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Capitaine du Cercle, Igor Kovacevic revient sur le titre décroché samedi par son équipe à Niksic face au Jadran Herceg-Novi.

Dans ton interview après la finale aller, tu m’avais confié que les chances du Cercle de remporter le titre s’élevaient à « 70-30 ». Est-ce cette confiance que tu as partagée avec l’équipe lorsque tu as pris la parole avant le coup d’envoi de la rencontre retour ?

Ce que j’ai dit juste avant le match, c’était qu’on ne devait pas se poser de questions, qu’on devait se donner à 100% pour ne rien regretter à la fin et pour pouvoir se regarder dans une glace. Mais franchement, je n’ai jamais douté de notre détermination, ni d’ailleurs du fait qu’on allait gagner. On dégageait tellement d’énergie positive ! On en a parlé avec Paul (Leccia, le président du Cercle des Nageurs de Marseille, ndlr) après le match et il m’a dit qu’il avait ressenti la même chose des gradins. On donnait l’impression que rien ne pouvait nous arriver. De toute façon, j’ai utilisé à l’échauffement le même élastique qu’à Trieste, quand on s’est qualifié pour les Jeux de Rio avec l’équipe de France (rires)

Vous n’avez vraiment jamais douté ? Même quand vous avez été menés de deux buts en fin de deuxième période ?

Ça va peut-être paraître prétentieux, mais je n’ai pas vraiment le souvenir que nous avons été menés de deux buts. En tout cas, moi, je n’ai pas regardé souvent le tableau d’affichage Les autres non plus. On était concentrés sur nous, sur ce qu’on avait à faire.

Ton but à 1’45’’ de la fin de la rencontre vous permet de passer en tête pour la première fois dans ce match. Il oblige surtout les Monténégrins à ce moment-là à scorer deux fois pour s’offrir la séance de penalties et trois pour vous battre. Est-ce que tu y penses quand tu shootes et est-ce que c’est le but le plus important de ta carrière ?

Encore une fois, je ne sais pas vraiment où on en est au niveau du score. Je me dis juste que si je reçois le ballon à ce moment-là, il faut que je tire. Est-ce que c’est le but le plus important de ma carrière ? Oui, certainement. Ou plutôt, je dirais que les deux buts que je marque à Niksic sont les plus importants de ma carrière. Ce n’est pas tous les jours que tu joues une finale de coupe d’Europe et que tu la gagnes !

(FFN/Jean-Pierre Chafes).

C’est en tout cas toi, le capitaine, qui a fait définitivement basculer la rencontre du bon côté. C’est l’occasion d’évoquer évidemment la façon dont tu conçois ce rôle dont tu as hérité en début de saison ? Et comment tu l’as vécu durant cette aventure européenne ?

En fait, c’est Paul, le président, qui m’a fait l’honneur de me confier le capitanat et Marc (Amardeilh, l’entraîneur) a confirmé quand il a été nommé à la tête de l’équipe première. En début de saison, mon rôle était plutôt de parler avec tout le monde, de faire en sorte que tous les joueurs apprennent à se connaître, les nouveaux, les anciens, les jeunes, les vieux... Une sorte de grand frère, même si je ne suis pas le plus âgé de l’équipe. Mais pendant les matches, les actes doivent remplacer la parole. Tu dois montrer pourquoi tu es capitaine. Tu dois donner plus que tout le monde. Tu dois être celui qui trouve les solutions quand rien ne marche. Dans ma tête, je me dis souvent : « Bouge ton cul, t’es capitaine. C’est à toi de faire ça ». Par exemple quand on a perdu le match aller contre Strasbourg en ¼ de finale, j’ai dit à ma femme en rentrant à la maison : « C’est moi le capitaine. C’est à moi de montrer l’exemple ». Au retour, je marque le premier but et toute l’équipe fait un très bon match puisqu’on bat Strasbourg de six buts. Ce jour-là, je me suis senti un vrai capitaine.

