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Après une première semaine de confinement, le Directeur technique national Julien Issoulié nous livre son ressenti sur la crise sanitaire que traverse la France, l’incertitude qui plane au-dessus des échéances sportives nationales et internationales ainsi que les différents protocoles mis en place pour accompagner les athlètes des équipes de France dans cette période de turbulences.

Où êtes-vous confiné ?

Chez moi, sur le bassin d’Arcachon. J’ai la chance de vivre à la campagne au milieu des pins. Globalement, il y a pire. Je suis en famille et je me tiens au courant des événements en attendant de voir quelle tournure ils vont prendre.

Quel est votre état d’esprit ?

Je ne suis pas particulièrement anxieux car mes proches sont en bonne santé. J’ai des amis qui sont malades, mais ils ne sont pas à l’hôpital. Ils sont fiévreux et courbaturés. Je suis surtout frustré car après des mois de travail pour permettre à nos athlètes de performer dans les meilleures conditions, on se retrouve complètement démuni et contraint de revoir tous nos plans. Pour autant, je ne me lamente pas. Je me dis que cette crise sanitaire peut nous aider à grandir, à évoluer et à nous améliorer. Après tout ce que nous allons traverser, j’espère que la société française saura se remettre profondément en question.

(KMSP/Stéphane Kempinaire)

Avez-vous eu des nageurs et des entraîneurs au téléphone depuis le début du confinement ?

Les entraîneurs, je les ai régulièrement, parfois plusieurs fois par jour. Pour ce qui est des nageurs, j’en ai eu certain au téléphone, mais pas tous.

A qui donc avez-vous parlé ?

La semaine dernière, j’ai eu Florent (Manaudou), Mehdy (Metella), Charlotte (Bonnet), Marie (Wattel) et Béryl (Gastaldello).

Comment se porte Florent Manaudou ?

Il est en bonne santé à Marseille. Je l’ai senti positif.

De manière générale, comment ces athlètes de très haut niveau gèrent-ils cette période de confinement ?

Globalement, ce n’est pas facile, en particulier pour les nageurs d’eau libre qui sont habitués à nager beaucoup. Là, l’arrêt est brutal et difficile à combler, même en se maintenant quotidiennement en forme. Il y aura des répercussions physiologiques, c’est certain.

(KMSP/Stéphane Kempinaire)

Avez-vous mis des protocoles en place ?

Tout le staff fédéral s’est mobilisé dès le premier jour de confinement. Il était évident que nous n’allions pas laisser nos athlètes livrés à eux-mêmes. Un document leur a été adressé pour les accompagner sur des exercices de musculation, du gainage et de la préparation mentale.

Qu’est-ce qui est le plus important à l’heure actuelle pour les nageurs des équipes de France ?

De garder le moral, déjà. De se maintenir en forme. De ne pas prendre trop de poids. Et puis d’attendre les décisions des instances internationales, notamment celle du Comité international olympique.

Quelle est votre position à ce sujet ?

Vendredi dernier, la Fédération Française de Natation a réclamé un report des Jeux olympiques de Tokyo. Plusieurs fédérations étrangères se sont associées à notre appel et des pays menacent également de ne pas envoyer leur délégation si les Jeux devaient être maintenus. J’ai beaucoup échangé à ce sujet avec les entraîneurs tricolores. Nous sommes tous favorables à un report d’un an afin d’assainir la situation et de retrouver un peu de calme et de sérénité. Il ne faut quand même pas oublier que les Jeux sont d’abord la compétition des athlètes. Or, ces derniers s’entraînent depuis des années pour être performant. On ne peut pas leur dire de continuer à s’entraîner en ignorant le contexte actuel. Il est temps de faire preuve de bon sens.

(KMSP/Stéphane Kempinaire)

Quel est le protocole à suivre si un nageur de l’équipe de France tombe malade ?

Les médecins des collectifs nationaux sont mobilisés. Si un nageur tombe malade, il sera immédiatement suivi et accompagné par notre staff médical. Nous sommes en train de finaliser un protocole afin de ne rien laisser au hasard et d’être capable de répondre à toutes les situations.

Les championnats de France de natation course ont été déplacés du 23 au 28 juin. Est-ce toujours d’actualité ?

Pour le moment oui, mais nous ne savons pas encore sous quelle forme ils se tiendront. Il y a trop d’incertitude. Dans le contexte actuel, il convient d’être prudent et d’avancer un jour après l’autre. On attend d’abord de voir comment le CIO va se positionner, puis les décisions que prendront la FINA. Ensuite, il sera temps d’ajuster notre agenda national en fonction du contexte sanitaire. Mais, je le répète, le plus important, pour le moment, c’est de s’assurer que tout le monde va bien. La santé prime sur tout le reste.

Recueilli par Adrien Cadot

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