Aller au contenu principal

Avec un titre européen (Axel Reymond sur 25 km), trois médailles d’argent (Marc-Antoine Olivier sur 5 et 10 km, Lara Grangeon sur 25 km) et une médaille de bronze (Océane Cassignol sur 5 km), l’équipe de France d’eau libre engagée aux championnats d’Europe de Budapest (12-16 mai) a signé la plus prolifique sortie continentale de son histoire. Alors, bien sûr, on regrettera que par deux fois « Marco » - comme ses coéquipiers aiment à le surnommer - se soit fait voler la vedette par l’Italien Gregorio Paltrinieri (5 et 10 km), intouchable dans les eaux froides du Lupa Lake de Budapest, pour autant, c’est bien dans deux mois et demi, à Tokyo, que la saison olympique atteindra son paroxysme. D’ici-là, les trois qualifiés tricolores (Marc-Antoine Olivier, Lara Grangeon et David Aubry) s’envoleront pour un stage en altitude avant d’entamer la dernière ligne droite de leur préparation olympique.

Que retenez-vous de ce rendez-vous hongrois ?

Il y a de bons indicateurs pour Marco (Marc-Antoine Olivier) et Lara (Grangeon), les deux qualifiés olympiques engagés sur cet Euro. Nous n’avons pas remporté de médaille d’or sur 10 km, mais je retiens que Marco figure dans le top des nageurs continentaux. Il a enchaîné les 5 et 10 km en conservant son niveau de performance avec la combinaison néoprène qu’il n’apprécie pas trop. Marco est incontestablement au niveau des meilleurs, même si (Gregorio) Paltrinieri a excellé sur ces championnats d’Europe (médaille d’or sur 5 et 10 km ainsi qu’avec le relais 4x1250m, ndlr). Toutefois, l’Italien avait fait une préparation spécifique pour cette échéance et il n’éprouve pas de difficulté à nager avec la combinaison.

Que vous inspire le titre d’Axel Reymond et la médaille d’argent de Lara Grangeon sur 25 km ?

Je suis très satisfait pour Axel. Il a beaucoup travaillé pour revenir à son meilleur niveau après un premier confinement difficile. Ça n’a pas été simple pour lui, comme pour Magali (Mérino, son entraîneur). Ce titre, c’est la réussite d’un binôme. Ils sont très professionnels. Ils font attention à tout. Axel est un modèle d’exigence et de rigueur. C’est un très grand champion ! Je suis également très content pour Lara. Elle a su faire un gros travail mental. Je suis convaincu que ça lui servira pour le 10 km des Jeux olympiques.

Marc-Antoine Olivier a pris la deuxième place du 10 km des Euro hongrois derrière l'Italien Gregorio Paltrinieri. L'Allemand Wellbrock complète le podium à la troisième place (Photo : Deepbluemedia).

Le bilan est donc satisfaisant !

Oui, ce sont nos meilleurs championnats d’Europe depuis que j’occupe le poste de Directeur de l’eau libre. Les Français ont été compétitifs. Nous ne nous sommes pas trompés dans nos critères de sélection. Pour autant, il nous reste du travail d’ici les Jeux. Paltrinieri ressort grandi de ces Euro, mais Marco n’a pas été ridicule. Loin de là ! Bien sûr, il y a cette histoire de combinaison. On sait que nos athlètes préfèrent le tissu au néoprène, qu’ils sont légers et donc qu’ils ne tirent aucun avantage avec la combinaison, mais on ne doit pas se cacher derrière ça. Je note que Lara (Grangeon) a fait le meilleur temps des engagées dans les 700 derniers mètres des 5 et 10 km. Maintenant qu’elle a retrouvé une bonne vitesse de base, il faut qu’elle reprenne de la caisse. Cela viendra avec le stage en altitude du mois de juin.

Où se tiendra-t-il ?

Marco ira certainement en Sierra Nevada, mais il faut encore que ce soit validé par Philippe (Lucas, son entraîneur) et Lara devrait monter à Font-Romeu avec Frédéric Barale, mais en respectant le programme de Philippe.

