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A Brive-la-Gaillarde, où se disputent les championnats de France d’eau libre jusqu’à dimanche (23-26 mai), les figures emblématiques de l’équipe de France retrouvaient quelques-uns de leurs adversaires internationaux à sept semaines des Mondiaux sud-coréens sur le 10 km d’ouverture, support d’une étape de coupe d’Europe. De quoi prendre la température d’un collectif en phase finale de préparation qui s’envolera, début juin, pour un stage de trois semaines en Sierra Nevada. Etat des lieux en compagnie de Stéphane Lecat, Directeur de l’eau libre à la FFN.

Que retenez-vous des épreuves de 10 km disputées en ouverture des championnats de France de Brive-la-Gaillarde, supports de la coupe d’Europe ?

J’en tire de nombreux enseignements positifs. Nous sommes sur le chemin des championnats du monde de Yeosu. Tout n’est pas encore parfait, mais j’ai vu de belles choses. David Aubry a été solide. Il a mené une belle course. C’est très intéressant pour la suite. Marc-Antoine Olivier a malheureusement été contraint à l’abandon, mais entre les Seychelles, où il nageait la semaine précédente, et le lac du Causse, où se déroule les championnats de France et la coupe d’Europe de Brive, il y avait quand même une grosse différence de température. Il y a deux ans, Marco avait déjà abandonné aux championnats de France parce que l’eau était trop froide. Si on veut préparer ce genre de rendez-vous avec lui, il faut s’y prendre autrement. Il est forcément déçu, piqué dans son orgueil, mais c’est normal, c’est un compétiteur.

Aurélie Muller en compagnie de Stéphane Lecat à l'arrivée du 10 km de coupe d'Europe de Brive (KMSP/Stéphane Kempinaire).

Qu’en est-il de la prestation des nageuses françaises ?

Je suis très satisfait du comportement d’Aurélie Muller et de Lara Grangeon qui ont toutes les deux relevé un très gros challenge mental.

Comment ça ?

Elles ont toutes les deux disputé le 10 km de coupe d’Europe en tissu alors que leurs principales concurrentes se sont alignées en combinaison néoprène.

Pourquoi ont-elles pris cette décision ?

Elles en ont discuté avec leur entraîneur (Philippe Lucas) deux heures avant la course. Il a souhaité qu’elles nagent en tissu. Il a demandé la même chose à la Néerlandaise Sharon van Rouwendaal, mais celle-ci n’a pas accepté. Après, ce n’est pas notre problème. Nous, on prépare les championnats du monde, donc on essaie de tout mettre en œuvre pour faire face aux conditions que nous allons rencontrer en Corée du Sud. Au final, Aurélie et Lara finissent quatrième et cinquième d’une épreuve dominée par des nageuses équipées de la combinaison néoprène, mais l’écart est minime. C’est bien la preuve qu’elles sont en forme !

N’est-ce tout de même un peu frustrant ?

Je pense au contraire que ça va leur donner envie pour la suite, notamment pour le stage de trois semaines que nous allons réaliser en Sierra Nevada au mois de juin. Le programme sera costaud. Il faudra qu’elles soient prêtes.

David Aubry, champion de France du 10 km et vainqueur de la coupe d'Europe (KMSP/Stéphane Kempinaire).

Après avoir fini deuxième de la coupe d’Europe à Eilat, puis remporté les 400, 800 et 1 500 m nage libre aux championnats de France de Rennes (natation course), David Aubry s’est adjugé le 10 km de la coupe d’Europe à Brive. Est-il le nageur du printemps 2019 ?

C’est vrai qu’il s’est illustré aussi bien en eau libre qu’en bassin. En cela, oui, c’est incontestablement le nageur du printemps 2019. Toutefois, on ne peut occulter les performances de Marc-Antoine Olivier qui a remporté l’étape de Coupe d’Europe d’Eilat ainsi que la coupe du monde aux Seychelles. Marco est un pur spécialiste d’eau libre. David est multidisciplinaire. Il est une valeur sûre de l’équipe de France qui peut jouer le titre, cet été, aux Mondiaux de Yeosu.

Comment jugez-vous l’année de reprise d’Aurélie Muller ?

Elle a connu une année difficile en 2018 parce qu’elle avait décidé de ne s’entraîner qu’une fois par jour pour privilégier ses études. Cette saison, elle est revenue à fond. Elle a dû cependant réhabituer son corps aux charges d’entraînement de Philippe Lucas. Tout le monde connaît son niveau d’exigence. Depuis la coupe du monde aux Seychelles, je trouve qu’elle est dans de très bonnes dispositions mentales. Tout n’a pas été simple pour elle, cette année, mais on est en train de retrouver une grande Aurélie Muller. Elle est prête à affronter le stage qui l’attend en Sierra Nevada. Elle ne sera peut-être pas à 100% en juillet prochain, mais elle aura des armes pour réaliser une belle compétition.

Lara Grangeon au départ du 10 km (KMSP/Stéphane Kempinaire).

Quels seront vos objectifs sur le 10 km des Mondiaux, cet été ?

Notre ambition sera de placer quatre Français dans le top 10 pour qu’ils se qualifient pour les Jeux Olympiques de Tokyo. En termes de podium, je ne m’avancerais pas à vous donner un nombre de médailles.

Pourquoi ?

C’est tellement aléatoire…

Au-delà des résultats de cet été, on se dirige vers une olympiade record pour l’eau libre tricolore avec notamment une razzia historique aux championnats du monde de Budapest en 2017 (six médailles dont quatre titres).

Honnêtement, je n’en sais rien ! Il est encore trop tôt pour faire le bilan de l’olympiade. Reparlons-en après les Jeux de Tokyo. A ce moment-là, on disposera de suffisamment de recul pour analyser les quatre années qui viennent de s’écouler.

Recueilli à Brive-la-Gaillarde par A. C.

(KMSP/Stéphane Kempinaire).

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