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Directeur des équipes de France jeunes et ancien entraîneur d’Alain Bernard, Denis Auguin analyse les différences entre petit et grand bassin à quelques jours des Championnats du Monde en petit bain à Melbourne (13 - 19 décembre). Décryptage technique.

Le départ

"Il n’y a aucune différence entre les 2 bassins, et le départ est le même. La réglementation est similaire, la distance de coulée également, et les bases sont les mêmes. Se louper est tout aussi grave sur un bassin de 50M que sur un plus petit bassin (rires) ! De manière générale, ce qui va déterminer la force du départ, c’est la vitesse horizontale à laquelle le nageur touche l’eau, et une fois dans l’eau sa capacité à freiner le moins possible. Etre parfaitement aligné, décider du moment où l’on sort de l’eau sont les choses les plus importantes à gérer."

KMSP/Stéphane Kempinaire

Les coulées

"Dans le prolongement du départ, au moment où il reprend sa nage, sur la première coulée, le nageur doit avoir une vitesse supérieure à sa vitesse de nage. Comme c’est compliqué de créer de la vitesse, et couteux au niveau énergétique, l’idéal est d’optimiser la vitesse emmagasinée grâce au départ. En petit bassin, les coulées se répètent plus souvent. Si le nageur y est très habile, sur un 100M petit bassin, il pourra passer 60M sous l’eau (30M en grand bassin). Et là, effectivement, la coulée est énorme et devient prépondérante dans le résultat de la course. La gestion du départ, des coulées, cela peut être avantageux pour certains, mais c’est aussi couteux musculairement, et il y a tout un travail essentiellement sur les jambes à faire à l’entraînement."

KMSP/Stéphane Kempinaire

Les virages

"Ils se répètent plus souvent forcément. La vitesse sous l’eau après avoir poussé sur le mur va être plus importante que la vitesse de nage. Après, sur un 100M, le nageur va en avoir 3 à gérer (au lieu d’un seul sur 100M grand bassin). Et donc être capable d’enchainer ses virages à très haute vitesse en moins d’une minute implique de les appréhender en anticipant l’arrivée sur le mur sans perdre de vitesse. La rotation doit être très rapide, et doit également créer la plus grande vitesse horizontale possible, tout en restant parfaitement aligné également. Pour donner une idée, par comparaison, dans sa coulée de départ, un bon nageur masculin va être à hauteur de 3,5M parcourus par seconde et dans les coulées après virage, autour de 2,5M par seconde, puis va ensuite nager à 2M par seconde. Cela concerne le 100M mais imaginez sur un 1500M petit bassin où il va, là, passer presque 30% de son temps en apnée."

KMSP/Stéphane Kempinaire

Le tempo de nage

"La rythmique de nage va être un peu différente du grand bassin, avec une nage un peu plus agressive, ce qui va conduire à une dépense énergétique supérieure au grand bain. Sur un 100M, si le nageur sort de sa coulée aux 15M, il va lui rester 10M à nager avant le virage. Adapter sa nage au bassin de 25M demande des réglages. En petit bain, toutes les 5-7 secondes, il y a un virage à négocier, et il faut ainsi régler son braquet de nage pour arriver de façon optimale sur le mur. Oui, la fréquence gestuelle sera un peu plus élevée en petit bassin mais moins épuisante car il y a beaucoup de temps « morts » (virages et coulées)."

KMSP/Stéphane Kempinaire

L’endurance musculaire

"Le petit bassin requiert une endurance musculaire un peu moins élevée. Comme les temps de coulée, de glisse sont plus nombreux, les courses demandent moins d’endurance, et cela va en avantager ou en désavantager certains. Par exemple, Alain Bernard était plus à l’aise en grand bassin, là où l’endurance musculaire est plus importante. En fait, les nageurs les plus souples sont souvent ceux qui vont le plus vite sous l’eau, et cela les avantage dans des bassins de 25M."


 

KMSP/Stéphane Kempinaire

Propos recueillis par Antoine GRYNBAUM

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