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Le Cercle des Nageurs de Marseille affronte samedi le Jadran Herceg Novi en finale de l’Europ Cup. Nous avons demandé à Nenad Vukanic, entraîneur monténégrin de l’équipe de France, et à Ugo Crousillat, capitaine de l’équipe de France passé par le club de Budva et vice champion du monde avec le Monténégro en 2013, de nous en dire plus sur le water-polo monténégrin et sur les prochains adversaires des Phocéens.

Parlez nous un peu du water-polo monténégrin et de son histoire.

Nenad Vukanic : Le water-polo est une tradition presque centenaire au Monténégro. Primorac Kotor a été fondé, par exemple, en 1922 et le Jadran Herceg Novi en 1926. Du temps de la Yougoslavie, de nombreux joueurs monténégrins ont évolué en équipe nationale. Andrija Popovic et Miko Vicevic ont ainsi été champions olympiques, le premier en 1984, le second en 1988. Depuis l’indépendance, le Monténégro a été champion d’Europe en 2008 (2ème en 2012 et 20126) et terminé 2ème des championnats du monde en 2013. Les clubs monténégrins se sont aussi illustrés en coupe d’Europe. Primorac Kotor a disputé une finale de coupe des coupes en 1978 avant de remporter la ligue des champions en 2009 et en être finaliste l’année suivante. Cattaro a été finaliste de la LEN Trophy en 2010 et le Jadran Herceg-Novi a échoué en finale de la Ligue des champions en 2004 face à Honved Budapest.

On peut dire que le water-polo est le sport national au Monténégro ?

Nenad Vukanic : Le Monténégro est un tout petit pays de 600 000 habitants et le water-polo est le seul sport collectif dans lequel on peut remporter des médailles au niveau international. A ce titre, il est bien évidemment très populaire dans tout le pays. Et en particulier dans la région qu’on appelle les Bouches de Kotor, où se trouvent les villes de Kotor et d’Herceg-Novi.

Ugo Crousillat : C’est tellement vrai que quand tu es gamin au Monténégro, tu joues au water-polo plutôt qu’au foot. Quand j’ai joué là-bas, à Budva, j’ai été impressionné de voir que les écoles de water-polo étaient pleines !

Nenad Vukanic (FFN/Michel Dumergue).

A quelle ambiance les Marseillais vont-ils devoir s’attendre pour le match retour ?

Nenad Vukanic : La piscine du Jadran étant découverte, le match retour se jouera à Niksic, à 80 kilomètres d’Herceg Novi. Il va y avoir des bus organisés par la ville et le club. Beaucoup de supporters vont également se déplacer en voitures. Avec les gradins qui seront rajoutés pour l’occasion, disons qu’il devrait y avoir 1 500 personnes. Ce sera aussi un moment historique pour Jadran qui n’a jamais remporté de titre européen !

Ugo Crousillat : Quand j’évoluais en Ligue adriatique en 2012-2013, les derbys entre Budva, Kotor, Herceg Novi, étaient toujours des matches sympas à jouer, avec beaucoup de public (un millier de personnes à chaque fois) et une grosse ambiance. Il y a des groupes de supporters comme pour les clubs de foot. Primorac et Jadran ont même leur chanson !

Quelles sont les forces en présence ?

Nenad Vukanic : Jadran est une belle équipe qui est actuellement 2ème de la Ligue Adriatique, derrière Mladost Zagreb. Un mélange de joueurs expérimentés, comme Petkovic et Draskovic, et de jeunes talentueux comme la pointe Spaic (21 ans) ou le gaucher Radovic (18 ans) et entraînée par Vladimir Gojkovic qui est également le coach de l’équipe nationale. Mais Marseille a des joueurs de talent, de nombreux internationaux… Le Cercle a la possibilité de rêver aussi de remporter son premier titre européen

Ugo Crousillat : C’est un club qui a toujours joué la carte de la formation. Chaque année, ils perdent des joueurs qui vont vers des clubs avec de plus gros moyens, et chaque année ils ont une équipe performante au niveau européen. Ce n’est peut-être pas le Jadran des années 2000 à 2010, mais ça reste une très belle équipe avec de très bons joueurs comme Dragan Draskovic avec qui j’ai joué en club à Budva et en équipe nationale. Marseille a cependant le potentiel pour remporter cette finale, mais il va falloir faire un gros match à l’aller. Et surtout gagner. Même si c’est toujours possible de faire un exploit là-bas, il vaut mieux y aller avec de l’avance. Ne serait-ce qu’un but !

Ugo Crousillat (Deepbluemedia).

Et de quel côté penchera votre cœur ?

Nenad Vukanic : J’ai des amis au Jadran, mais je n’y ai jamais joué. A la différence de Marseille où j’ai passé six ans, comme joueur et comme entraîneur ! Au plan professionnel, c’est important pour moi que des joueurs sur qui je compte pour l’équipe nationale remportent une coupe d’Europe. Alors, sans aucune hésitation, je serai supporter de Marseille.

Ugo Crousillat : Marseille en finale d’une coupe d’Europe, c’est super pour le water-polo français ! Et puis Marseille, c’est ma ville. Et même si je n’y joue plus, le Cercle, c’est mon club, ma maison.

Recueilli par Jean-Pierre Chafes

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