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Nous l’avions quitté sur un abandon aux Jeux de Tokyo. C’était début août, sur le 10 km olympique qu’il avait disputé comme un fantôme après des sorties décevantes dans les épreuves de bassin. Un David Aubry fatigué, le corps éprouvé par une succession de blessures, la tête pleine de doutes et d’incertitudes, loin, très loin de celui qui nous avait émerveillé aux championnats du monde de Gwangju (2019). En Corée du Sud, le Sudiste de 25 ans avait décroché son ticket olympique en eau libre (10 km) avant de s’adjuger une médaille de bronze sur 800 m nage libre. Sans une pandémie mondiale et le report des Jeux nippons, qui sait ce que l’élève de Philippe Lucas aurait été en mesure d’accomplir au pays du Soleil-Levant ? A la place, David aura tout tenté pour répondre présent. En vain. Cinq mois après ce qui restera sans doute comme l’une des plus grandes désillusions de sa carrière, le natif de Saint-Germain-en-Laye a pris la quatrième place du 400 m nage libre des championnats de France de Montpellier (3’53’’06). Si le chrono demeure - pour l’instant - encore très éloigné de ses meilleurs standards (3’47’’06, Rennes 2019), force est de constater que le spécialiste des épreuves de demi-fond retrouve progressivement son niveau et ses sensations.

Que retiens-tu de ce retour à la compétition ?

Mentalement comme physiquement, cela va beaucoup mieux. Cela m’a fait du bien de déménager à Martigues (où il a suivi son coach Philippe Lucas en début de saison). La piscine de 50 mètres est super agréable et la salle de musculation de grande qualité. Bon, Martigues, ce n’est pas Montpellier, il y a moins de tentations, mais c’est sans doute mieux pour moi (sourire)… Au moins, je reste focalisé sur la natation.

Ton corps te laisse-t-il tranquille désormais ?

J’ai eu encore quelques soucis en début de saison. J’ai ressenti une douleur à l’épaule en reprenant l’entraînement, puis je me suis cassé le poignet gauche. Cela m’a obligé à couper six semaines. J’ai finalement repris le 8 novembre. Donc, le chrono d’hier (jeudi 9 décembre) est plutôt satisfaisant dans ce contexte.

(Photo : KMSP/Stéphane Kempinaire)

Cette accumulation de pépins physiques n’est-elle pas pesante ?

Si, bien sûr, j’en ai marre, mais j’ai enfin l’impression d’en voir le bout. Physiquement, je me sens de mieux en mieux. Je sens que ça revient. Maintenant, j’ai besoin d’enchaîner les grosses séances d’entraînement, de m’y remettre sérieusement parce que ça fait quand même près de deux ans que je m’interromps dès que ça devient trop costaud. Moi, ce que je veux, c’est retrouver mon niveau de Gwangju et aller me frotter aux meilleurs nageurs.

Avec le recul, que retiens-tu des Jeux de Tokyo ?

Disons que quand on m’en parle, je change de sujet…

Aujourd’hui encore ?

Oui, ça me fait trop mal ! C’était une période horrible pour moi. Je l’ai très mal vécu. Certes, il s’agissait de mes premiers Jeux olympiques, mais franchement, avec le recul, je me dis que dans ces conditions physiques et mentales, j’aurais sans doute mieux fait de ne pas y aller. J’ai été l’ombre de moi-même. Sans compter que j’ai attrapé une bronchite à Tokyo. C’était la totale ! Au moment de nager le 10 km en eau libre, je suffoquais. J’ai été contraint d’abandonner parce que je n’arrivais plus à respirer.

(Photo : KMSP/Stéphane Kempinaire)

Est-ce qu’il y a eu une explication de texte avec Philippe (Lucas) au retour des JO ?

Oui, bien sûr, c’était nécessaire parce que notre relation s’était crispée au fil des mois. Il a fallu retrouver de la sérénité. C’est aussi pour ça que ça me fait du bien de changer d’environnement en passant de Montpellier à Martigues. Au fond, je crois que j’avais besoin d’un nouveau départ.

On parle de bassin, mais qu’en est-il de l’eau libre ? Est-ce qu’il y a des chances qu’on te revoit disputer une épreuve en milieu naturel ?

Sur la scène internationale, non, ça m’étonnerait. Je ne peux plus parce que je n’ai pas la caisse. Pas question de m’engager sur un 10 km si je ne suis pas en mesure de défendre mes chances.

Recueilli à Montpellier par Adrien Cadot

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