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Le lac aux Dames de Samoëns (Haute-Savoie) accueillera du 28 février au 1er mars 2020 la seconde édition des championnats de France de natation hivernale. Catherine Plewinski, double médaillée olympique de bronze sur 100 m nage libre (Séoul, 1988) et 100 m papillon (Barcelone, 1992), aujourd’hui salariée au sein de la société Double-mixte spécialisée dans la reconversion des athlètes de haut niveau, est en charge de l’organisation de la compétition.

La piscine de Vichy a accueilli, l’an passé, la première édition des championnats de France de natation hivernale. Cette année, la compétition va quitter la Montagne bourbonnaise pour migrer dans les Alpes. Qu’est-ce qui a motivé ce choix ?

Stéphane Lecat (Directeur de l’eau libre à la FFN) m’a contactée pour savoir si le projet m’intéressait. Il y a quatre ans, j’avais essayé d’organiser une compétition de nage hivernale à Megève. Ça n’avait malheureusement pas pu se faire parce qu’on ne pouvait pas faire descendre la température du bassin extérieur en-dessous de 12° C. Stéphane se rappelait cependant que j’avais rencontré les personnes susceptibles d’être intéressées par un projet de ce genre.

L’ambition affichée, cette année, c’est véritablement d’organiser une compétition de natation hivernale en milieu naturel.

La compétition va se dérouler dans le lac aux Dames en Haute-Savoie. La mairie de Samoëns est emballée par le projet. Ce qu’il y a d’intéressant, c’est que la municipalité a l’expérience de ce genre d’événement. La ville accueille déjà en janvier « La grande odyssée », une célèbre course de chiens de traineaux. Dans notre cas, les épreuves devraient se dérouler dans les eaux du lac. Une structure temporaire avec un fond translucide sera installée pour permettre aux nageurs de faire des virages.

Première édition du championnat de France de nage hivernale à Vichy en février 2019 (KMSP/Stéphane Kempinaire).

Une installation plutôt rare, non ?

Je crois que c’est, en effet, une première en France. Reste qu’il y aura toujours ce côté « piscine ». Il se peut aussi qu’il y ait de la neige pour donner une touche hivernale, mais ces dernières années c’est devenu très aléatoire. Ce qu’il y a de certain, en revanche, c’est que l’eau du lac sera en-dessous de 10°C, voire de 5° C. La semaine dernière (l’entretien a été réalisé le mercredi 4 décembre, ndlr), je me suis baignée pour voir un peu à quoi les nageurs allaient être confrontés…

Et alors ?

Je suis restée trente secondes dans l’eau (rires)… Il faut savoir qu’il y existe deux fédérations internationales. Pour la première, la température de l’eau doit être inférieure à 5°C alors que pour la seconde elle doit être inférieure à 10° C. A mon avis, on sera en-dessous de 5°C en février prochain. Pour le reste, le programme sera étoffé et nous disposerons des installations du lac aux Dames. Nous organiserons également des séances d’initiation à la nage hivernale, des conférences et le challenge des givrés inter-entreprises ainsi qu’un challenge inter-associations. Il s’agit vraiment de faire cohabiter les univers sportifs, culturels et professionnels.

On sent une vraie volonté d’associer votre passion pour la natation et votre amour de la montagne et de la Haute-Savoie en particulier.

Notre région est magnifique ! Il faut la faire découvrir tout en la préservant. Ce qui me plaît dans la nage hivernale, c’est ce côté un peu dingue qui habite ces gens qui sont capables de dépasser leurs propres limites. Je trouve qu’à ce niveau, on est très proche de l’esprit montagnard. Au-delà de la performance, je crois que le sport reste une grande aventure à faire partager au plus grand nombre. Avec la nage hivernale, on s’inscrit dans cette démarche. La discipline est en plein essor. Beaucoup de gens s’y intéressent, mais il importe que la fédération encadre sa pratique plutôt que de laisser les choses se dérouler n’importe comment.

Première édition du championnat de France de nage hivernale à Vichy en février 2019 (KMSP/Stéphane Kempinaire).

Si la natation hivernale n’est pas encore très implantée en France, elle connaît un succès grandissant en Scandinavie, en Russie et en Europe de l’Est.

Lors des derniers championnats du monde de Mourmansk en Russie (mars 2019), il y avait 1 368 inscrits. C’est bien le signe d’un engouement fort. La discipline est bien implantée dans les pays du nord. On voit que les gens sur les réseaux sociaux sont intéressés. En France, nous n’en sommes pas encore là. L’an passé, à Vichy, il y avait un peu plus de 60 participants. Cette année, nous espérons attirer autour de 150 nageurs. C’est aussi pour cette raison que je me suis tournée vers les « anciens » comme Alexandre Fuzeau ou Jacques Tuset, les précurseurs de la natation hivernale en France. Ils vont activer leurs réseaux pour assurer la promotion de l’événement sur la scène internationale.

A quand remonte votre intérêt pour la natation hivernale ?

A la base, je voulais juste attirer l’attention sur le fait que nous disposions de bassins en France qui ne fonctionnaient que trois mois par an. Je me suis alors demandée de quelle manière on pourrait les utiliser le reste du temps. Mon objectif, à Megève, c’était de montrer qu’on pouvait les utiliser l’hiver. En cherchant sur Internet, j’ai découvert la nage hivernale et je me suis dit que c’était exactement le type d’activité qu’il fallait développer.

Recueilli par Adrien Cadot

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