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Victime d'un cale-pied défaillant au départ de sa demi-finale du 200 m dos des championnats d'Europe, vendredi soir, le Chambérien a légitimement pu nager sa course en toute fin de session. Seul dans le bassin, galvanisé, il a finalement réalisé le deuxième temps des engagés.

Yohann, quelle histoire...

Oui, un ascenseur émotionnel. Dès que ç'a cassé, je me suis dit : « Quitte à être disqualifié, je ne me force pas. Je ne fais même pas une ondule. Je sors direct. Je montre que ç'a cassé. » Je suis sorti, je me suis essuyé, j'ai enfilé mon t-shirt, ma veste, j'ai essayé de faire retomber la pression mais j'entendais le public qui ovationnait la course. Je me suis dit : « C'est mort, ils ne vont pas faire renager. » Les larmes sont montées. J'étais très ému. Quand je suis passé en zone mixte, je vous ai vus, les journalistes, mais je me sentais très seul. Tout de suite, l'équipe de France et le DTN sont arrivés. Ça m'a fait du bien. On m'a vite annoncé que ce serait à 20h05. Finalement, j'ai attendu jusqu'à 20h30. J'avais la combi une heure avant, j'ai dû l'enlever, la remettre, mais c'est l'adaptation ! Ça montre que je suis capable. Je me suis immédiatement reconcentré, j'étais obligé. 1'58''6, c'est dans mes cordes. Je me suis dit : « Tout seul, tu le feras. »

Avais-tu connu un précédent ?

J'ai déjà vu ça à Gwangju pour un dossiste au 100 m dos ! Ça avait craqué, ils l'avaient refait nager, ça avait recraqué, ils l'avaient refait nager ! Étant donné que j'avais déjà eu cette expérience, je me suis dit que ça passerait.

Seul dans le bassin, tu atteins presque le niveau de ton record de France...

Je n'étais pas vraiment tout seul ! Il y avait quand même énormément de monde pour m'ovationner. J'étais même surpris ; je n'avais vu que les gradins d'en face mais quand je suis entré, les gradins latéraux étaient encore remplis. Ça m'a donné de la force. J'ai ressenti un pic d'adrénaline avant de partir. J'ai eu l'impression de nager lentement mais je me suis dit : « Ce n'est pas grave, au pire, tu feras 1'57''... » Alors 1'56''3, super. Nager seul, on le fait souvent à l'INSEP, j'ai pris ça un peu de la même manière. On ne se prend pas trop la tête, parfois on met la combi cinq minutes avant, parfois quinze... Parfois on attend que les autres passent pendant une heure... Ça m'a permis de savoir comment réagir face à ça !

À Rome, David Lortholary

Photo KMSP/Stéphane Kempinaire

 

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