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Chef des urgences à l’hôpital de Vichy, David Dall’acqua est en charge du suivi des nageurs participant à la première édition du championnat de France de nage hivernale organisé dans l’Allier du 1er au 3 février. Dans une eau à 4,8°C, les risques d’hypothermie sont réels. Hors de question de laisser dans ces conditions les nageurs s’élancer sans la moindre surveillance médicale.

La première matinée du championnat de France de nage hivernale (le vendredi 1er février) était consacrée à des tests médicaux. Pourquoi ?

En raison des conditions extrêmes de cet effort. Lors des tests, nous avons contrôlé un électrocardiogramme de moins de deux mois ainsi que tous les paramètres de fréquence cardiaque avant de réaliser un entretien sur les antécédents médicaux, le parcours sportif de chaque engagé et les traitements en cours, s’il y en a.

Quel est le risque pour les nageurs dans une eau à 4,8°C ?

L’hypothermie avec toutes les conséquences que cela peut avoir sur l’organisme surtout au niveau cardiaque. Sans oublier l’œdème pulmonaire qui peut subvenir à l’issue de l’épreuve.

David Dall’acqua (KMSP/Stéphane Kempinaire).

(KMSP/Stéphane Kempinaire).

En observant les nageurs, on constate que leurs mouvements sont ralentis, presque décomposés à certains moments.

C’est un effet du froid, mais il y a aussi un effort à gérer. L’épreuve du 1 000 mètres dans une eau à moins de 5°C impose de s’économiser. Cela explique, en partie, cette impression de « ralentissement ».

En sortant du bassin, les nageurs affirment que l’effort est finalement bien plus mental que physique.

Le froid agit sur le fonctionnement cérébral comme sur tous les muscles. Rapidement, le froid ralentit le bon fonctionnement du cerveau. Les nageurs sont alors moins aptes à coordonner leurs gestes ou simplement à réfléchir pour prendre des décisions. Tout cela devient très difficile.

Responsable du bon déroulement de la compétition, Jacques Tuset, un pionnier de l’eau libre tricolore, délivre ses dernières consignes aux participants du 1 000 mètres, l’épreuve phare de la nage en eau froide (KMSP/Stéphane Kempinaire).

Les nageurs engagés sur cette première édition du championnat de France de nage hivernale sont malgré tout en mesure de résister au froid.

En théorie, ils se sont entraînés en conséquence, mais rien ne présage la réaction du corps face au milieu hostile que représente une eau à 4,8° C. c’est vraiment difficile d’anticiper le stress que cela va générer sur l’organisme.

Comment les nageurs se réchauffent-ils en sortant de l’eau ?

Le plus important, c’est de se réchauffer progressivement. Il ne faut surtout pas qu’ils se plongent dans un bain chaud, par exemple, sous peine d’entraîner une dilatation du système vasculaire. Le mieux, c’est qu’ils se couvrent dans un premier temps avant de récupérer de leur effort dans une ambiance un peu plus chaude. Pour finir, ils peuvent s’immerger dans un bain chaud pour se réchauffer complètement.

En sortant d’une eau à 4,8°C, les nageurs sont immédiatement pris en charge et conduit à l’intérieur du complexe vichyssois pour se réchauffer progressivement (KMSP/Stéphane Kempinaire).

(KMSP/Stéphane Kempinaire).

Combien de temps prend ce réchauffement environ ?

Ça dépend des organismes, mais il faut compter entre trente minutes et une heure. Tout dépend aussi du gabarit de l’athlète. Ce qu’il y a de certain, c’est que le corps commence par sécuriser certains organes comme le cœur et le cerveau, limitant de fait la circulation sur les extrémités, comme les doigts et les pieds.

Recueilli à Vichy par Adrien Cadot

 

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