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Retirée des bassins depuis 2016, l’ex-nageuse française, médaillée de bronze sur le 4x200 m nage libre aux JO de Londres en 2012, a changé de vie. Sans s’éloigner beaucoup de l’eau. C’est à la piscine olympique d’Antigone, à Montpellier, que son association Be Green Ocean a organisé le 8 mars dernier une journée pour célébrer « la femme, le sport et l’environnement », lancement officieux de sa structure.

Il y a un an maintenant, nous avions retrouvé Coralie en Polynésie, sur l’atoll de Tetiaroa, où elle s’occupait alors des tortues au centre de soins « Te Mana o Te Moana » (L’esprit de l’océan). « Pour être franche, je m’étais préparée à cette dernière course », confie la belle martiniquaise de 30 ans sans afficher de nostalgie particulière à l’égard de son ancienne vie d’athlète de haut niveau. « Je n’ai pas du tout eu la sensation de vide que certains sportifs décrivent à l’issue de leur carrière. Le plus dur a sans doute été de m’organiser toute seule parce qu’on a toujours été habituée à un certain confort dans notre vie de sportif. On nous réservait nos billets d’avion, nos hôtels, on nous donnait l’heure des repas, du coucher… Des choses toutes bêtes, mais au moment de ma retraite, c’était à moi de gérer tout ça. J’ai dû tout réapprendre parce que tout tournait autour de la natation. C’était assez déstabilisant au départ. »

Coralie Balmy (à gauche) et ses partenaires du 4x200 m nage libre (Ophélie Cyrielle-Etienne, Charlotte Bonnet et Camille Muffat) célèbrent leur médaille de bronze lors des Jeux Olympiques de Londres en 2012 (KMSP/Stéphane Kempinaire).

Très vite, cependant, sa passion pour la préservation de l’environnement lui permet de transiter en douceur. « Dès le mois de janvier 2016, j’avais commencé à envoyer des CV et des lettres de motivation à de nombreuses associations. Je n’avais aucune expérience professionnelle du fait de ma pratique sportive, mais je possédais tous les diplômes théoriques. J’ai finalement intégré le CestMed, centre de soins pour tortues marines au Grau-du-Roi, en tant que bénévole à plein temps. D’octobre 2016 à juin 2017, j’ai pris beaucoup de plaisir et vécu une expérience très enrichissante. » Après ce premier stage, tout s’enchaîne sans temps mort. « Lors de mon premier jour au CestMed, la directrice d’un centre de soins de tortues de Polynésie est venue nous rendre visite. Nous avons échangé et elle m’a proposé de les rejoindre à la fin de ma mission au Grau-du-Roi. Je n’en revenais pas et ça tombait idéalement puisque depuis le départ je souhaite étoffer mes connaissances et découvrir ce qui se fait dans différents endroits pour ensuite ramener tout ça en Martinique. L’objectif est d’ouvrir mon propre centre de soins là-bas en ayant le bagage le plus complet possible. »

Coralie Balmy lors des Jeux Olympiques de Rio en 2016, sa dernière apparition sous les couleurs de l’équipe de France.

(KMSP/Stéphane Kempinaire).

L’ancienne sportive de haut niveau qui nageait contre les chronos est donc en passe de devenir une spécialiste des tortues... Un comble qu’elle accueille avec le sourire, sans manquer de préciser toutefois que les tortues qu’elle soigne « nagent très vite, plus vite que moi quand j’étais sportive de haut niveau ». Ce qui la fait moins rire, en revanche, c’est l’état de la planète. « Tout ne va pas dans le bon sens, mais en s’impliquant on peut améliorer les choses. » Et de joindre le geste à la parole en passant, notamment, deux semaines dans un petit village du « Népal en octobre 2017 pour aider à restaurer une école endommagée suite à un tremblement de terre (…) Au mois d’août 2017, je me suis également rendue au Kenya pendant un mois. C’était une démarche purement personnelle qui me tenait particulièrement à cœur. Les deux premières semaines, j’ai vécu dans une réserve pour m’occuper des animaux et notamment d’une espèce de girafe menacée d’extinction. Je les observais et je les soignais. Je veillais également à la bonne tenue de la réserve et je vérifiais qu’il n’y ait pas de braconnier. Les deux semaines suivantes, je suis partie dans un autre village kényan pour aider les enfants à préparer la rentrée des classes. Nous avons bien travaillé à l’école, mais nous leur avons également proposé des jeux et de nouvelles distractions ».

Coralie Balmy (KMSP/Stéphane Kempinaire).

La suite est d’une logique implacable, elle tient en trois mots : Be Green Ocean ! C’est le nom de l’association que promeut et défend aujourd’hui l’ancienne figure de proue de la natation féminine tricolore. Le but de l’association est aussi translucide que les eaux d’un lagon de la mer des Caraïbes : « Découvrir le milieu marin à travers des programmes scientifiques, des actions de sensibilisation ainsi que diverses activités sportives. Tout ceci dans une démarche solidaire ». C’est d’ailleurs dans cette perspective que Coralie avait convié le vendredi 8 mars à la piscine olympique d’Antigone, à Montpellier, huit athlètes féminines de haut niveau (« des copines ») ainsi que des enfants issus des clubs de natation du département de l’Hérault pour célébrer « la femme, le sport et l’environnement ». L’occasion d’officialiser le lancement de l’association, mais aussi, et surtout, de rappeler les bienfaits du sport et la nécessité de préserver sans attendre les richesses des mers et des océans.

Coralie Balmy lors du lancement de l’association Be Green Ocean le 8 mars 2019 (KMSP/Stéphane Kempinaire).

Coralie Balmy avec les enfants issus des clubs de natation du département de l’Hérault lors du lancement de l’association Be Green Ocean le 8 mars 2019 (KMSP/Stéphane Kempinaire).

Et la natation dans tout ça ? Pour l’heure, Coralie ne compte pas renouer avec l’univers des bassins chlorés. « J’ai adoré être nageuse de haut niveau et j’ai vécu des moments inoubliables, mais je me sens vraiment bien dans ma nouvelle vie et je ne me vois pas revenir au bord des bassins pour le moment », livre-t-elle dans un sourire qui en dit long sur son bonheur actuel. Pour autant, l’ancienne égérie tricolore du 400 m nage libre ne manque jamais une occasion de suivre les prestations de ses anciennes partenaires de l’équipe de France. « J’ai regardé les championnats du monde de Budapest (juillet 2017) à la télévision, mais ce n’est pas pareil que de les vivre de l’intérieur (…) J’écris aussi à Charlotte (Bonnet). Elle me fait part de ses ressentis, de ses doutes, de ses entraînements et de ses résultats en compétition. C’est important de partager mon vécu parce que ça m’a permis de vivre des choses extraordinaires. Pour y arriver il y a eu un long chemin parfois semé d’embûches. Les jeunes nageurs doivent en prendre conscience. Une carrière de sportif de haut niveau est faite de hauts et de bas et on peut vite se laisser happer par une spirale négative. » Des montagnes russes qu’elle a su négocier avec un talent certain dont elle récolte désormais de savoureux fruits.

Adrien Cadot (avec Jonathan Cohen & Stéphane Kempinaire)

Plus d’infos sur : www.begreenocean.org

(KMSP/Stéphane Kempinaire).

 

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