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Tout a commencé il y a sept ans, ici même, à Budapest, ville hôte des championnats d'Europe. En 2010, Camille Lacourt, dossiste d’avenir, crève l’écran, explose les chronos et défraie les chroniques de toutes les gazettes de France et de Navarre en s’adjugeant les 50 et 100 m dos ainsi qu’un titre en relais avec ses potes du 4x100 m 4 nages (Fred Bousquet, Hugues Duboscq et Fabien Gilot, ndlr). Un mythe de la natation française vient de naître. Un de plus pourrait-on dire, car à l’époque, faut-il encore le rappeler, les médailles tricolores tombent comme des fruits mûrs. Sauf que Camille, non content de briller sur la scène européenne, va réussir le tour de force de confirmer dès l’année suivante en remportant, ex-aequo avec Jérémy Stravius, le premier titre mondial de la natation masculine sur 100 m dos. Le mythe devient légende. On se prend à rêver d’or olympique. Malheureusement, son histoire avec les Jeux sera toujours contrariée. Quatrième du 100 m dos à Londres en 2012, puis cinquième à Rio en 2016, le Marseillais s’est d’abord et avant tout forgé une histoire aux Mondiaux. Cinq couronnes pour autant de participation (il a disputé tous les championnats du monde depuis Rome en 2009, ndlr). Une régularité métronomique et un goût certain pour le 50 m dos, distance sur laquelle il compile désormais trois breloques (Barcelone 2013, Kazan 2015 et Budapest 2017). La légende a fini par devenir saga.

Camille, comment te sens-tu ?

Je suis content de ce qui s’est passé, content de la manière dont ça se termine. J’avais envie de finir ma carrière sur la plus haute marche du podium. C’était l’objectif, alors oui, je suis vraiment heureux de vivre ça !

Finalement, tu as relevé le pari « excitant et dangereux » (comme il l’avait déclaré à l’issue des demi-finales, ndlr) que tu t’étais fixé.

C’est, en effet, réussi, donc oui, encore une fois, je suis content d’avoir relevé ce challenge. Maintenant, j’ai envie d’en profiter. Je n’ai pas vraiment de mots à vous dire. J’ai juste envie d’aller rejoindre Julien (Jacquier, son entraîneur à Marseille, ndlr) et mes potes.

Camille Lacourt et Jérémy Stravius -champions du monde ex-aequo en 2011 à Shanghai-, se congratulent à l'arrivée du 50 m dos des Mondiaux de Budapest (KMSP/Stéphane Kempinaire).

Peux-tu nous raconter ta course ?

Il n’y a rien d’extraordinaire. Je savais que tout allait se jouer sur les vingt-cinq derniers mètres et qu’après, c’était moi le plus rapide sur la nage. Je me suis concentré sur le départ, la coulée et la reprise de nage. Aux 25 mètres, je vois que je suis dans la masse. Je me dis alors que ça peut le faire, que si tout se passe bien, je suis bien placé. Il suffisait de nager le plus vite possible et je savais que j’étais plus rapide que les autres. Je suis vraiment content de voir que mon plan s’est déroulé sans accrocs.

Comment as-tu vécu cette journée ?

Comme une journée normale sur des championnats du monde. Il n’y avait pas de nostalgie ou de moments particuliers. Après la course, j’ai quand même profité. L’ambiance sur le bassin est bouillante depuis le début de la semaine. Ça restera une pure journée.

(KMSP/Stéphane Kempinaire)

A l’heure de clore ta carrière, des souvenirs commencent-ils à remonter ?

J'ai vécu la cérémonie protocolaire avec beaucoup d'émotions. C'est la première fois que je me retourne sur ma carrière pendant un podium.

Et à quoi as-tu songé ?

​Aux bons moments, mais surtout aux moments difficiles, ceux qui auront demandé de la force de caractère et le soutien des amis et de la famille. Pendant cette dernière Marseillaise, j'ai pensé à eux. Il y a eu beaucoup de plaisir et d'émotions.

As-tu eu du mal de quitter ce bassin de compétition ?

Non, pas du tout ! J’en ai assez d’être dans l’eau, je suis content que ça se finisse (sourire)… C’était un moment extraordinaire, mais il ne va pas s’arrêter à la sortie de la piscine.

(KMSP/Stéphane Kempinaire)

Qu'est-ce qui va le plus te manquer ?

​L'adrénaline, ces moments si particuliers de compétition.


​Lesquels ?

Ces moments en chambre d'appel où la pression monte, ces moments de concentration et ces moments derrière le plot, avant le départ...

Que retiens-tu de ta carrière ?

​J'ai souvent mis un genou à terre, mais je me suis toujours relevé. En tant que sportif et en tant qu'homme, toutes ces expériences m'ont fait grandir.

Recueilli à Budapest par A. C.

Gilles Sézionale (président de la FFN) : « Camille est un très grand champion. Je lui ai dit hier soir que je serais ravi qu’il termine sa carrière sur le podium. Par rapport à tout ce qu’il a donné à son sport, nous ne pouvions pas lui souhaiter une autre fin que celle-ci. C’est encore une sacrée page de l’histoire de la natation française qui se tourne avec la retraite de Camille. Il part dans la gloire. Je lui souhaite une très belle reconversion. »

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