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En dépit du confinement et de la frustration inhérente au report légitime des Jeux de Tokyo en 2021, Stéphane Lecat, Directeur de l’eau libre à la Fédération Française de Natation, considère que les athlètes concentrés sur l’objectif olympique peuvent trouver dans cette période d’incertitude un supplément d’âme. Ne serait-ce qu’en performant pour les personnels soignants engagés dans la lutte contre l’épidémie de coronavirus et tous les Français qui continuent de travailler quotidiennement pour assurer le bon fonctionnement du pays.

Où êtes-vous confiné ?

Depuis l’annonce du président de la République le 16 mars dernier, j’étais à la campagne du côté de Compiègne. Mais aujourd’hui, j’ai récupéré mes enfants pour rentrer chez moi. Pour le moment, ça se passe bien, même si j’ai eu deux moments difficiles à vivre au cours desquels la frustration m’a submergé. Très vite, j’ai basculé dans l’action. Personne n’est infaillible, surtout quand on voit ce qui se passe dans les hôpitaux ou les Ehpad.

Il est certain que nous traversons une épreuve…

(Il coupe)… La difficulté que je rencontre, c’est que mon métier est ma passion ! C’est difficile de voir tout s’arrêter, d’avoir travaillé aussi longtemps sur un objectif qui est repoussé d’une année. Mais bon, je sais aussi que mon cas personnel est très secondaire. Je n’oublie évidemment pas les gens qui combattent quotidiennement le COVID-19.

(KMSP/Stéphane Kempinaire)

Après l’annonce du confinement, à quoi vous êtes-vous attelé en priorité ?

Je me suis d’abord assuré que mes enfants et mes proches soient dans les meilleures dispositions possibles. Ensuite, il a fallu organiser le confinement des athlètes de l’équipe de France. Avant que le confinement ne soit décrété, sentant qu’on allait y venir, j’ai essayé de trouver des solutions pour organiser un stage dans le Cantal, mais même les établissements privés ont fini par fermer. Quand il a été clair que tout le monde serait confiné chez soi, j'ai tout mis en oeuvre pour que nos nageurs puissent s’entretenir physiquement et palier à l’absence d’entraînement.

Il est certain que pour des nageurs d’eau libre habitués à de longs kilométrages, ce confinement est particulièrement problématique.

Sans rien retirer aux sprinters, nager un 10 km demande une préparation spécifique. Nous sommes dans l’ultra endurance, à l’instar d'ailleurs des nageurs de 800 ou 1 500 m nage libre. Alors oui, la situation est compliquée, mais bon, nous n’avons pas le choix et, je le rappelle, la priorité, c’est la santé de nos athlètes !

(KMSP/Stéphane Kempinaire)

Avez-vous trouvé le temps de joindre tous les nageurs d’eau libre ?

Oui, j’ai appelé tous les nageurs qui sont engagés dans un projet de haut niveau. J’ai également envoyé un message de soutien à tous les nageurs membres du collectif national eau libre. Il est primordial de ne pas rompre le lien et de soutenir tous nos athlètes.

Comment avez-vous accueilli le report des Jeux olympiques de Tokyo ?

Bien, même très bien, car il y avait quand même un véritable problème d’équité.

(KMSP/Stéphane Kempinaire)

Qu’en est-il des conséquences psychologiques du confinement ?

Pour moi, l’objectif est clair : il faut puiser de nouvelles forces dans cette épreuve pour revenir plus costaud ! Le challenge se situe à ce niveau-là…

C’est-à-dire ?

Lorsque tu es engagé au sein de l’équipe de France, tu acceptes une nouvelle responsabilité, celle de représenter ton pays aux Jeux olympiques. En entrant en équipe de France, tu as un devoir de résultat. Il faut performer. Cette mission, aujourd’hui, elle est selon moi décuplée car il s’agit aussi de rendre hommage aux personnels soignants ainsi qu’à tous les Français qui ont continué de travailler pendant le confinement pour que le pays fonctionne. Aujourd’hui, nous sommes fiers d’eux. L’année prochaine, aux Jeux de Tokyo, il faudra qu’ils soient fiers de nous. Je voudrais que les athlètes comprennent que l’investissement de tous ces gens va les aider à performer dans quelques mois au Japon.


(KMSP/Stéphane Kempinaire)

Malgré tout, ne va-t-il pas être compliqué de repartir pour une année de préparation olympique ?

Il faut occulter les obstacles et se concentrer sur les opportunités que cette période va nous offrir. Il faut positiver un maximum, sinon ça risque d’être compliqué à gérer. Le contexte est le même pour tout le monde, ne l’oublions pas. Je crois sincèrement que ce report va nous rendre plus fort. Il y aura inévitablement des problèmes à régler, mais on saura trouver les réponses et se relever.

Les trois qualifiés pour les Jeux (Lara Grangeon, Marc-Antoine Olivier et David Aubry) sont-ils toujours sélectionnés pour Tokyo en 2021 ?

La question a été abordée. Il y a eu une incertitude, mais le CIO et la FINA ont été très clairs : les athlètes qualifiés restent qualifiés !

Recueilli par Adrien Cadot  

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