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L'ancien directeur de la natation course dresse le bilan de l’année 2016 et nous présente les enjeux de la saison à venir.

Que retenez-vous de l’année 2016 ?

Une image me reste en mémoire : l’échange, le partage et les émotions ressenties pendant le 1 500 m nage libre de Damien Joly lors des séries des Jeux Olympiques de Rio (14’48’’90, record de France). C’était un moment unique, fort et particulièrement intense. Après la course, Damien a confié à son entraîneur (Franck Esposito) qu’il nous avait aperçus et que cela lui avait donné de la force. J’ai trouvé ça très beau.

Aucun regret ?

Non, cette expérience a été très enrichissante, tant humainement que professionnellement, mais j’aurais aimé que certaines choses se passent autrement… En même temps, nous avons manqué de temps pour mettre en place tout ce que nous avions en tête. J’avais imaginé beaucoup de choses, mais tout ne s’est pas déroulé comme prévu…

Le bilan de deux médailles d’argent (Florent Manaudou sur 50 m nage libre et le relais 4x100 m nage libre, ndlr) n’a pourtant rien de catastrophique.

Je suis convaincu que nous aurions pu faire mieux… Certains pensent que jamais nous n’aurions pu ramener cinq ou six médaille de Rio, mais je crois sincèrement qu’avec un peu plus d’humilité, nous aurions atteint cet objectif ! C’est également valable pour moi… Je n’ai sans doute pas suffisamment écouté les membres de l’équipe de France et je crois aussi que j’aurais pu davantage faire entendre ma voix. L’année dernière, on a redouté de se confronter à certaines difficultés qui ont fini par jaillir aux Jeux Olympiques de Rio. Or, ce n’était plus le moment de faire front. A cet instant, il fallait faire corps !

Qu’entendez-vous par « davantage faire entendre ma voix » ?

(Il réfléchit)… Disons que j’ai été placé à la tête de la natation olympique et de l’eau libre, mais j’étais clairement plus légitime comme responsable de l’eau libre. Ça ne me faisait pas peur de défendre mes idées, une certaine vision du haut niveau, de l’exigence et de la performance, mais bon, je crois aussi que nous étions arrivés au bout d’un cycle (il s’interrompt)… Il fallait bien qu’un jour ça marche moins bien. Ce n’était évidemment pas une fatalité, mais le haut niveau est fait de cycles. Je suis convaincu que ça fonctionnera à nouveau, mais il était normal d’enregistrer une baisse de régime… Malgré tout, il ne faut pas tout jeter. Florent Manaudou est à un centième de l’or olympique tandis que le relais 4x100 m nage libre s’est heurté à une incroyable équipe américaine.

Que souhaitez-vous à la natation course pour 2017 ?

Le meilleur, évidemment ! D’autant qu’une nouvelle génération est en marche, comme on a pu le constater aux championnats de France en petit bassin à Angers (17-20 novembre 2016). Il y a plein de bons jeunes en équipe de France, ça, je n’ai jamais cessé de le répéter. Il faut le dire, l’écrire et faire comprendre aux gens qui nous suivent que tous les talents n’ont pas disparu. Une nageuse comme Charlotte Bonnet, par exemple, n’a que 21 ans. Elle est jeune, très jeune, et peut vraiment devenir très forte. Il en va de même pour Béryl Gastaldello, Mathilde Cini ou Anna Santamans… Peut-être que la prochaine olympiade sera féminine, comme ce fut le cas en 2004-2008. Et puis n’oublions pas que nous avons une natation à maturité tardive. A l’exception de grands talents comme Laure Manaudou ou Yannick Agnel, nos champions atteignent leur plénitude vers 24-25 ans.

Recueilli par A. C.

 

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