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Auteur d'un temps de 1'55''62, le dossiste d'Annecy est allé chercher la médaille d'or à l'issue de la finale du 200 m dos des championnats d'Europe. Forcément avec une pointe d'émotion...

Yohann, que ressens-tu au sortir de cette finale victorieuse ?

C'est la première Marseillaise pour moi. Ça fait bizarre ! Il y avait du monde et j’ai l’impression qu’ils m’aiment bien, les Italiens. Il y avait beaucoup de bruit, ça m’a fait chaud au cœur. Et toute ma famille dans les gradins. J’étais content de les rendre fiers. C’est une belle histoire, qui se termine bien. Le responsable de l’équipe de France, Olivier Nicolas, m’a dit en amont : « Tu as voulu écrire une belle histoire, maintenant, il faut bien la terminer. » Je pense que je l’ai terminée de la meilleure des façons. Je vais entamer un deuxième chapitre avec le 50 m dos, puis un troisième pour le 100 m dos. On va voir comment ça va se passer mais je pense que rien ne peut plus m’arrêter.

Quelles étaient tes sensations au cours de l'épreuve ?

C'est bizarre, je n’ai pas senti grand-chose. J’ai viré aux 150 m et je me sentais frais. J’ai vu que j’étais avec tout le monde. Je sais que le dernier 50 m, c’est ma force. Je me suis mis en ligne, j’ai tourné les bras, j’ai mis les jambes et senti que j'étais devant. Je savais que j'allais toucher le premier donc, dans ces 50 derniers mètres, j’ai profité. « Tu vas être champion d’Europe, profite ! » Je le sentais.

1'55''62, c'est un gros chrono...

Oui, mais il fallait le sortir parce que le record de France n’était pas suffisant pour être champion d’Europe. J’ai montré que je savais sortir les gros chronos quand il le fallait. C’était la seule marque que je n’avais pas améliorée cette année, je suis content. C’est beaucoup d’émotions. Ça conforte mon idée que c’est sur le 200 m dos que je vais pouvoir faire des podiums plus tard. Sur 100 m, aux Jeux olympiques, ça va être compliqué mais je montre que, maintenant, je peux monter sur la boîte des Jeux sur 200 m. Si je m’améliore encore, je pense pouvoir rivaliser avec les meilleurs mondiaux. Mais avec ce temps-là, je ne serais pas monté sur la boîte à Budapest. Il faut un 1’55’’3 pour le podium.

En parlant de passage du 100 m au 200 m, tu avoues que tu restes en construction même sur le choix de la distance ?

J’ai du mal à me projeter dans la compétition. Je ne sais même pas à quel moment est le 50 m dos, c’est un gars dans la chambre d’appel qui m’a dit que c’était demain matin (dimanche 14). Je prends les échéances une par une. Depuis trois semaines, je ne pense qu’au 200 m dos. Aux Mondiaux, je n’avais pensé, pendant trois semaines, qu’au 100 m. Quand je ne me concentre que sur une chose, ça marche, mais il va falloir que j’essaie d’être un peu moins “mono-tâche”. Pour faire une grosse semaine aux Jeux Olympiques. Je ne peux pas me concentrer que sur une course, il faudra être plus polyvalent.

Où est le plaisir, finalement ?

Sur les deux. C’est quand je le prépare – donc depuis hier – que j’ai le 200 m dans la tête. Je pense que je suis bon là-dessus, la préparation mentale. Quand j’arrive à visualiser une course avant, j’arrive à la refaire quasiment pareil. Tout seul, dans mon lit.

La préparation a-t-elle été perturbée à cause de ton épaule ?

Quand on a des problèmes d’épaules, on se concentre davantage sur une course. Dans ma tête, plutôt le 100 m. « Tu as moins de caisse, ça va être compliqué de finir le 200. » Finalement, on a bien retravaillé après les Mondiaux. Il me faudrait devenir un couteau-suisse.

As-tu jeté un œil sur le 100 m de Maxime Grousset ?

Carrément, je suis parti en courant ! C’était pour Max. J’ai crié de toutes mes forces. Je suis déçu, on voulait tous les deux être champion d’Europe. À l'arrivée, je le suis seul et il ne monte pas sur la boîte, je suis déçu pour lui. Mais il est vice-champion du monde, il y a de la grosse concurrence, un record du monde à côté... Il a tenté, il est parti vite. 47’’7, c’est énorme.

Tu as donc assisté au record du monde de Popovici...

Tellement heureux d’être allé voir ça ! Ça valait le coup. Je l’ai vu de mes propres yeux. Ça n’a pas de valeur. Presque plus beau pour moi que mon titre. Il nage trop bien. Hier, on regardait sa course avec Max dans le lit. Un extraterrestre. Il a 17 ans, il ne peut même pas sortir en boîte de nuit (il sourit)... Ce qu’il a accompli est incroyable. Un gros concurrent aux Jeux !

À Rome, David Lortholary

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