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Elle trouvait un épanouissement à développer ses activités de coach aux Etats-Unis auprès de l'équipe nationale américaine de natation artistique qu'elle venait d'accompagner dans son déménagement vers Los Angeles. Vice-championne du monde et double championne d'Europe, Anna Voloshyna a été rattrapée par les tragiques événements qui secouent son pays. Née à Kharkiv, l'ancienne nageuse multi-médaillée est évidemment pleinement concernée par la situation et a tenu à s'exprimer sur le sujet, diffusant en parallèle ses propos sur les réseaux sociaux. Bien que livré à distance, son témoignage est empreint d'une profonde émotion et de sentiments forts.

« Salut, le monde... Je suis fière d'être Ukrainienne. Je fais partie d'un pays courageux, fort et indépendant. Je ne me sens pas à l'aise à l'idée de dire quelque chose... Je suis loin de mon pays, de mes amis et de ma famille qui vivent en Ukraine. Mais je ne peux plus garder pour moi ce que je ressens. Chaque matin, je me réveille les mains tremblantes. La première chose que je fais, ce n'est pas du café, ce n'est pas de préparer un petit-déjeuner de champion, la première chose, c'est de prendre des nouvelles de ma famille. Est-elle en vie ? Puis, le reste de la journée, je prends des nouvelles de tous mes amis, j'essaie de partager toute information utile et de trouver toute aide possible. »

(Photo : Agence KMSP/Stéphane Kempinaire)

« Je pleure beaucoup... parce que je suis impuissante. J'appelle mes grands-parents et j'entends combien ils pleurent... J'envoie des messages à mes coéquipières et je constate qu'elles sont dans des souterrains avec des températures négatives... Je reçois des messages du genre : « Il faut que je fuie, j'entends des bombes pas loin... ». C'est dur, ça fait mal, c'est destructeur. La vie s'est divisée entre le passé et le présent. Ma ville (Kharkiv) est détruite par l'armée russe. Ils ont dit qu'ils n'allaient cibler que les objectifs militaires. Mensonge ! Ils attaquent les civils. Les crèches, les hôpitaux, les zoos, les zones de vie publiques... ce ne sont pas des cibles militaires ! »

(Photo : Agence KMSP/Stéphane Kempinaire)

« Tous les jours, je prie. J'espère que la guerre s'arrêtera bientôt. À vous qui me lisez, merci beaucoup pour votre soutien et votre aide ! Ça signifie beaucoup ! Et les autres, ceux qui pensent que l'armée russe apporte la paix en Ukraine, merci à vous aussi. Maintenant, je sais qui vous êtes. »

Recueilli par David Lortholary

LES SYNCHROS UKRAINIENNES EN ORDRE DISPERSE

Quant à elle, en Californie, Lolita Ananasova, l'inoubliable « moitié » du duo ukrainien de Rio 2016 aux côtés d'Anna, a décliné la mort dans l'âme l'invitation à témoigner, trop émue par la situation vécue par son pays et par le fait qu'une partie de sa famille est restée à Kiev. Svetlana Saidova, de son côté, nous a transmis des informations parcellaires. Une petite dizaine des nageuses de l'équipe nationale qu'elle dirige cherchait, en début de semaine, à quitter le pays, après avoir mis près de deux jours à atteindre la frontière. « J'ai besoin d'informations pour savoir où elles doivent aller ensuite ! », appelait-elle à l'aide, « nous avons besoin d'un plan parce que les filles vont quitter le pays sans leurs coaches. » Olesia Zaitseva, l'une des fidèles entraîneurs du collectif, partait de son côté vers l'Allemagne avec sa famille et quelques autres nageuses, avec l'espoir de reprendre contact avec le reste du groupe une fois à destination. À l'heure d'écrire ces lignes, Olesia était à Lviv, avant de poursuivre sa route vers l'ouest. La veille, trois autres des filles basées à Kharkiv, parmi lesquelles Lesia Dereviantchenko, qui nous le confirmait elle-même, quittaient elles aussi la grande ville du nord-est en direction de Lviv.

D. L.

Lolita Ananasova et Anna Voloshyna (Photo : Agence KMSP/Stéphane Kempinaire).

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