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Qualifiée pour les Jeux Olympiques de Tokyo sur le 10 km, Lara Grangeon a achevé sa belle semaine par une médaille de bronze sur le 25 km des championnats du monde. Elle aura donc atteint l’ensemble de ses objectifs sur ses courses individuelles et espère continuer à progresser pour décrocher une médaille olympique à Tokyo l’année prochaine. 

Comment as-tu appréhender cette course compte tenu des conditions climatiques ?

Au départ, il n’y avait pas de vagues ni de vent. On avait regardé la météo en amont mais on ne s’attendait tout de même pas à de telles conditions. J’ai pris le départ avec une stratégie en tête. Je voulais prendre les commandes de la course. Je savais que ce 25 km allait être très difficile et que j’allais devoir être forte mentalement. Les conditions météorologiques ont accentué la difficulté de la course. Mais je ne me suis pas retrouvée toute seule donc ça s’est bien passé. 

En creusant l’écart, tu pouvais assurer une place dans le top 5 très tôt dans la course. 

C’est toujours bien de faire un écart. Si on avait pu en faire un à deux nageuses ça m’aurait été encore plus favorable. Quand j’ai décidé de partir les deux premiers tours, j’essaie de creuser l’écart avec le groupe de derrière pour qu’elles ne remontent jamais. C’est ce que j’ai essayé de faire tout au long de la course. J’ai essayé de creuser cet écart pour éliminer un maximum de filles. 

Tu avais donc la caisse pour tenir sur la longueur. 

Je savais que j’avais la caisse et puis il y avait pas mal de filles qui pouvaient prétendre à la médaille et je pensais que c’était la meilleure stratégie pour aller moi la décrocher. 

Après le 5, le 10 et le relais, l’enchaînement des courses a-t-il été difficile ?

Ce qui a été difficile cette semaine, c’est que je me suis réveillée très tôt les matins des courses. À chaque fois à trois ou quatre heures du matin je n’arrivais plus à dormir. Le sommeil a été difficile à gérer. En me levant ce matin, je me suis demandée si je voulais vraiment mettre en place ma stratégie sur le 25 km. J’ai cru en moi et ça a payé. 

Pendant la course, il a beaucoup plu et il y a eu beaucoup de vagues. N’était-ce pas trop difficile d’évoluer dans ces conditions ?

On n’avait pas trop le choix. L’entraîneur de la Brésilienne Ana Marcela Cunha m’a dit que c’était le 25 km le plus difficile qu’il ait vu par rapport aux conditions. Personnellement c’était la course la plus éprouvante de ma carrière. On ne voyait pas grand-chose. Quand j’étais devant j’avais du mal à tenir le cap. Malgré tout, à aucun moment je n’ai voulu ralentir. J’ai essayé à quelques reprises de laisser passer les filles mais quand je voyais que ça ne marchait pas j’ai continué à mener la course. 

Photo: KMSP/Stéphane Kempinaire

Justement, pensais-tu pouvoir assurer des relais avec d’autres nageuses ?

À un moment donné, Finia Wunram a fait un tour en tête. Cunha n’a pas tellement voulu mener la course. C’est le jeu. Elle visait la médaille d’or et ne voulait pas se fatiguer. Avec Finia, on visait une médaille et c’est la grande différence. On voulait qu’il n’y en ait plus que trois à la fin alors que Cunha voulait simplement toucher devant qu’on soit trois ou vingt-cinq dans le groupe. Au final, je décroche cette médaille de bronze. J’ai atteint tous mes objectifs sur les épreuves individuelles. 

D’ailleurs, comment as-tu réussi à te remobiliser après la 6èmeplace au relais ?

Cette année, pour me qualifier aux JO, je n’avais qu’une seule stratégie : être la plus forte physiquement pour être en tête le plus possible et être capable de réagir en fin de course. Au relais, je n’ai pas pu mettre ça en place parce que c’est très court 1250 mètres. Tout le monde se nageait dessus. Nager avec des filles, c’est quelque chose que je ne maîtrise pas encore mais que je maitriserai l’année prochaine. 

Est-ce sur ce point que tu dois vraiment progresser ?

Aux Jeux Olympiques, je ne vais peut-être pas prendre la tête dès le début cette fois-ci. Du coup, je dois vraiment apprendre à nager avec les autres filles, à prendre des coups. Il faut que je leur montre que ça ne m’agace pas et que je suis capable de réagir également. C’est ça aussi l’eau libre. Il faut savoir ne pas montrer son vrai visage et jouer au poker de temps en temps. Parfois il faut faire croire des choses qui ne sont pas forcément vraies à ses adversaires. Aujourd’hui quand je suis partie, j’avais dans ma tête d’aller jusqu’au bout, mais Cunha ne m’a pas laissé faire parce qu’elle savait que j’étais capable de tenir. Je pense que ça montre mes progrès. 

Et puis une quatrième place mondiale, ça change un statut ?

Parait-il (rires).

Tu seras sans doute plus observée qu’au moment où tu as découvert l’eau libre il y a deux ans.

Ces Mondiaux m’ont donné d’autres objectifs pour l’année prochaine. Cette année, je souhaitais me qualifier pour les JO. L’année prochaine, je vais tout faire pour y décrocher une médaille. 

Recueilli à Yeosu par J. C. 

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