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Le Cercle des Nageurs de Marseille sera, samedi prochain (le 30 mars), le premier club français à disputer une finale de coupe d’Europe. Un rendez-vous historique que Marc Amardeilh, 40 ans, l’entraîneur du groupe phocéen a accepté de nous commenter.

Amardeilh est un nom bien connu au Cercle des Nageurs de Marseille.

Mon père Michel et son frère Pierre ont signé au Cercle dès leur arrivée d’Algérie en 1962. Mon oncle fera les Jeux Olympiques de Munich en 1972 avec le relais 4x200 m nage libre tandis que mon père sera champion de France du 100 m papillon et trois fois champion de France de water-polo avec le CNM. Il y entraînera de 1992 à 2000. Ma sœur, Anne, a été championne de France du 200 m 4 nages sous les couleurs du Cercle.

Et toi, tu as fait toutes tes classes dans les équipes de jeunes du Cercle ?

Pas du tout. J’ai commencé par la natation à Avignon, où mon père a entraîné de 1977 à 1992, et je ne savais même pas que le water-polo existait. Je rigole, mais en fait je n’ai commencé le polo qu’en 1998 avec la « réserve » du Cercle. Après une saison avec l’équipe première en 2002-2003 et quelques sélections avec l’équipe de France A, je suis parti pour Nice, où j’ai passé quatre ans avec un titre de champion de France à la clé, en 2004 contre Marseille ! En 2007, j’ai rejoint Taverny en Nationale 1 et la saison 2008-2009, je suis devenu entraîneur-joueur de l’équipe. Puis seulement entraîneur la saison suivante.

Tu avais prévu de longue date de devenir entraîneur ?

Je ne dis pas que c’est pas possible pour certains, mais moi, je ne me voyais pas faire des études à côté de ma carrière. Et puis toute ma jeunesse j’avais eu un entraîneur à la maison, mon père. Je connaissais tous les contours du métier. Les bons comme les mauvais. Les week-ends passés au bord du bassin, les relations avec les athlètes… J’avais passé mon Beesan en 2001, puis mon BE2 en 2005 et entraîner est devenu une suite logique. Alors quand j’ai compris que j’avais fait le tour des choses en tant que joueur, je n’ai pas gambergé pendant des semaines ! A Taverny, j’avais en plus tout pour bien débuter dans le métier, même si le fait d’être entraîneur-joueur la première saison n’a pas été facile à gérer. Faire un truc bien, c’est déjà dur. Alors deux… Avec du recul, je ne le conseillerai pas, mais je ne regrette pas de l’avoir fait. Ça a été formateur !

Quitter Taverny pour rejoindre le Cercle était un challenge ?

Je ne suis pas un homme de challenge. Ou en tout cas, ça dépend ce qu’on entend par challenge. Si j’entraînais des petits qui prenaient des fessées à tous leurs matches, je me battrais pour qu’ils prennent moins de buts le week-end suivant. A Taverny, ce qui était motivant, c’était effectivement de monter en Elite. Les challenges on peut en trouver partout. En fait, j’avais envie de redescendre dans le Sud, où j’avais mes attaches. Alors quand Frédéric Audon m’a proposé de venir au Cercle comme entraîneur, j’ai dit oui.

Au Cercle, tu as commencé par la « réserve ».

Quand Olivier Chandieu a été promu à la tête de l’équipe première en septembre 2012, j’ai pris la N3. Le projet était de faire monter cette équipe le plus haut possible. En trois saisons, on est arrivés en N1.

Après le départ de Malara, en juin dernier, tu es devenu entraîneur de l’équipe première. Tu t’attendais à cette « promotion » ?

Disons que je le pressentais, plus que ce que je m’y attendais.  C’était en tout cas quelque chose que j’avais envie de faire un jour.

Marc Amardeilh (CNM).

Tu peux revenir sur le parcours qui vous amené à cette finale ?

En fait, notre saison a commencé par la Coupe d’Europe, avec un premier tour à Savone le dernier week-end de septembre face à des équipes à notre portée (trois victoires face à Berlin, Split et Savone, ndlr). On a commencé le championnat qu’ensuite, en jouant des équipes de milieu de tableau. Ce qui nous a permis de peaufiner notre préparation et d’aller crescendo jusqu’au deuxième tour d’Euro Cup à Marseille, où on voulait montrer de belles choses à notre public. Objectif atteint puisqu’on a battu Rijeka, Kotor et le BVSC Budapest avant de retrouver Strasbourg en ¼ de finale. Malgré la défaite chez eux (9-7), on y a cru et on a fait un très bon match au Cercle. En demi-finale face à Ortigia, l’avantage qu’on a pris à domicile les a obligés à se découvrir au retour où on a été très bons en défense.

Selon toi, qu’est-ce qui fait la force du Cercle cette saison ?

Ce sont des travailleurs, des gars qui savent pourquoi ils viennent à l’entraînement. Ils ont un super état d’esprit. Ils s’entendent super bien entre eux. Ce sont des bons mecs !

Il y a aussi une « méthode Amardeilh » ?

Franchement, non ! Ou alors s’il y a une méthode Amardeilh, on pourrait la résumer par : « Il n’y a pas que Marc Amardeilh » ! Il y a Pierre-Antoine le préparateur physique, Romain (Barnier) le directeur sportif, le staff médical, les entraîneurs de natation avec lesquels je travaille de façon transverse… Des joueurs, jusqu’au président, je veux créer un groupe. Entraîneur est un métier qui isole. Moi, j’ai la volonté de m’entourer.

Etre le premier club français à disputer une finale de Coupe d’Europe et qui plus est quand on est le Cercle des Nageurs de Marseille, il y a de la pression, non ?

Pas autour de nous. Au contraire au Cercle, tout le monde nous félicite, nous encourage. Tout le monde est derrière nous. En revanche, moi oui, je me mets de la pression. Mais pas pour le résultat. Même si on a l’habitude de dire que celui qui gagne est bon et que celui qui perd n’est pas bon, moi ce qui m’intéresse c’est le chemin que l’on parcourt, les moyens qu’on se donne pour atteindre un objectif. Je veux pouvoir dire après cette finale, que j’ai fait de mon mieux pour qu’on la gagne… même si on la perd.

Et comment on prépare une finale de coupe d’Europe?

Comme un autre match. On travaille à la vidéo. On prépare des choses pour essayer d’embêter au maximum l’adversaire. Comme au tour précédent, on commence à domicile. Le but, c’est de ne pas hypothéquer nos chances dès ce premier match. Si on y arrive, tout sera possible.

Recueilli par Jean-Pierre Chafes

 

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