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L’Américain Bob Bowman, 57 ans, est un symbole d’excellence et de réussite sportive. Entraîneur de Michael Phelps, athlète le plus titré de l’histoire des Jeux olympiques (28 médailles dont 23 en or, ndlr), il a d’abord exercé à l’Université du Michigan (2005-2008) comme entraîneur en chef avant de rejoindre le North Baltimore Aquatic Club (2008-2015), puis de prendre les commandes du groupe élite de l’Université d’Arizona State (depuis 2015), où Léon Marchand l’a rejoint à l’issue des Jeux de Tokyo de 2021. Coach unanimement reconnu, respecté et salué au-delà des seuls bassins de compétition, Bob Bowman a retrouvé l’équipe de France en stage à Canet-en-Roussillon, début juin, avant d’accompagner les Bleus aux championnats du monde de Budapest (18-25 juin), où son poulain à rafler le titre mondial du 400 m 4 nages en signant un chrono stratosphérique (4’04’’28 alors que le record du monde d’un certain Michael Phelps est de 4’03’’84). Il revient sur l’exploit de la pépite tricolore.

Bob, comment avez-vous réagi en voyant Léon Marchand s’imposer en finale du 400 m 4 nages (samedi 18 juin) ?

Je savais qu’il avait le potentiel pour décrocher ce titre, mais franchement, j’ai été surpris par son chrono (4’04’’28). Je ne pensais pas qu’il serait capable de nager aussi vite. Mais j’ai été très heureux de le voir signer pareille performance.

Quel mot pouvez-vous mettre sur ce qu’il a accompli ?

Excellent ! Quoi d’autre ? Il a donné le meilleur de lui-même en respectant les consignes de course. Tout a été parfaitement exécuté, qui plus est sous la pression d’une finale mondiale, donc oui, sa prestation était tout simplement excellente !

Bob Bowman et Léon Marchand lors du stage de préparation de l'équipe de France à Canet, début juin (KMSP/Stéphane Kempinaire).

De quelle manière vous a-t-il surpris et étonné ?

Son chrono, comme je vous le disais, est inattendu, mais quand on respecte les consignes, quand on s’engage vraiment et que l’on travaille dur, cela donne ce genre de résultat. Je suis heureux qu’il soit récompensé de ses efforts à l’entraînement. Cela peut lui permettre d’aller encore plus loin la prochaine fois.

Hier (samedi 18 juin), avez-vous cru qu’il serait capable d’effacer le record du monde de Michael Phelps des tablettes internationales (4’03’’84 aux Jeux de Pékin en 2008, ndlr) ?

J’y ai pensé, bien sûr, et cela ne s’est pas joué à grand-chose (sourire)

(KMSP/Stéphane Kempinaire)

Que lui avez-vous dit après la finale ?

D’abord que j’étais fier de lui et ensuite qu’il fallait qu’il reste concentré sur sa prochaine course (sourire)

Qu’attendez-vous justement de ses prochaines épreuves aux Mondiaux de Budapest (200 m papillon et 200 m 4 nages) ?

Il va d’abord falloir qu’il occulte sa performance sur 400 m 4 nages pour se focaliser sur ses prochaines courses. Dans ce genre de rendez-vous international, il faut avancer une épreuve après l’autre en tachant de rester aussi focus que possible sur ses objectifs. Mais Léon est quelqu’un d’humble et de posé. Je sais qu’il va réussir à switcher, même si ce qu’il a vécu hier soir (samedi 18 ans) était particulièrement intense. Surtout que c’était la première fois. Mais c’est une bonne chose. Il emmagasine de l’expérience pour la suite. La prochaine fois, il saura un peu mieux gérer ses émotions et faire la part des choses pour ne pas perdre trop d’énergie.

D’autant que c’est quelque chose que vous avez expérimenté dans votre carrière avec Michael Phelps.

Oui et cela pendant près de vingt ans (sourire)… Je sais très bien comment fonctionnent les médias et le temps que cela peut prendre de parler à tout le monde après une victoire. Je connais le risque que ce genre de situation peut provoquer.

(KMSP/Stéphane Kempinaire)

Comment avez-vous vécu cette victoire de Léon au sein de l’équipe de France de natation ?

Je sentais bien que tout le monde était optimiste. On savait qu’il pouvait nager vite. Mais bon, après, il faut aussi en être capable et le faire le jour J. Léon a répondu présent. C’est une bonne chose pour lui et pour la natation française. Hier soir (samedi 18 juin), tout le monde a appris. Mais comme je l’ai déjà dit, il ne faut pas s’arrêter à ce titre. Toute l’équipe doit se remettre au travail et continuer d’avancer vers les prochains objectifs.

Vous semblez très rationnel, très concentré, déjà dans l’analyse, mais avez-vous pris du plaisir pendant la finale de Léon ?

Enormément (sourire)… Durant la course, j’ai beaucoup aimé la façon dont Léon s’est impliqué, la manière qu’il a eu de respecter les consignes. Cela signifie que mon message passe et que nous sommes sur la même longueur d’onde. Ce qui compte, pour moi, c’est surtout ça : s’engager dans une épreuve et appliquer ce que l’on a décidé de mettre en place !

(KMSP/Stéphane Kempinaire)

Etes-vous surpris de la progression de Léon depuis son arrivée à Phoenix en septembre 2021 ?

Je suis surpris par ses qualités d’adaptation. Après, Léon travaille très dur et c’est un nageur extrêmement talentueux. C’est une bonne combinaison !

Avez-vous reçu un message de Michael Phelps ?

Oui, il n’a pas pu suivre la course en direct, mais il a été très impressionné par le chrono de Léon (4’04’’28) et je sais qu’il est impatient de visionner la finale.

A Budapest, Adrien Cadot

(KMSP/Stéphane Kempinaire)

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