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Champion d’Europe en titre à 10 mètres, Benjamin Auffret a pris la troisième place cette année à Edimbourg. S’il était sorti de ses éliminatoires frustré et déçu, le plongeur tricolore était ravi de cette médaille de bronze qui vient conclure une année marquée par les blessures, un changement d’entraîneur, la fermeture de la piscine de Montreuil où il s’entraînait à 10 mètres et l’arrêt de carrière de ses deux compères Laura Marino et Matthieu Rosset.

Quelle saveur a cette médaille de bronze ?

Elle est magnifique ! Elle est magnifique ! Elle est proche de la médaille d’argent mais en même temps elle n’est pas loin non plus de la quatrième place. Ça a été une saison particulièrement longue avec beaucoup de compétitions, les quatre World Séries, la coupe du Monde, deux championnats de France. On a dû faire six stages parce que la piscine de Montreuil, où nous nous entraînons à 10 mètres a fermé fin mars. Nous n’avons pas de chez nous depuis plusieurs mois et lorsqu’on ajoute à ça les blessures, réussir à décrocher une médaille européenne ça reste magique.

Comment as-tu réussi à te remobiliser après ta déception en éliminatoires ce matin ?

J’ai attaqué cette finale en me disant que je n’avais rien à perdre. Je n’étais pas fier de mes plongeons de ce matin même s’ils sont représentatifs du niveau auquel je me situais, quatre jours après avoir repris l’entraînement à 10 mètres. J’attendais beaucoup mieux de moi en finale et je pense que ce soir il y a vraiment eu de belles choses. Tout n’est pas parfait, il n’y a pas eu de 10 et il reste beaucoup de points à aller grappiller mais j’ai vraiment tout donné ce soir et ça a plu aux juges. J’en suis ravi.

Photo: DeepBlueMédia

Tu confirmes ta présence au plus haut niveau depuis quelques années. Est-ce encourageant à deux ans des Jeux Olympiques de Tokyo ?

Depuis 2015 à Kazan où je prends la cinquième place, je vis des moments magiques. Il n’y a pas vraiment eu de contre-performances et il y a toujours de bonnes choses à retirer de mes concours. Nous sommes tous rassurés par notre manière de travailler et de fonctionner. Nous avons un nouvel entraîneur cette saison. Il m’a suivi à la coupe du Monde et aux Euro et il a vu que dans des conditions difficiles, le travail était solide. Rendez-vous en septembre pour repartir à fond.

Tu évoques ce changement d’entraîneur. Il y a également eu la fermeture de la piscine de Montreuil et l’arrêt de Laura Marino et Matthieu Rosset. Comment as-tu vécu tout cela ?

Ça a été une saison très difficile, surtout mentalement. J’ai dû prendre de nouveaux repères. Noël Porcu nous a entraînés au début de l’année mais il est également directeur de la discipline et ne pouvait pas forcément être présent tous les jours. On s’arrangeait avec nos moyens et on a découvert une nouvelle façon de s’entraîner. Montreuil a fermé, Hui Tong est arrivé, Matthieu et Laura ont arrêté, Alex (Rochas, son ancien entraîneur) est parti. Ça a été vraiment dur. Quand on est en stage, même si on s’entraîne de la même manière, on n’est pas chez nous et ça coûte davantage d’énergie. On avait tous hâte que la saison s’achève et désormais nous sommes impatients de redémarrer sur de bonnes bases en septembre. Montreuil va rouvrir et Hui Tong aura eu le temps de prendre ses marques. Des jeunes vont également venir gonfler les rangs de l’équipe à l’INSEP. Certains viennent de la gymnastique, comme moi il y a quelques années. Nous allons être une dizaine sur la structure et ça fait cinq ou six ans que ça n’a pas été le cas. La dynamique va être différente et ça va nous faire du bien.

Photo: DeepBlueMédia

Peux-tu nous parler un peu de Hui Tong, ton nouvel entraîneur ?

Je pense qu’il rassure dans sa façon de présenter les choses. Il sait de quoi il parle et il est très pédagogue. Il individualise énormément. Si j’ai besoin de m’entraîner moins ou plus, ça ne veut pas dire que les autres plongeurs vont avoir le même rythme que moi. Il ne panique jamais et ça nous apporte de l’air frais parce que c’est une nouvelle vision des choses. Ça n’a pas été facile pour lui d’arriver en pleine saison et à quelques semaines de la coupe du monde. Ça s’est vraiment bien passé donc je tiens à le féliciter également et à le remercier.

Après avoir partagé les lauriers avec Laura et Matthieu tu es désormais la tête d’affiche du plongeon tricolore. Est-ce que cela change quelque chose ?

Je ne l’ai pas vécu différemment. Je soutiens Alexis (Jandard) et Damien (Cély) comme je soutenais Matthieu et Laura. Je n’ai pas senti de réelle différence, mis à part que nous n’étions que trois. Forcément, la semaine était plus longue d’autant que nous n’avons pas participé à tous les concours. On est toujours en contact avec Matthieu et Laura. Ils nous soutiennent et c’est important pour l’équipe.

Photo: DeepBlueMédia

Il y a quelques années, nous sentions une émulation positive et désormais la dynamique semble s’être inversée malgré tout.

C’était la face cachée de l’iceberg. Nous n’avions jamais eu d’aussi bons résultats mais nous n’étions que deux ou trois à décrocher des médailles. Aux Jeux, Laura et Matthieu nous malheureusement pas réussi à se hisser en demi-finale, mais avec ma finale, nous avons obtenons les meilleurs résultats de l’histoire du plongeon français sans pour autant ramener de médailles. Derrière, nous savions que le vivier n’était pas très dense. Il faut préparer l’avenir et si nous n’avons pas réussi à le faire pour l’instant, le projet Paris 2024 peut nous aider à relancer la machine. D’autant que ce n’est pas un problème uniquement français. En y regardant de plus près, on constate que l’ensemble des nations européennes souffrent d’un déficit de talent. Les scores de ces championnats sont moins élevés que d’habitude. Il ne faut plus perdre de temps et être derrière les petits jeunes qui arrivent.

Quels seront tes objectifs l’année prochaine, à un an des Jeux Olympiques ?

Ça va être un véritable marathon. Cette saison a été difficile, mais l’année prochaine le sera encore davantage. Normalement, Montreuil va rouvrir et il y aura moins de stages, mais il y aura une étape de World Séries supplémentaire (cinq au lieu de quatre). Il y aura d’abord les championnats du monde et ensuite les championnats d’Europe avec les tickets pour les Jeux à aller chercher. L’objectif est d’atteindre la finale des Mondiaux pour obtenir ma qualification pour Tokyo et pouvoir me présenter aux Euro deux semaines après sans pression.

Recueilli à Edimbourg par J. C. 

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