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Axel Reymond est confiné depuis le mardi 17 mars chez lui, à Champagne-sur-Seine. Avec un précieux atout à domicile : sa coach, Magali Mérino. Le duo partage un même terrain, séparé par une petite piscine. Depuis 15 jours, ils ont mis en place un programme d’entraînement bien rodé qui permet au champion du monde du 25 km de garder la forme et le moral.

Comment allez-vous ?

Franchement, ça va ! Je ne fais bien sûr pas autant de natation que d’habitude, mais je fais d’autres sports donc physiquement, ça me tue encore plus (rires)… Je suis beaucoup plus courbaturé que d’habitude à cause du rameur. Cela faisait longtemps que je n’en avais pas fait autant ! C’est vraiment dur d’encaisser la charge.

Comment voyez-vous le fait d’avoir Magali à vos côtés pendant cette période ?

C’est sûr que c’est une chance car ce n’est pas le cas des autres athlètes. Et puis d’avoir un programme établi et tous ses appareils à ma disposition, c’est un gros plus pour cette période. A part quelques poids à la maison, la plupart des athlètes avec qui j’échange n’ont pas tout ce qu’on a. Je m’estime donc chanceux.

(KMSP/Stéphane Kempinaire)

Qu’avez-vous mis en place exactement ?

On a donc le rameur, des skiergs, un vélo, un tapis de course, des poids, des élastiques de toutes les forces et en plus une piscine et des élastiques de survitesse pour nager.

Vous avez été obligé de vous réinventer, d’adapter votre manière de vous entrainer. Comment avez-vous pris cela ?

J’ai pris ça comme une sorte de second travail. Je n’ai pas vraiment l’impression d’être confiné car je suis toujours dans un plan de travail. Même si on n’a pas la piscine à disposition, on a trouvé les moyens pour travailler encore plus que d’habitude. Parce que là clairement, j’ai l’impression d’être plus fatigué que pendant un stage, mais c’est normal car c’est pas du tout ce que je fais d’habitude. 

(KMSP/Stéphane Kempinaire)

C’est le rameur qui vous fatigue autant ?  

Oui ! En fait quand je nage, j’utilise beaucoup les bras. Plus les bras que les jambes d’ailleurs. A l’inverse, sur le rameur, j’utilise plus les jambes que les bras. Du coup, j’ai beaucoup de courbatures aux jambes et aux abdos. Alors que les seules courbatures que je pourrais avoir aux abdos et aux jambes quand je nage en bassin, c’est quand je fais les virages vite et moi, ça ne me sert pas trop pour ma discipline.

Pouvez-vous nous raconter une de vos journées ?

Je prends mon petit déjeuner à 8 heures. Puis à 8h45 je suis dans la salle pour un échauffement. Ensuite, je fais du rameur pendant 1h30 puis des étirements et de la récupération que je finis à 11h15-30. Après ça, je mange et je vais faire la sieste. A 16h15, rendez-vous dans la salle de musculation pour un échauffement, puis une petite prépa physique et ensuite on nage 45 min-1h dans la piscine avec l’élastique. Puis on repasse à la récup et la journée est finie. 

(KMSP/Stéphane Kempinaire)

Quel type de séance faites-vous dans votre piscine de 10 mètres par 3 ? 

Je suis attaché à un élastique et je fais du statique. Cela se passe très bien ! Après je ne peux pas en faire très longtemps car malgré la combinaison en néoprène, l’eau est assez froide. Elle est à 16 degrés environ. Et puis on a un programme de vitesse. On travaille l’endurance sur le rameur et la vitesse dans l’eau. Donc j’ai des petites séries où il faut que j’aille vite pendant un certain moment et en aéro, plus tranquille, pendant un autre laps de temps.

On aurait tendance à penser que pour un nageur en eau libre, c’est encore plus compliqué de se passer de l’eau, des grands espaces. Est-ce votre cas ?

Le sport en lui-même ne fait pas le caractère de l’athlète. Donc oui, via mon sport, j’aime être dans des milieux naturels, mais j’aime surtout être en compétition. Et puis, finalement, je suis enfermé dans une piscine aussi quand je nage toute l’année. Sauf pendant les compétitions. Sinon à l’année, à part nager, je ne sors pas vraiment donc je ne me retrouve pas non plus complètement déshabitué.

(KMSP/Stéphane Kempinaire)

Comment envisagez-vous l’avenir ?

Je prends plutôt les choses au jour le jour. Je ne regarde pas trop loin parce que les compétitions sont décalées une à une. Du coup, on attend ! On est plutôt dans l’attente et on s’adapte. On s’est toujours adapté alors on continuera à le faire et vu comme on travaille, ça devrait aller. Il faut rester positif.

Quel est votre avis sur le report des JO en 2021 ?

Je pense que c’est une très bonne décision car les athlètes ne peuvent pas se préparer à 100%. Personnellement, j’attends. C’est une compétition qui s’est encore décalée et qui dit décalage de compétition, dit certainement qualifications. Donc on attend de voir s'ils requalifient des athlètes où s’ils gardent les anciens. 

(KMSP/Stéphane Kempinaire)

Actuellement vous travaillez beaucoup le physique. Est-ce que vous avez aussi l’occasion de développer la partie mentale ?

J’ai mes petites habitudes en la matière. Je fais de l’autohypnose depuis quelques temps et pas mal de petits trucs comme ça pour rester zen. En général, je l’intègre au moment de la sieste. Cela m’aide à m’endormir et je dors mieux. Mais sinon on va dire que je suis zen toute l’année !

La sieste est un moment important pour vous ?

Oui ! Après, ça dépend des jours et quand j’en ressens le besoin ou l’envie. Cela peut durer 30 minutes comme 1h30.

Que faites-vous quand vous ne vous entraînez pas ? 

Je suis un grand fan de jeux vidéo (rires)… C’est pour ça aussi que ça ne me change pas beaucoup, car dès que j’ai un peu de temps libre, je suis derrière l’ordinateur. Je joue un peu à tout ce qui passe.

Qu’est ce qui est le plus important à vos yeux en tant que nageur pendant cette période ?

Le plus important, c’est de garder la forme et de profiter de cette période pour travailler des choses qu’on n’a pas l’occasion de travailler d’habitude.

Recueilli par Chloé Joudrier

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