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Bob Bowman est un entraîneur exigeant. C’est bien le moins quand on a mené un certain Michael Phelps à vingt-trois reprises sur la plus haute marche d’un podium olympique. Exigeant et rigoureux. Soucieux du détail. Attentif aux écarts, aux manquements, à tout ce qui pourrait parasiter la performance. Alors forcément, quand il salue le travail, l’investissement et les chronos de son jeune poulain tricolore, Léon Marchand, après une soirée (mardi 21 juin) marquée par une médaille d’argent sur le 200 m papillon des championnats du monde de Budapest (trois jours après avoir raflé l’or du 400 m 4 nages, ndlr) et le meilleur temps des demi-finales du 200 m 4 nages, c’est que le Français de 20 ans a été bon, très bon même, brillant à certains égards dans sa gestion du stress et de ses émotions alors que seulement quarante-cinq petites minutes séparaient ses deux épreuves. Entretien avec le technicien américain.

Bob, que retenez-vous de la soirée d’hier (mardi 21 juin) de Léon (Marchand) ?

C’était très bon ! Il a signé deux belles performances sur 200 m papillon (médaille d’argent dans le sillage du Hongrois Kristof Milak, ndlr) et 200 m 4 nages (meilleur chrono des demi-finales en 1’55’’75, ndlr). Je retiens surtout qu’il a réalisé ce qu’il voulait. Donc, oui, on peut dire que c’était une très bonne soirée (sourire)

Pouviez-vous imaginer qu’il parvienne à gérer la pression et qu’il enchaîne une finale et une demi-finale avec autant d’aisance et de maturité ?

Oui ! Léon a un excellent état d’esprit. Il sait ce qu’il veut. Et lorsque vous êtes bien entraîné, bien préparé physiquement, vous pouvez enchaîner ce genre de performances de haut niveau.

(KMSP/Stéphane Kempinaire)

Comment l’avez-vous trouvé pendant cette soirée ? Etait-il stressé, concentré, surexcité ?

Il était calme, focus sur l’étape suivante, attentif à son énergie. Nous en avions parlé en amont. Je suis là pour ça, avec l’équipe de France, pour l’aider à s’organiser, être vigilant et intervenir si le besoin s’en fait ressentir.

Comment analysez-vous la performance de Léon (Marchand) en finale du 200 m papillon ?

Sa course était très bonne ! Je suis extrêmement satisfait de son chrono (1’53’’37, nouveau record de France, ndlr) et de la manière dont il a nagé. Ce qui m’a plu, c’est son relâchement sur la première moitié de course. De la sorte, il a pu accélérer dans la seconde partie et finir très fort !

(KMSP/Stéphane Kempinaire)

Peut-il encore progresser sur cette distance ?

Oui, bien sûr ! Nous n’en sommes qu’au début. Il y a de nombreuses manières de le faire progresser, tant sur le plan physique que dans la manière de construire son 200 m papillon.

Qu’en est-il de l’expérience acquise hier soir (mardi 21 juin) ?

Ce genre de scénario avec un enchaînement de courses à enjeux va beaucoup lui apporter. Ce qu’il a appris hier soir, c’est à quel moment dépenser de l’énergie et quand l’économiser. Des championnats du monde réclament beaucoup d’énergie aux athlètes. Il est impératif qu’ils apprennent à s’organiser pour garder de l’influx. Dans ce genre de compétition tous les petits détails ont un impact sur la performance finale. Il ne faut rien négliger.

(KMSP/Stéphane Kempinaire)

Ce soir, Léon sera le favori de la finale du 200 m 4 nages. Comment va-t-il gérer ce statut ? Est-ce intéressant qu’il expérimente ce genre de situation dans la perspective des prochaines échéances internationales, à commencer par les Jeux de Paris en 2024 ?

Je pense, en effet, que c’est important pour lui de se retrouver dans cette situation. Il gagne des courses. Il doit assumer son statut. A ce titre, je crois que la journée de samedi (victoire en finale du 400 m 4 nages, ndlr) va lui être bénéfique. Il a pu mesurer ce qu’impliquait un titre de champion du monde : les demandes et les sollicitations médiatiques, l’énergie dépensée…

A Budapest, Adrien Cadot

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