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Du 1er au 3 mars dernier, le stade nautique Maurice Thorez de Montreuil a accueilli la neuvième édition de l’Open de France de natation artistique. Avec cinq médailles, trois en équipe, une en duo technique glanée par les sœurs Tremble et une dernière en solo libre par l’intermédiaire d’Eve Planeix, les Françaises ont fait montre d’ambitions prometteuses face à une concurrence relevée (vingt-huit nations engagées, ndlr). A un peu plus d’un an du tournoi de qualification olympique (avril 2020) pour les Jeux de Tokyo, Sylvie Neuville, Directrice de la discipline à la Fédération Française de Natation, est convaincue que les Bleues mettent tout en œuvre pour atteindre leur objectif.

Quel bilan tirez-vous de la neuvième édition de l’Open de Montreuil ?

L’Open de France de natation artistique est l’une des étapes emblématiques du circuit des World Séries imaginé par la Fédération Internationale de Natation (FINA). La France fait rêver les délégations étrangères, notre capitale encore plus. Alors venir nager à Paris, c’est quelque chose qui intéresse beaucoup d’équipes. D’autant que l’organisation de la compétition ne cesse de s’améliorer. A ce titre, Lisa Schott (présidente de la commission natation artistique à la FINA, ndlr) s’est montrée très satisfaite de ce que nous avons proposé cette année.

L’Open de France constitue également une incomparable vitrine médiatique.

L’Open de France est, en effet, une très belle vitrine ! Malgré tout, il est hors de question de se satisfaire de cette seule exposition. Nous devons continuer de travailler pour promouvoir l’équipe de France ainsi que notre sport. Quant à l’Open, il faut continuer de se remettre en question afin d’élargir notre audience auprès du grand public, des médias et surtout auprès des partenaires. La natation artistique française a besoin d’un soutien solide pour se donner les moyens de ses ambitions.

Sylvie Neuville (FFN/Philippe Pongenty).

Qu’en est-il du bilan sportif : êtes-vous convaincue par les progrès réalisés par les nageuses de l’équipe de France ?

L’Open de France inaugure le début de la saison internationale. A ce titre, je considère que les filles ont réalisé une belle entrée en matière. L’équipe de France a montré qu’elle était prête à en découdre. Les débuts de saison sont toujours difficiles à gérer, mais je trouve que cette année les filles ont fait montre d’un allant et d’une motivation impressionnante. Je tire également un coup de chapeau aux entraîneurs du collectif national, Julie Fabre et Laure Obry, pour tout le travail qu’elles ont accompli cet hiver. C’est vraiment de très bon augure pour la suite de la saison.

Cela va-t-il permettre aux nageuses tricolores d’aborder les prochaines échéances internationales avec davantage de sérénité et de confiance ?

Il est certain que les performances des filles à l’Open de France constituent un démarrage idéal en termes de confiance. Cela va leur permettre de continuer à aller de l’avant sur les prochaines échéances fin avril, au Japon, et début mai, en Chine. D’ici-là, nous disposons d’un peu de temps pour peaufiner nos chorégraphies. Par ailleurs, et je tiens à le souligner, j’ai été très agréablement surprise par la qualité d’exécution de nos duos, aussi bien pour les sœurs Tremble (Laura et Charlotte, ndlr) que pour le duo junior composé de Margaux Chabirand et Camille Bravard.

(FFN/Philippe Pongenty).

Comment l’expliquez-vous ?

Quinze jours avant l’Open de France, nous avons eu la chance de nager au gala international qui s’est tenu à Saint-Amand-Les-Eaux. C’était très intéressant parce que les filles ont pu réaliser trois exhibitions dans un contexte concurrentiel (huit nations ont été invitées à participer à l’événement, ndlr) sous le regard aiguisé de juges internationaux avec lesquels nous avons également organisé des séances d’échanges et de travail. Ce rendez-vous a servi de répétition grandeur nature avant les confrontations de l’Open de France. Il me semble que cela a joué dans le niveau de préparation. D’autant que les pays présents au gala de Saint-Amand-Les-Eaux l’étaient également à Paris.

