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Cadre technique détaché auprès de la Ligue Bourgogne-Franche-Comté, entraîneur des nageurs du Centre Post-Bac de Préparation à la Performance (C3P) à Dijon, Éric Rebourg a lancé une série de podcasts basée sur des échanges entre entraîneurs.

Comment a germé cette idée de podcast sur l’entraînement ?

Cela fait un moment que j’écoute des podcasts sur la natation, mais venant des Etats-Unis. Ça n’existait pas vraiment en langue française et je trouvais que c’était un bon outil d’échanges et de formation. Le confinement aidant, je me suis dit : « Je me lance ». Je connais quasiment tous les entraîneurs français et c’est parti comme ça. J’ai démarré sur le deuxième mois du confinement durant lequel je sortais un podcast par jour. Depuis, j’ai réduit un peu le rythme avec la reprise des « activités normales » (entre deux et trois podcasts par semaine, ndlr).

Comment ce projet a-t-il été perçu par vos confrères ?

Tous les entraîneurs que j’ai contactés étaient partants pour répondre. Il y avait même de l’enthousiasme. Quand les premiers sont sortis, j’ai reçu pas mal de messages de coaches, de jeunes en formation, voire de parents de nageurs. Ce podcast, je l’ai vraiment imaginé sur l’entraînement, je ne voulais pas faire du « people » ou parler de l’actualité. Ils sont orientés sur une volonté : « Qu’est-ce que cet outil peut m’apporter en tant qu’entraîneur ? ». Car c’est un métier où on doit créer sans arrêt, s’adapter aux athlètes que l’on a et aux conditions.

Eric Rebourg (Photo : Rémi Chevrot).

Comment choisissez-vous les intervenants ?

J’ai interviewé de nombreux entraîneurs de haut niveau (Michel Chrétien, Franck Esposito, Julien Jacquier, Denis Auguin, Vanessa Brouard, ndlr), mais aussi d’autres qui ont des résultats dans des structures plus petites pour montrer à tout le monde que l’on peut faire des choses. Ce n’est pas parce qu’on n’a pas un bassin de 50 mètres avec 10 lignes que l’on n’est pas capable de rechercher de la performance.

Les échanges sont une donnée centrale de vos podcasts…

Tout à fait ! Parfois ça engendre des questionnements entre coaches qui s’appellent : « Tiens, tu as dit ça, tu peux m’en dire plus ? ». L’idée est de créer du lien quand on va se retrouver au bord des bassins en compétition. Ce qui existe déjà. En France, il y a une très bonne relation entre les entraîneurs, on discute beaucoup, mais on se pose assez rarement pour parler vraiment de l’entraînement.

Ces podcasts sont donc réservés aux entraîneurs ?

Non, il y a aussi des nageurs qui écoutent et c’est intéressant. Depuis plusieurs années, on leur demande d’être beaucoup plus acteurs de leur pratique, de plus réfléchir à ce qu’ils font. Je reçois des messages de nageurs, certains me posent des questions. Des parents se manifestent également. Cela permet de montrer à tout le monde que les séances sont réfléchies. La natation, ce n’est pas juste mettre ses gamins à la garderie pour faire des longueurs.

(Adobe Stock)

En quoi votre métier a-t-il évolué depuis vos débuts ?

Ça évolue tout le temps ! On a des entraîneurs, même en France, qui ont des conceptions différentes, entre ceux qui vont nager avec moins de volumes, mais plus avec un développement de la force, d’autres qui vont privilégier le volume… Quand je nageais, dans les années 90, on s’entraînait avec beaucoup de volume. A un moment, on s’est rendu compte, par exemple, que les Australiens nageaient moins en volume, mais ils étaient les meilleurs sur le 1 500 m nage libre.

C’est-à-dire ?

Pour schématiser, aujourd’hui, on fait plus de qualitatif que de quantitatif avec plein de paramètres qui entrent en ligne de compte : le développement de la force, de la technique… Les entraîneurs deviennent de plus en plus des chefs d’orchestres d’équipes pluridisciplinaires au service des athlètes. On fait appel à des préparateurs physiques, mentaux, des psychologues du sport… Cela demande d’autres compétences comme le management.

(Photo : Rémi Chevrot)

Utilisez-vous beaucoup les nouvelles technologies à l’entraînement ?

Là aussi, c’est un secteur qui évolue en permanence. On a des outils comme le Triton, qui est un capteur de vitesse, qui permet de recueillir énormément d’analyses. Ce que faisaient les entraîneurs auparavant, mais de façon un peu artisanale. C’est un dispositif qu’on utilise déjà au niveau fédéral, mais peut-être pas encore suffisamment. Ces outils ont vocation à se développer. Il y a des systèmes de cardiofréquencemètre qui vont dans l’eau, que l’on peut fixer à la lunette. Ça peut, par exemple, nous permettre d’avoir en direct les pulsations des nageurs…

Quelles sont les limites de ces nouveaux outils ?

Comme on a pu l’entendre dans les podcasts, dans le métier d’entraîneur, il y a beaucoup d’observation. Et l’observation se fait à l’œil. Il faut tenir compte aussi de l’athlète, de l’humain… Les technologies peuvent parfois nous le faire oublier. Si les pulsations, les coups de bras ne sont pas au niveau que l’on souhaite, ça ne veut pas forcément dire que l’entraînement est mauvais.

Recueilli par Claire Robert

Coach : un parcours, quel(s) parcours ?

Dans ses podcasts, Éric Rebourg demande systématiquement à son interlocuteur de se présenter. Force est de constater qu’aucun parcours ne se ressemble. « On dit souvent qu’un nageur, ça demande du temps à être formé. Pour un entraîneur, c’est le cas aussi. On fait des erreurs, des essais, on construit son parcours. Certains mettent 5-10 ans à avoir des nageurs performants alors que pour d’autres ça vient plus rapidement… Chaque parcours est différent », résume le cadre technique régional de 47 ans qui a commencé à coacher alors même qu’il était encore nageur. En sport-études du côté de Font-Romeu, il aide le club local, un jour par semaine et s’occupe des poussins. Même chose en région parisienne quand il débarque à l’Insep. Puis en 1996, il décroche son professorat de sport. « Immédiatement, j’ai été nommé cadre technique en Franche-Comté ». Quelques mois plus tard, il devient coach du Pôle Espoirs de Besançon. Une carrière qui l’amène ensuite au Pôle France de Font-Romeu (2008-2015) avec Richard Martinez, puis deux ans à Canet-en Roussillon (2013-2015), Paris et l’Insep (2015-2017), de nouveau, la région Occitanie avant d’arriver à Dijon (depuis septembre 2018), où il est coordinateur du CAF Bourgogne-Franche-Comté et entraîne, dans la cité des Ducs, les nageurs du Centre Post-Bac de Préparation à la Performance (C3P).

Chiffre – 14 362

Comme le nombre d’écoutes totalisés par les 38 podcasts lancés par Éric Rebourg, au 22 juin.

https://podtail.com/podcast/natcoach-podcast/

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