! Hyper bien même.

Béryl Gastaldello: Ces médailles en relais prouvent une fois de plus que la force de l’équipe nous permet de réussir des choses incroyables. Nous venons de réaliser un sacré hold-up et je pense que ce n’est que le début. Les autres nations ont peur de nous en nous voyant arriver en chambre d’appel. Elles ne savent même pas qui nage quelle spécialité (rires). Je pense qu’on a marqué les esprits avant la course et encore davantage avec cette médaille.

Photo: KMSP/Stéphane Kempinaire

L’équipe de France totalise cinq médailles sur les relais cette semaine. Un résultat certainement historique. Comment l’expliquez-vous ?

Marie Wattel : Ce que je ressens c’est que j’ai vraiment confiance en mes partenaires, mes coéquipiers. Et c’est vrai que parfois on se dit que c’est à une ou deux personnes de porter l’équipe mais là je sens qu’on est quatre personnes et qu’on se tire vers le haut. Ça donne les résultats de cette semaine. Ce soir, on ne s’y attendait pas du tout, on a fait un hold up. Nous nous sommes toutes surpassées et on a réalisé une course incroyable. Quand je plonge, je sais que je peux compter sur mes trois coéquipiers. Ça fait des étincelles et c’est top.

La France a aussi le luxe désormais de modifier la composition du relais entre les séries et la finale.  

Charlotte Bonnet: Personnellement, je ne m’attendais pas du tout à nager cet après-midi. Pour ne rien vous cacher, j’étais en train de me promener dans les boutiques qui sont autour de la piscine juste après le relais des filles ce matin et on m’a téléphoné pour me demander si j’étais d’accord pour nager en brasse ce soir. J’ai accepté.

Qu’est-ce que cela apporte de pouvoir se reposer le matin ?

C. B.: C’est ce qui fera notre force. Avant on arrivait sur ce relais ou sur d’autres avec la grosse équipe dès le matin et on galérait pour passer en finale. Le soir on n’avait pas de marge contre les grosses équipes. Là ce matin il y a du changement et comme dit Marie, il y a plusieurs dossistes, maintenant je peux faire la brasse (elles se marrent toutes). De pouvoir arriver avec une seconde équipe, pratiquement neuve, ça change tout. Le matin on peut se reposer et ce n’est pas la même chose.

Photo: KMSP/Stéphane Kempinaire

Charlotte, as-tu ressenti un certain stress avant cette finale ?

C. B.: J’avais la pression parce que je prends la place d’une brasseuse qui s’était qualifiée pour ça et je ne voulais pas décevoir vis-à-vis d’elle et du staff. C’était une responsabilité. Mais j’avoue que je suis choquée du temps (3’56’’36, record de France), de la place, je ne m’y attendais pas du tout. Je ne pensais vraiment pas ramener une médaille ce soir sur ce relais !

Quelles perspectives vous offre cette médaille ?

M. W: Ça change tout pour les Jeux olympiques. Pauline (Mahieu) revient de très loin et il y a trois autres dossistes qui sont en train de se faire la guerre puisqu’elles nagent toutes en dessous de la minute, c’est du jamais vu. Moi je pense que je peux mieux faire. Charlotte elle nous sort 1’06 en brasse.  Et Beryl a de la marge progression donc on peut se permettre de rêver, d’y croire.

B. G. : C’est juste le début. On a une grosse marge de progression sur ce relais. On vient juste de le construire ce soir. En réalité, il est tout neuf et tout frais. Les autres pays n’ont pas du comprendre ce qu’il se passait ! On n’était pas du tout dans le radar. Les relais feront notre force jusqu’aux JO de Paris.

Comment cela se passe pour le choix de la composition des relais ?

C.B. : Après Budapest, lors du stage à Vichy on s’est réunis entre nageurs et on a exigé auprès des coachs d’avoir de la concertation, de ne pas subir les choix, qu’ils soient bons ou mauvais et d’être au cœur des décisions. Et je pense que ça joue parce que les coachs ont accepté ça, Jacco (Verhaeren) le premier a été hyper compréhensif. Ce qui fait qu’aujourd’hui ils m’ont proposé de faire la brasse, j’aurais pu refuser ils auraient aussi été d’accord. En fait il y a vraiment une osmose. On peut toujours mieux faire mais c’est le début de quelque chose de bien.

Pensez-vous que cette force des relais peut permettre aux individualités de progresser encore davantage ? 

C. B. : Toutes les filles qui nagent les différents 100 m aux championnats de France vont vouloir se qualifier pour les compétitions internationales afin d’intégrer ces relais. C’est ce qui va créer une force.

M. W. : Comme a dit Philippe Lucas, pour gagner des relais il faut des individualités très fortes. Il faut des nageurs qui gagnent en individuel. Charlotte est vice-championne d’Europe (100 m nage libre), moi aussi (50 et 100 m papillon). Pauline termine 4ème du 100m dos, Beryl es en finale du 50 m nage libre. Il n’y a pas de secret il faut être médaillé en individuel pour espérer gagner en relais.

Recueilli à Rome par Jonathan Cohen

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