A vous entendre, on a le sentiment que les nageuses de l’équipe de France sont d’ores et déjà focalisées sur l’objectif olympique.

Les Jeux, c’est l’objectif suprême ! Toutes les filles rêvent d’y participer. Alors oui, elles travaillent depuis de début de la saison en ne pensant qu’à ça. Au total, elles s’entraînent 35 heures par semaine en se focalisant complètement sur les Jeux de Tokyo en 2020 et, bien sûr, ceux de Paris en 2024. Comment les occulter ? Disputer les Jeux à la maison devant son public et ses proches, c’est encore un cran au-dessus.

(FFN/Philippe Pongenty).

Cet « acharnement » porte-t-il ses fruits ?

Aujourd’hui, je peux clairement affirmer que les Françaises ont franchi un palier en termes de travail, de volonté et d’efficacité ! L’émulation qui règne au sein du groupe est saine et stimulante.

Le Tournoi de qualification olympique se tiendra en avril 2020. Les Françaises seront-elles prêtes ?

J’ai le sentiment que l’équipe donne tout pour se qualifier. Mais la bataille va être rude avec le Canada, le Mexique et la Grèce notamment. Je suis certaine que nos adversaires sont tout autant investies. Je le constate d’ailleurs régulièrement sur les réseaux sociaux, où l’on voit ce que les pays mettent en œuvre pour tenter d’influencer les jurys. Dans ce domaine aussi nous sommes passés à l’offensive !

De quelle manière ?

En décembre 2018, nous avons inauguré une collaboration avec l’Italie sur laquelle nous avons largement communiqué. Nous travaillons également avec Stéphane Miermont, l’un des meilleurs chorégraphes du monde. Logiquement, nous devrions être prêtes pour les championnats du monde de Gwangju, cet été, où il sera impératif de donner une bonne image de la France.

L'équipe de France prend la pose pour Viriginie Dedieu, triple championne du monde en solo (FFN/Philippe Pongenty).

D’ici là quel sera le programme de l’équipe de France ?

L’équipe sera en Asie du 23 avril au 7 mai pour disputer les étapes des World Séries du Japon et de la Chine. Les Françaises participeront également à l’étape de World Séries en Espagne du 29 mai au 2 juin et il y a de fortes chances qu’elles se qualifient pour la Super Finale qui aura lieu à Budapest du 12 au 16 juin. Ensuite, pour s’adapter au décalage horaire, nous serons du 2 au 8 juillet à Shanghai avant de rallier Gwangju quelques jours avant le début de la compétition.

Peut-on dire que la natation artistique tricolore est actuellement en phase de mutation ?

Nous sommes en train de révolutionner notre modèle ! Ça n’a pas été simple de tout changer, mais je suis intimement persuadée qu’il n’y a pas d’autre alternative. Aujourd’hui, si nous voulons être concurrentielles sur la scène mondiale, cela passe par l’exigence et la rigueur. Ainsi, les nageuses tricolores doivent être non seulement capables de gagner leur place au sein du collectif national, mais également de travailler pour la conserver. Le haut niveau est à ce prix, c’est la règle du jeu. Il ne peut en être autrement, sous peine de limiter la progression.

Ce changement se limite-t-il aux seuls bassins ?

Non, évidemment ! Lorsque nous organisons l’Open de France, c’est aussi pour montrer à quel point la France est importante au niveau mondial. Il faut aussi que nous soyons présents au sein des instances internationales (FINA, LEN et COMEN), dans les séminaires et auprès des juges internationaux. Si nous voulons atteindre nos objectifs, il faut que nous soyons en première ligne.

Recueilli par Adrien Cadot (avec J. C.)

 

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