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Sixième de la finale du 200 m nage libre (1’53’’68) des championnats du monde d’Abu Dhabi (Emirats Arabes Unis, 16-21 décembre 2021), Charlotte Bonnet, 26 ans, ne cachait pas sa déception de ne pas avoir décroché sa première médaille individuelle sur la scène mondiale. Reste que la nouvelle élève de Philippe Lucas, championne d’Europe de la distance en 2018 à Glasgow, demeure consciente qu’il lui faut appréhender un nouvel environnement à Martigues et surtout une nouvelle méthode. La semaine passée, aux championnats de France de Montpellier (9-12 décembre), la figure de proue de la natation féminine s’est ainsi enquillée pas moins de treize courses dont un 400 m 4 nages auquel elle ne nous avait pas habitués. Un marathon qui impacte logiquement ses performances arabiques.

Ce n’est pas forcément la place que tu avais en tête…

Oh, franchement, je n’avais rien en tête ! Je suis tellement fatiguée. Même Philippe (Lucas) ne pensait pas que j’allais passer en finale. C’est déjà bien. Après, c’est sûr, on espère toujours mieux. Mais bon, je ne suis pas si loin de la troisième place. C’est dommage de ne pas monter sur la boîte, mais ce soir (jeudi 16 décembre), j’ai donné tout ce que j’avais.

D’autant que tu es dans le top 3 jusqu’au dernier 50 mètres.

Je manque trop de fraîcheur pour suivre les filles de tête. Il y a une semaine, je faisais treize courses (championnats de France de Montpellier, 9-12 décembre). Philippe voulait que je vienne ici pour me confronter aux meilleures. J’aurais pu choisir de me reposer après deux mois d’entraînement dans un nouvel environnement, mais voilà, j’aime le petit bassin. Cela faisait deux ans que je n’en avais pas fait. Et puis, j’ai à cœur de nager face aux meilleures filles.

(Photo : KMSP/Stéphane Kempinaire)

Est-ce qu’il y a des ajustements techniques à opérer entre le petit et le grand bassin ?

Oui, je suis plus lente sur mes parties techniques. De toute façon, les filles qui nagent devant moi, soit elles nagent en yards toute l’année, soit elles ont fait la saison de l’ISL. Mais bon, je ne suis pas allée chez Philippe (à Martigues) pour m’illustrer en petit bassin. Il faut que j’arrive à me dire que ce n’est pas l’objectif de la saison et que je n’ai que deux mois d’entraînement. Je n’ai jamais nagé si dur et si long.

Qu’en est-il du plaisir ? Malgré la fatigue, en ressens-tu ?

L’objectif, c’était de revenir sur des finales, de recoller aux meilleures. Après, le plaisir il y en a quand tu nages vite, mais je sens que déjà que le travail porte ses fruits. Il faut que j’essaie de tirer du positif. J’avance une étape après l’autre et ça va finir par venir.

(Photo : KMSP/Stéphane Kempinaire)

Peut-on parler d’un exercice de patience ?

Oui, c’est ça !

L’expérience du haut niveau permet-elle d’être moins impatient ?

Pas du tout (sourire)… Cela n’a rien à voir. Soyons honnête : quand tu as des objectifs élevés, tu as envie de les atteindre sans attendre trop longtemps. Moi, ça fait deux-trois ans que je suis un peu en galère sur la scène internationale alors la patience, franchement, elle a ses limites. Reste que je sais que je ne fais pas tout ça pour rien. A mon meilleur niveau, j’aurais sans doute pu accrocher la deuxième place sur cette finale, mais voilà, je suis fatiguée.

(Photo : KMSP/Stéphane Kempinaire)

Pensais-tu pouvoir décrocher ta première médaille mondiale individuelle aujourd’hui ?

Jusqu’à ce matin, pas du tout ! J’ai même été surprise de rentrer en finale. Et puis, dans la journée, je me suis dit que c’était une finale et que pourquoi pas, peut-être qu’il y avait de la place. Donc oui, il y a un peu de déception, mais je vais passer à autre chose.

Tu parles beaucoup du travail physique avec Philippe, qu’en est-il de l’approche psychologique ?

On échange beaucoup et parfois sur des sujets qui n’ont rien à voir avec la natation. Avant la finale de ce soir, il m’a ainsi parlé de mon mariage. Je me suis demandée ce qu’il lui prenait, mais ça m’a fait rire et ça m’a aidé à sortir du moment présent. On parle beaucoup et ça me fait un bien fou. J’aime qu’il me dise comment il voit les choses. Je sais déjà qu’il va me rabâcher que je fais du bon travail. S’il me dit juste : « Il faut être patiente », c’est plus difficile !

Et comment évolue votre relation dans le cadre d’une compétition mondiale ? Philippe a-t-il une attitude différente ?

Non, il est top ! Je lui fais totalement confiance sur les échauffements et la récupération pour partir sur complètement autre chose et oublier un peu toutes mes habitudes de ces onze dernières années.

A Abu Dhabi, Adrien Cadot

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