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Aux États-Unis depuis 2014, Béryl Gastaldello a été confinée comme la moitié de la population mondiale. Au Texas, la vie commence à reprendre doucement ses droits, même si la piscine d’entraînement reste fermée. Comment la sprinteuse tricolore vit-elle cette période ? Comment se projette-t-elle sur les mois à venir ? Autant de questions auxquelles elle a accepté de répondre sans détour. 

Le Texas est-il en confinement actuellement ? 

Ça dépend des États. Notre gouverneur a mis en place un « shelter-in-place ». Ce n’est pas un confinement au sens strict du terme, mais il était conseillé de se déplacer le moins possible. C’est fini depuis vendredi dernier et certains commerces commencent à rouvrir. Nous en sommes à la phase 1 de la reprise. Dans la phase 2, les salles de sport privées vont rouvrir à partir du 18 mai, mais nous n’avons toujours pas de nouvelles concernant la réouverture de la piscine. 

Quand as-tu nagé dans le bassin d’entraînement pour la dernière fois ?

Je me suis arrêtée mi-mars, pratiquement comme les Français. Ça fait bientôt deux mois, c’est dingue ! Ça passe plutôt vite au final (rires). 

Comment vis-tu cette période si particulière ? 

Je le vis plutôt bien, parce que je peux m’entraîner dans une petite piscine de 8-10 mètres donc je n’ai pas perdu mes sensations et le contact avec l’eau. Je pense que ce sera bénéfique pour moi ce report des JO. Je serai plus forte l’année prochaine. J’ai mis de nouvelles choses en place et je n’ai pas encore pu m’exprimer en grand bassin cette saison mais je sais que je peux être forte. Et puis je ne suis pas quelqu’un qui nage énormément de base. J’ai souvent besoin de prendre du repos durant la saison et j’ai cette habitude de couper et reprendre. 

Photo: KMSP/Stéphane Kempinaire

Tu as eu d’excellents résultats en petit bassin en fin d’année dernière. As-tu eu peur que cette coupure freine ton élan ? 

Le petit bassin et le grand bassin c’est vraiment différent. L’ISL m’a permis de me découvrir et d’apprendre des choses sur moi, de me rendre compte également de ce que je pouvais accomplir dans la natation. Autour du moi, ça fait longtemps qu’on m’en parle, mais je n’ai jamais vraiment pris conscience de ça. C’est important de conscientiser tout ça et ça s’est ressenti sur mes performances en petit bassin. D’autant que je pense que je n’ai pas encore atteint mes limites. J’ai hâte de transférer tout ça en grand bassin désormais. 

Penses-tu finalement que cette période de repos forcé te sera bénéfique ?  

Je me suis rendu compte pendant le confinement que j’étais vraiment fatiguée et que je n’avais jamais vraiment pris le temps de couper. Ça fait huit semaines que le confinement a été décrété et je commence seulement à dormir entre huit et neuf heures par nuit. Au début, je dormais entre onze et douze heures d’affilées. J’ai vraiment connu une période de surentraînement au début aux États-Unis. Toutes ces années ressurgissent maintenant et ce confinement me fait du bien aussi à ce niveau-là. Il va être important que je me rende compte des choses sur le moment et pas trois mois après comme ça peut être le cas parfois. Je travaille aussi là-dessus. 

Malgré tout, il n’y aura pas de compétitions cet été. Comment comptes-tu gérer cela ? 

La prochaine compétition, je l’espère, sera l’ISL à l’automne. Mais mon entraîneur a eu un mot très juste à ce sujet. Il a parlé de dévouement. C’est la passion qui va prendre le dessus. Quand je m’entraîne dans le petit bassin de huit mètres, ce n’est pas forcément drôle, mais ça me fait du bien parce que j’aime ça. Il ne va pas y avoir de compétitions avant un moment, mais il va quand même falloir travailler dur. Je veux arriver à Tokyo en étant plus forte que je ne l’ai jamais été. C’est un défi pour tout le monde, mais je pense qu’après toutes les épreuves que j’ai traversée, je peux surmonter ça. 

Recueilli par Jonathan Cohen

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