Quels sont, pour toi, les différents ingrédients qui ont fait le succès de cette équipe du Cercle version 2018-2019 ?

Avant tout, on a réussi le mélange parfait entre travail et amitié ! Marc y a été pour beaucoup. Quand il est arrivé, il nous a expliqué sa façon de voir le jeu, mais il nous a aussi demandé notre avis. Cet échange a été bon pour la cohésion du groupe. Une autre raison du succès tient dans l’encadrement qui a été mis en place autour de l’équipe. Marc et Jean-Marie (Olivon , entraîneur adjoint) bien sûr.  Léa, la kiné. Brice, l’osthéo. Pierre-Antoine, le préparateur physique. Romain Burle, le manager qui s’occupe des choses de tous les jours. Romain Barnier, le directeur sportif. Fred Audon, le directeur général. Paul, le président qui fait tout pour qu’on soit dans les meilleures conditions. Quand t’es entouré et soutenu comme ça, quand t’es dans un club comme ça, t’as naturellement envie de tout faire pour réussir. En fait, c’est l’énergie positive qui s’est créée dans et autour de l’équipe qui a fait cette réussite.

(FFN/Jean-Pierre Chafes).

D’origine serbe, tu as choisi d’évoluer dans un club français et d’adopter la nationalité française. Est-ce que ce succès, décroché de surcroit face au Jadran Herceg-Novi, une équipe monténégrine, a un petit goût particulier pour toi ? Une sorte de revanche pour celui qui a fait le choix du « Petit Poucet » français ?

Non, il n’y a pas eu du tout d’esprit de revanche, mais beaucoup de plaisir bien sûr. Et beaucoup d’émotions aussi. Parce que ce que tu ne sais pas, c’est que si je suis Serbe, j’ai commencé le water-polo à Baosici, une petite ville du Monténégro, à côté d’Herceg-Novi, où mes parents ont une maison ! C’est là où a commencé aussi Ivovic (international monténégrin) avec qui j’ai d’ailleurs remporté ma première médaille. Jouer à Niksic, face à Herceg-Novi a donc été très fort émotionnellement. D’autant que mon premier entraîneur était présent au match. A la fin, il m’a félicité et m’a dit en souriant qu’il avait été un bon professeur. L’émotion a été aussi très grande pour Milos (Scepanovic, le gardien de but du Cercle). Le Jadran est son club, celui où il a débuté et celui où il a joué la plus grande partie de sa carrière. C’est également une grande star dans tout le Monténégro. C’était le gardien de l’équipe qui a été championne d’Europe en 2008. On l’a d’ailleurs vu au moment de la présentation des équipes quand il a été longuement applaudi par les supporters monténégrins. Mais c’est un très grand professionnel et il a très bien géré ses émotions.

On ne t’a pas vu en équipe de France cette saison. C’était un choix personnel ou celui de l’entraîneur, Nenad Vukicevic ? Est-ce que cette victoire va relancer ta carrière internationale ?

Depuis un an, je suis blessé à l’épaule droite. Le même problème pour lequel Enzo (Khasz) a été opéré. Moi, à 31 ans, je me suis dit que ça ne servait pas à grand-chose de se faire opérer. Surtout avec les six mois de kiné et de remise à niveau physique qui suivent. Du coup, je m’entraîne beaucoup moins et de façon beaucoup moins intensive qu’avant. Et en tout cas, je ne pourrais pas tenir le rythme d’une saison en club plus les stages et les matches de l’équipe de France. Je l’ai dit à Nenad (Vukanic, l’entraîneur de l’équipe de France). Il a compris. De toute façon, l’avenir de l’équipe de France, ce n’est pas moi. J’ai vécu trois ans merveilleux avec en particulier la qualification pour les JO de Rio, un rêve qui est devenu réalité, mais aujourd’hui place aux jeunes !

Recueilli par Jean-Pierre Chafes

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