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Une éternité qu’on ne l’avait plus vu aussi souriant, détendu et affûté. Des mois, peut-être même des années. Il faut croire que l’aller-retour que s’est octroyé Clément Mignon entre Montpellier et Marseille à l’automne 2018 a porté ses fruits. Ceux d’une maturité nouvelle, d’une envie de nager et de performer. Longtemps présenté comme le grand espoir du sprint tricolore, le Marseillais a connu deux saisons difficiles depuis les Jeux Olympiques de Rio. En 2017, il ne parvient pas à se qualifier pour les championnats du monde de Budapest. La pilule est amère. Le nageur blessé, frustré. L’année suivante, il arrache péniblement son ticket pour les Euro de Glasgow au sein du relais 4x100 m nage libre. Un ticket qu’il ne poinçonnera jamais vraiment, donnant même parfois l’impression de ne pas trop savoir ce qui l’avait amené en Ecosse. La vie est ainsi faite, cruelle parfois. Mais Clément a su trouver les réponses : s’éloigner pour mieux revenir. Tester la force de sa passion pour retrouver l’envie. En signant 22’’39 en finale du 50 m nage libre le premier jour du FFN Golden Tour-Camille Muffat à Marseille, le nouveau nageur de Julien Jacquier a démontré qu’il était bel et bien de retour.

Nous t’avions quitté défait et passablement contrarié par ton niveau de performance lors des championnats d’Europe de Glasgow, l’été dernier, et on te retrouve affûté, souriant et rapide lors de l’étape marseillaise du FFN Golden Tour-Camille Muffat. Que s’est-il donc passé ?

Je ne suis pas encore aussi rapide que je le voudrais, mais ça va venir (sourire)

Tu as donc prévu d’aller encore plus vite.

Il y a intérêt (sourire)… Je vais tout faire pour en tout cas.

(KMSP/Stéphane Kempinaire).

Parle-nous de cette « transformation » ?

Après les championnats d'Europe de Glasgow (août 2018), j’ai ressenti le besoin de couper. Il fallait que je fasse une pause pour savoir où je voulais vraiment aller. Je suis revenu plus motivé que jamais. Disons que c’était une étape nécessaire pour repartir de plus belle.

Si on comprend bien il fallait que tu tournes le dos à la natation pour mieux replonger. C’est bien ça ?

Absolument ! Au début, je suis parti m’installer à Montpellier. J’avais dans l’idée de refaire ma vie. D’ailleurs, je m’étais trouvé un appartement et une école. Mais une fois là-bas, j’ai commencé à me poser des questions. Petit à petit, je me suis rendu compte que je n’en avais pas encore fini avec la natation. Au final, il s’est avéré qu’en prenant le temps de réfléchir, j’ai compris que je n’avais pas exploité tout mon potentiel.

(KMSP/Stéphane Kempinaire).

Comment expliques-tu ce besoin de couper ?

Ces dernières années, j’ai accumulé pas mal de déceptions (Clément n’avait pas réussi à se qualifier pour les Mondiaux de Budapest en 2017 et il n’avait participé aux Euro de Glasgow qu’au titre du relais 4x100 m nage libre, ndlr). Tout ne s’est pas déroulé comme je l’espérais. Je pense qu’au bout d’un moment, j’ai saturé et éprouvé le besoin de prendre du recul. Il fallait que je sorte de cette spirale. Il n’y avait plus de plaisir. Maintenant, je me sens beaucoup mieux (sourire)

Il semblerait… En tout cas, ça se lit sur ton visage.

Tant mieux, ça fait plaisir !

La reprise n’a-t-elle pas été trop délicate ?

Non, pas vraiment ! En fait, en deux semaines, je faisais quasiment les mêmes temps que l’année dernière avant de partir aux championnats d’Europe de Glasgow. Comme quoi, il suffit que ça aille bien psychologiquement pour que le reste suive.

(KMSP/Stéphane Kempinaire).

Quels seront tes objectifs aux championnats de France de Rennes (16-21 avril) ?

A Rennes, je nagerai les 50 et 100 m nage libre ! Je me suis engagé sur 200 m nage libre, mais c’est uniquement pour faire une prise de temps aux 100 mètres. Je sais que ce sera compliqué de prétendre à une qualification individuelle sur 50 et 100 m nage libre pour les championnats du monde en Corée.

Pourquoi ?

J’ai pris du retard. Il me semble que je suis en train de le rattraper, mais il n’empêche que je suis encore un peu juste sur certaines parties techniques. J’espère que d’ici Rennes, je réussirais à joindre les deux bouts pour avoir un niveau suffisant dès le matin.

(KMSP/Stéphane Kempinaire).

Avec Anna Santamans et Théo Bussière (blessés tous les deux à l’épaule, ndlr), vous êtes un peu les « revenants » du Cercle des Nageurs de Marseille. A l’instar de ce qu’ils nous ont rapporté, as-tu le sentiment d’avoir gagné en maturité la saison dernière ?

Carrément (sourire)… J’ai fait des choix forts : partir, puis revenir ! Les premières semaines à Montpellier n’ont pas été simples. J’ai été confronté à de nombreuses difficultés que je n’avais jusqu’alors jamais eu à gérer. Au début, j’ai regretté mon choix. Je me disais que ma vie d’avant, celle de nageur de haut niveau, était mieux, plus simple. Pour autant, je ne voulais pas revenir juste pour revenir… J’ai pris le temps de réfléchir, de me questionner pour être certain de reprendre la natation pour de bonnes raisons.

Recueilli à Marseille par A. C.

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