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Après deux ans d’arrêt, Matthieu Rosset a d’abord repris le plongeon en s’attaquant à un Everest: le 27 mètres. Mais lors de ces entraînements à 10 mètres, le plus titré des plongeurs français s’est vite aperçu qu’il avait une carte à jouer pour une qualification olympique. Compétiteur dans l’âme, il a donc décidé de saisir cette opportunité et de tenter de décrocher une qualification pour ses troisièmes Jeux olympiques. En 2020 ou en 2021, le Lyonnais fera tout pour se rendre à Tokyo et peut-être décrocher la dernière médaille qui manque à son incroyable palmarès. 

Comment as-tu vécu la fermeture de l’INSEP ? 

Quand ils ont fermé l’INSEP ça a marqué un coup pour moi et tous les sportifs je pense. On a pris conscience de la gravité de la situation à ce moment-là. On ne s’en rendait pas trop compte dans notre petite bulle. Personnellement, j’avais prévu d’avoir une semaine de vacances la semaine dernière parce que j’ai réussi un bon début de saison et atteint tous mes objectifs. Au final, je n’ai donc pas été pénalisé par le fait de ne pas pouvoir m’entraîner puisque c’était prévu dans mon planning. Par contre, ce matin (lundi 23 mars) je me suis levé et je me suis demandé de quelle manière j’allais pouvoir m’organiser dans les semaines à venir. 

Tu as donc complètement coupé la semaine dernière ? 

J’ai fait un peu d’activité physique mais pas de véritables séances, c’était simplement pour rester actif. J’en ai surtout profité pour bien me reposer après ce début de saison. 

As-tu également anticipé sur ton programme « confinement » des semaines à venir ? 

Mon tempérament est plutôt de voir au jour le jour. J’ai donc profité de cette semaine pour me reposer et couper un peu même si ça n’a pas été évident puisque sur les réseaux sociaux nous recevons beaucoup de questions sur notre pratique en cette période, le report des Jeux olympiques etc. Je trouve ça un peu fatigant de réfléchir à tout ça et je préfère mettre ces questions de côté pour ne pas me mettre une pression supplémentaire. 

KMSP/Stéphane Kempinaire

Est-ce difficile à gérer ? 

Ce n’est déjà pas évident d’avoir à se gérer tout seul, si en plus tout le monde y va de son avis et de son commentaire ça devient assez difficile de rester concentré. D’autant que la décision d’un report des Jeux olympiques ne nous appartient pas. Quoiqu’il se passe nous serons obligés de nous adapter. En attendant il faut au moins garder un esprit compétiteur et la rage de vaincre. Le but sera toujours d’être meilleur que les autres et j’essaie de ne pas me prendre la tête. À Tokyo, c’est celui qui ce sera le mieux adapter qui l’emportera. 

D’autant qu’en plongeon, vous avez l’habitude de vous adapter, notamment en raison du manque d’installations. 

On a l’habitude. Cette situation nous rajoute une épine dans le pied mais on ne peut rien faire. Il faut surtout penser à rester en pleine santé et j’essaie de m’extraire de toutes ces discussions. Déjà que je suis chez moi, si en plus mon portable vibre en permanence pour qu’on me dise que le monde est en danger ça devient vraiment difficile. 

N’est-ce pas malgré tout un coup d’arrêt compte-tenu de ton excellent début de saison ? 

Je prends plutôt ça comme une motivation. J’ai arrêté le plongeon pendant deux ans et j’ai réussi un très bon retour avec un début de saison où j’ai rempli tous mes objectifs. Ce ne sont pas trois semaines qui vont me mettre dans les choux. Je garde ça en tête et je reviendrais plus fort. Et si je reviens moins fort, je travaillerais trois fois plus mais dans tous les cas on reviendra. Le monde ne va pas s’arrêter définitivement.

Photo: KMSP/Stéphane Kempinaire

Cet arrêt de deux ans te donne-t-il davantage confiance ? 

Tous les sportifs ont une expérience d’arrêt, que ce soit pour faire une pause ou en raison d’une blessure, qui dure parfois plus longtemps qu’un confinement. Le but sera de revenir le plus rapidement possible au niveau physique et mental. Je ne vois pas ça comme un arrêt total mais plutôt comme une pause. Au retour, les deux premières semaines risquent d’être compliquées, mais après la saison reprendra son cours. 

Il y a encore quelques mois, tu étais exclusivement concentré sur le 27 mètres. Aujourd’hui, ton objectif est la qualification olympique sur 10 mètres. Quelle a été ta réflexion ? 

Quand j’ai repris le 10 mètres, je ne pensais pas atteindre un tel niveau aussi rapidement. Du coup, j’ai intégré la course pour les JO, alors que ce n’était pas prévu à la base. Au début on en discutait un peu avec Benjamin (Auffret) et on se disait que ce serait sympa de faire du synchro à 10 mètres. Il n’y a que quatre plongeons à faire. Et ensuite, j’ai vu que je progressais assez vite et que j’avais sûrement une carte à jouer en individuel. Il fallait travailler deux plongeons de plus. J’ai vite basculé d’un à deux entraînements par jour. 

Tu as décidé de revenir uniquement pour les JO de Tokyo. Comment vivrais-tu un report d’un an ? 

Ça va être super dur physiquement mais c’est possible. Personnellement je me voyais terminer avec le 10 mètres en août pour passer après exclusivement sur le 27 mètres. Si je dois repartir sur un an de plus, ça risque d’être un peu compliqué mais il va falloir s’accrocher et tenter. Je ne lâcherai pas l’affaire. La seule chose qui peut me freiner c’est l’aspect financier parce que je ne gagne pas d’argent avec le plongeon. C’est pour ça qu’avec le circuit Red Bull à 27 mètres, j’aurais pu avoir des sponsors et on est payé à chacune de nos participations. 

Recueilli par J. C. 

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