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Les six militaires français n’ont pas pu décrocher une médaille, mais ils ont observé et appris à la faveur de cette compétition multisports sonnant la renaissance de militaires gravement blessés, pour leur grande majorité, au combat. Rencontre avec une équipe de France qui gagne à être connue.

« Toutes nos blessures sont différentes, mais dans la piscine nous sommes tous à égalité », fait remarquer le nageur Mark Omrod. En Afghanistan, en 2007, ce Britannique a laissé, le soir du réveillon de Noël, un pied sur une mine anti-personnel : « Ces Jeux ouverts à tous les militaires blessés au combat signifient bien plus que ce qu’il (Le Prince Harry) n’aurait jamais pensé en les lançant. La première fois que je suis entré dans une piscine après mon accident, j'ai failli couler. Sans cette compétition comme objectif, j’aurais aussi coulé dans ma vie. Tout le monde a besoin d’un objectif dans la vie. Les Invictus en sont un incroyable ».

(Sophie Greuil)

Lors de leur quatrième édition, dans la piscine olympique des Jeux de Sydney, un véritable temple aquatique rempli à ras bord au fil de deux jours de compétition, six Français étaient venus pour apprendre : « En règle générale, les militaires français sont largement meilleurs coureurs que nageurs. Du coup, nous avons très peu de nageurs », précise d’entrée l’adjudant-chef Olivier Arnaud (44 ans), leur entraîneur. « D’ailleurs, aucun nageur n’avait réussi les minimas très durs valant un potentiel de podium. Mais comme aux Invictus les athlètes sont inscrits dans trois, quatre à six sports différents, à la faveur de leur sélection ailleurs, nous les avons engagés en natation. De saison en saison, nous trouvons de bons nageurs à l’image de Benjamin Atgie (5ème sur 50 m dos). Nous étions donc venus pour le plaisir et pour apprendre. Une médaille aurait été totalement inattendue. En plus, franchement, avec les Australiens et les Américains, ça nageait vraiment très vite ».

Dans cette piscine très fréquentée par le public et très utilisée pour tout type de compétition (scolaire, y comprise), « il y avait un public incroyable », n’en croyait pas ses yeux Olivier Arnaud. « Le nageur qui terminait dernier voire parfois très loin des premiers était presque plus encouragé que le premier. D’ailleurs, parfois, les premiers, sortis de l’eau, venaient l’encourager : tout dans l’esprit des Invictus ». Joueur de hockey-sur-glace avant de perdre un pied emporté par une roquette, Benjamin Atgie (30 ans) participait à ses quatrièmes Invictus Games, engagé en volley-ball assis, en rugby en fauteuil roulant et en athlétisme : « Pour l’instant, j’ai seulement pu gagner une médaille de bronze sur 400 m en athlétisme en 2016, mais je ne désespère pas en décrocher une en natation parce que je me sens de plus en plus nageur ».

Vigoureusement, ce dossiste de la Marne fan de Mélanie Henique et Florent Manaudou, tape plusieurs fois sur la table en lattes de bois en évoquant les prochains à La Hague (Pays-Bas) en 2020 : « Ah, j’espère…j’espère ?! Etre immergé, ainsi, dans ce mano à mano de très haut niveau ne décourage absolument pas mais donne de nouvelles ambitions ». Avec le brasseur Jean-Philippe Golf (32 ans), ce duo caporales-chefs, inséparables, « un peu comme Tic et Tac », rêvent secrètement d’être intouchables : « Aujourd’hui, ma renaissance passe par la natation. C’est une discipline dans laquelle je me suis découvert des qualités. Je ne me sens plus handicapé, mais handicapable », résume « Benji » valant 31’’20 sur 50 mètres nage libre.

(Sophie Grueil)

Non contents de gagner des médailles et de battre leurs records personnels, les Australiens ont aussi fait le show avec Dean Knobel. Ce-dernier a, en effet, profité de l’occasion pour demander la main de sa petite amie sur la plage d’arrivée. « Avant de me lancer, j’avais demandé aux organisateurs la permission de le faire », précise-t-il dans un immense sourire. Dans la foulée d’un relais australien en or, ce marin de la Gold Cost ayant perdu sa main gauche a ému son île-continent suivant de très près à la télévision ces épreuves se déroulant à guichets fermés. A l’image des Paralympiques en 2000, Sydney est en train de donner une autre dimension à cette compétition à part entière, le premier vrai bébé du Prince Harry.

A Sydney, Sophie Greuil

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