Lara Grangeon (Photo : Deepbluemedia).

N’êtes-vous pas préoccupé par la démonstration de force de Gregorio Paltrinieri dans la perspective des Jeux de Tokyo ?

L’ascendant psychologique a changé de camp, mais je vois ça comme une opportunité…

Comment ça ?

Si Marco avait enregistré les résultats de Paltrinieri, il aurait eu un point rouge sur le front au départ du 10 km olympique. Il importe de se souvenir de l’expérience de Rio. Aurélie (Muller) était la favorite et cela n’avait pas vraiment tourné à son avantage. Marco est dans le « game ». Il sait qu’il va pouvoir jouer le titre, mais on sait qu’il n’est pas forcément le favori. Ce n’est peut-être pas plus mal. La position d'outsider peut s'avérer intéressante.

Marc-Antoine Olivier (Photo : Deepbluemedia).

On notera, par ailleurs, qu’il a dominé l’Allemand Florian Wellbrock et le Hongrois Kristof Rasovszky sur 10 km. Dans l’optique des JO, c’est incontestablement une satisfaction, non ?

Marco a élevé son niveau dans ce domaine, même si hier (samedi 15 mai), il s’est fait battre à la touche à l’arrivée du relais, mais il fait désormais jeu égal avec Wellbrock. Dans la perspective des Jeux, c’est effectivement très positif.

Marc-Antoine (Olivier) et Lara (Grangeon) sont qualifiés pour les Jeux depuis les Mondiaux de Gwangju en 2019. En juillet prochain, cela fera donc deux ans qu’ils ont leur ticket en main. N’est-ce pas trop long pour eux comme pour le reste du collectif tricolore ?

La problématique est la même pour toutes les équipes. Il a fallu s’adapter au quotidien, semaine après semaine. Mais nous n’avons pas eu le choix. Tout cela ne dépend absolument pas de nous. Si on avait pu s’y prendre autrement, on l’aurait fait et nous n’aurions pas été les seuls d’ailleurs. Le plus dur à gérer, c’est l’incertitude qui règne depuis plus d’un an. Cela demande une adaptation constante, beaucoup de travail d’innovation, de réaction, d’anticipation et de projection.

Stéphane Lecat en compagnie de Lara Grangeon (Photo : Deepbluemedia).

A deux mois et demi des Jeux de Tokyo, tout est déjà joué ou pouvez-vous encore activer des leviers ?

Non, nous pouvons encore tout perdre. Le haut niveau, c’est un travail de précision. Tous les détails comptent. On l’a d’ailleurs vu sur le relais d’hier (samedi 15 mai). Nous aurions pu être deuxième, mais nous sommes battus à la touche et finissons quatrième. A titre personnel, j’ai eu du mal à avaler la pilule. Les nageurs et le staff de l’équipe de France savent que notre réussite olympique ne tient qu’à un fil. Il va falloir tout contrôler dans les prochaines semaines pour être certain qu’aucun détail ne nous échappe. Je pense même qu’on peut perdre la course sur une histoire sanitaire. Si on n’est pas sérieux et rigoureux, cela peut tout à fait se produire. Je suis convaincu qu’il y aura des drames de ce genre aux JO de Tokyo. Des prétendants à une médaille olympique ne pourront pas participer à la compétition parce qu’ils seront positifs… Il va falloir être particulièrement prudent et attentif !

Où en est David Aubry, le troisième tricolore qualifié pour les Jeux ?

David n’a plus fait d’eau libre depuis les championnats du monde de Gwangju en 2019….

Par choix de privilégier le bassin autant que par nécessité de préserver son épaule blessée ?

Oui. Reste qu’il est qualifié et qu’il tente de se préparer au mieux avec Philippe (Lucas). Ce n’est pas l’idéal, mais il a décroché son ticket pour les JO alors il faut l’accompagner et le soutenir dans sa préparation.

A Budapest, Adrien Cadot

L'équipe de France d'eau libre a pris la deuxième place des Euro de Budapest derrière l'Italie (Photo : Deepbluemedia).

Partager la page