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A 45 ans, David Smetanine piaffe de glisser dans son maillot et sa ligne d’eau, ce matin, pour la reprise de l’entraînement. Ni la pandémie ni le confinement ne l’ont freiné vers son objectif de participer à ses cinquièmes Jeux et d’y décrocher une dixième médaille.

Comment avez-vous vécu l’annulation des Jeux puis le confinement ?

Comme un soulagement ! Représentant les athlètes dans telle et telle commission, j’étais, au départ, pendant plusieurs semaines, dans un flot d’informations à relayer pour les accompagner au mieux. D’entrée, l’évidence était de ne pas organiser les Jeux avec des risques sanitaires.  La santé pour tous devait être, doit être LA priorité des priorités. Une fête avant tout, les Jeux ne devaient pas devenir un désastre, une catastrophe mondiale. L’évidence était de rester chez soi pour se protéger et pour protéger les autres.

Etre au cœur de ces informations n’a pas été trop perturbant ?

Bien au contraire ! Etre informé permet de ne pas subir, de mieux agir, d’être plus serein puis de s’adapter. S’adapter est mon quotidien depuis toujours. Quelque part, nous les athlètes, nous vivons, aussi, un peu, comme des confinés, des ermites se levant très tôt dans notre bulle très cadrée, routinière et un peu loin d’un quotidien d’actif classique. Fataliste, je n’ai pas été perturbé ou paniqué par ce confinement. En 2013, j’avais aussi vécu une grave blessure donc je connaissais la saveur et les contours de ce genre de parenthèses.

(Photo : Sophie Greuil)

De quelle manière vous êtes-vous projeté vers Tokyo 2021 ?

Je me suis remis à me définir une nouvelle temporalité, une cible et ses étapes prépondérantes pour aller de l’avant. Désormais, je suis prêt, concentré pour les optimiser.

Quel a été votre entraînement pendant ce confinement ?

Pendant le premier mois, j’ai soufflé. Après, j’ai roulé notamment en me mettant des challenges sur ma route de montagne alors déserte, j’ai fait des haltères, des abdos... Souvent, pour aller rouler à tel ou tel endroit, je garais ma voiture à Meylan ou Echirolles devant les piscines où je m’entraînais. Jeudi dernier, je me suis surpris avoir le nez à la vitre du bassin, regardant l’eau calme, les lignes d’eau, les plots. J’aurais pu y rester une heure. Depuis le 11 mai, je tournais un peu en rond, impatient de remettre en maillot ! Je n’ai pas pris de poids, mais mes muscles ont un peu séché. Pour un reportage, je me suis remis dans ma piscine de jardin : ce fut la Bérézina totale ! J’étais comme un chat avec du scotch sous les coussinets : je coulais !

Impatient excité ou avec une certaine appréhension ?

Nous avons douze mois pleins pour être ultra-performants : nous ne devons donc pas nous planter ! Petit à petit, nous reviendrons, nous retrouverons nos appuis. L’impatience serait un frein. Comme après le retour d’une blessure, ne pas vouloir brûler les étapes sera primordial. A 25%, mon expérience va me sécuriser. A 25%, j’ai la certitude d’y arriver. A 25%, je suis hyper-excité d’avoir encore un an de pour faire durer le plaisir. A 25%, je suis dans l’inconnu mais, décidé à atteindre mon ultime objectif.

Recueilli par Sophie Greuil

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