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Pour sa dernière apparition aux championnats du monde de Budapest, l’équipe de France masculine de water-polo a subi la loi des Américains à l’issue d’une partie engagée (8-11). Une déception pour la pointe marseillaise, Alexandre Camarasa, qui entend désormais souffler un peu avant de s’atteler à de nouvelles campagnes sous le bonnet tricolore.

Comment as-tu vécu ce combat, puisque des tribunes la partie a semblé très musclée.

Nous sommes aux championnats du monde, donc oui, ça a été un gros combat, comme toutes les autres rencontres que nous avons disputé au cours de la compétition.

Qu’est-ce qui vous manqué aujourd’hui pour faire la différence face aux Etats-Unis ?

Du collectif… Nous n’avons pas assez joué en équipe. A nous de tirer des enseignements de cette expérience. Même à 10 heures du matin (la rencontre des Bleus était programmée à 10h50, ndlr), il y a des places à aller chercher. C’est dommage parce qu’on voulait tous finir sur une bonne note.

Alexandre Camarasa et le reste de l'équipe de France attentifs aux consignes du coach tricolore (Deepbluemedia).

Quel sentiment prédomine à l’heure de clore ces championnats du monde ?

La déception parce que quand je vois que l’Australie est dans le top 8 je me dis qu’on avait quelque chose à faire (les Bleus se sont inclinés d’un but face aux « Aussies », ndlr). Ça laisse un petit goût amer parce qu’à l’instar de mes partenaires de l’équipe de France on s’entraîne cinq heures par jour. Si on travaille autant, ce n’est pas pour finir à la 14e place. Nous sommes des compétiteurs, une fois dans le bassin, on s’engage à fond pour gagner… Je profite de l’occasion qui m’est donnée pour adresser un petit coucou à la Fédération Française de la Lose qui nous ont mis sur leur page Facebook.

La Fédération Française de quoi ?

La Fédération Française de la Lose, c’est un site Facebook vaguement satirique…

Ça a l’air de te déplaire.

Oui, ce n’est pas top sachant qu’ils parlent sans savoir. Ils ne savent rien du water-polo. Ils ne savent pas que nous n’avons pas les moyens des autres nations. On s’entraîne cinq heures par jour et la moyenne des salaires dans le championnat élite est de 1 500 €, donc oui, s’en prendre à des mecs qui vivent leur passion à fond, ça m’énerve. On savait qu’on n’allait pas être sacré champion du monde à Budapest, on avait simplement à cœur de montrer qu’on existait et porter haut les couleurs de la France. On a tout donné, on a mis notre cœur dans ce bassin. D’ailleurs, pour tout vous dire, cela fait plusieurs jours que je joue avec une entorse du coude. Mon ligament est arraché. Normalement, je ne suis même pas apte pour jouer au water-polo. Mais bon, j’aime ce sport et j’aime mon pays. Je suis prêt à mettre ma santé en danger pour vivre ma passion.

​Ré

Rémi Saudadier au combat face aux Américains (Deepbluemedia).

D’autant que rétrospectivement, les progrès sont visibles. Entre les Jeux Olympiques l’année passée et les championnats du monde cette année, on sent que l’équipe progresse.

Tout n’est pas rose, mais oui, on vient de remettre les pieds aux championnats du monde après vingt-six ans d’absence. Il faut avancer une étape après l’autre, et puis, comme on dit, l’appétit vient en mangeant. Ce sera encore compliqué dans les années à venir, mais j’espère qu’on fera mieux et qu’on ira chercher des places dans la hiérarchie.

D’autant que vous avez démontré que vous étiez en mesure de rivaliser avec de grosses nations de la discipline sur un ou deux quarts temps.

On peut rivaliser avec n’importe quelle équipe, mais le problème, aujourd’hui, c’est de parvenir à gérer nos temps faibles. Contrairement aux grosses formations, nous encaissons des buts pendant nos temps faibles, et ça, c’est rédhibitoire.

Comment réduire ces temps faibles ?

C’est compliqué car c’est à la fois physique et mental. On vient de disputer cinq matches de très haut niveau en une semaine. Le rythme est soutenu alors, parfois, il y a une certaine fatigue qui fait que l’on cale. La solution, c’est de travailler plus dur pour ne plus lâcher face aux grosses écuries. Ce qui m’énerve, c’est qu’à force, j’ai l’impression que ma carrière ne s’est joué que sur de petits détails. A chaque fois, on y est presque. Maintenant, à nous d’être plus fort pour que ce « presque » n’existe plus et que l’on puisse passer à autre chose.

On sent, en effet, de l’exaspération.

Il est temps de rentrer à la maison pour souffler. La saison a été très longue. J'ai quand même eu trois opérations en début d’année, alors être là, à Budapest, c’est déjà une belle victoire.

Recueilli à Budapest par A. C.

FRANCE-ETATS-UNIS : 8-11 (1-0, 2-3, 3-4, 2-5)

France : Garsau, Saudadier (1), Kovacevic (1), Piot, Dino, Simon (1), Crousillat (2), Izdinsky, Marzouki (2), Laversanne, Peisson, Camarasa (1), Fontani.

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