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A l’issue des championnats de France de Limoges (5-10 avril), 21 nageurs (sept femmes et quatorze hommes) ont rempli les critères de sélection pour les Mondiaux de Budapest (18 juin-3 juillet) et les Euro de Rome (11-21 août). Un été chargé qui doit, selon le Directeur des équipes de France Jacco Verhaeren, permettre aux Bleus de se confronter à l’élite mondiale dans la perspective des Jeux olympiques de Paris.

Que retenez-vous de la semaine limougeaude ?

J’ai trouvé la compétition très intéressante. Il y avait aussi une excellente ambiance dans le bassin. C’est forcément quelque chose de très positif dans l’optique des échéances qui nous attendent. Sur le plan sportif, je note qu’il y a eu plusieurs performances intéressantes qui me font dire que l’équipe présente aux Mondiaux de Budapest et aux Euro de Rome sera compétitive. Évidemment, nous devons encore progresser pour briller sur la scène internationale, mais cela nécessite du temps et de la patience. Je considère que les championnats de France de Limoges constituent une première étape convaincante sur le chemin des Jeux de Paris.

Cet été, l’équipe de France disputera deux compétitions internationales. De quelle manière allez-vous préparer les nageurs tricolores à cet enchaînement inhabituel ?

Cet enchaînement représente une excellente opportunité de se confronter à l’élite mondiale. Dans le passé, les entraîneurs et les nageurs pensaient qu’ils avaient besoin de beaucoup de temps pour préparer ces échéances et qu’ils ne pouvaient y avoir qu’un pic de performance dans la saison. Cette année, il va falloir enchaîner. Après les Mondiaux de Budapest (18 juin-3 juillet), ils disputeront six à sept semaines plus tard les championnats d’Europe de Rome (11-21 août). Je pense qu’on s’entraîne pour nager en compétition et pas pour être performant à l’entraînement.

Jacco Verhaeren (Photo : KMSP/Stéphane Kempinaire).

La natation tricolore a-t-elle les moyens de s’adapter à cette nouveauté ?

L’adaptation est la clé de la haute performance. Encore une fois, je pense qu’il faut voir dans cet enchaînement de rendez-vous internationaux une opportunité de confrontation. Les nageurs français auront deux occasions de performer. Il convient malgré tout de rester lucide…

C’est-à-dire ?

Les temps de qualification demandés aux championnats de France de Limoges n’étaient pas les plus difficiles. Certains de nos athlètes ont poinçonné leur ticket grâce aux performances qu’ils ont réalisées aux Jeux olympiques de Tokyo. Pour moi, le point positif, c’est qu’ils sont indéniablement talentueux ! On sait qu’ils ont le potentiel pour progresser encore. Quant à nos entraîneurs, je pense qu’ils sont beaucoup plus flexibles qu’on ne l’imagine. Ils sont capables de s’adapter à tous les scénarios, le plus important étant de croire en ce qu’on met en place.

Les deux compétitions internationales de cet été ont-elles la même importance ou allez-vous en privilégier une plus spécifiquement ?

Pour moi, les Mondiaux de Budapest et les Euro de Rome ont la même importance. Normalement, ça ne devrait pas être le cas, mais cette année est très particulière. Le niveau de performance sera évidemment supérieur aux championnats du monde, mais les nageurs et les entraîneurs doivent aborder ces échéances avec le même état d’esprit. L’objectif est vraiment de donner le maximum et de progresser à chaque apparition sur la scène mondiale. A ce titre, les championnats de France de Limoges étaient tout aussi important que les Mondiaux et les Euro parce que pour espérer s’y qualifier il était indispensable de valider des minimas.

Faîtes-vous une différence entre une compétition en intérieur à Budapest (Duna Arena) et une autre en extérieur à Rome (Foro Italico) ?

Non, il n’y a pas de différences fondamentales. La piscine fait la même taille. Il y aura peut-être un petit ajustement en raison de la température qui devrait être très chaude au mois d’août à Rome. Pour les dossistes, le fait de nager en extérieur peut parfois être une contrainte, mais la piscine de Rome est parfaitement configurée. Cela ne devrait pas poser de problème.

Florent Manaudou (Photo : KMSP/Stéphane Kempinaire).

A l’issue des championnats limougeauds, on a le sentiment que les leaders tricolores ont réussi à répondre présent sans se mettre en difficulté (Florent Manaudou, Maxime Grousset, Charlotte Bonnet, Marie Wattel) tandis qu’une nouvelle génération a confirmé son émergence (Mary-Ambre Moluh, Analia Pigrée, Emma Terebo). Une dynamique olympique est-elle en train de naître ?

Je pense que nous avons la chance de disposer au sein de l’équipe de France de nageurs expérimentés, mais aussi de jeunes talents. Cela nous donne de belles perspectives en vue des Jeux de 2024 et, plus important encore, cela crée de la densité et de l’émulation.

Qu’en est-il, à présent, des deux capitaines de l’équipe de France ? Quel rôle réservez-vous à Florent Manaudou et Mélanie Henique ?

Je pense que leur leadership est essentiel dans le collectif. Je ne suis pas ici pour changer les gens, mais pour les accompagner dans ce leadership. C’est de cette manière que je fonctionne avec les entraîneurs, les nageurs et le staff. C’est pourquoi je suis également très heureux que l’équipe de France ait été présentée au public limougeaud le dernier soir des championnats de France (dimanche 10 avril) et que tous les acteurs du collectif national se soient retrouvés le lundi (11 avril) pour échanger sur de nombreux sujets et mettre notamment des mots sur l’équipe que nous voulons former tous ensemble.

Mélanie Henique (Photo : KMSP/Stéphane Kempinaire).

Alain Bernard, champion olympique 2008 du 100 m nage libre, est d’ailleurs intervenu à cette occasion. A-t-il une valeur d’exemple ?

La natation française a la chance de compter un athlète de sa dimension dans ses rangs. Je lui suis reconnaissant d’avoir accepté de travailler avec nous afin de transmettre aux jeunes nageurs tricolores un peu de son expérience. En partageant son histoire, il va faire prendre conscience à tout le monde que tout est possible. C’est très important pour l’équipe. Une carrière n’est pas seulement faite de succès. C’est une succession de hauts et de bas. Les jeunes nageurs doivent le comprendre et se nourrir de tout ça pour bâtir leur propre histoire.

« Prendre conscience que tout est possible », c’est important à un peu plus de deux ans des Jeux de Paris ?

La France est la dixième meilleure nation mondiale en natation dans l’histoire des championnats du monde. C’est très intéressant parce que l’équipe actuelle va devoir écrire un nouveau chapitre de cette belle histoire et essayer de maintenir cette position. Voilà le challenge qui attend les Bleus !

Est-ce une manière de dire aux nageurs qu’ils sont acteurs de leur performance ?

Ils vont évidemment entendre l’histoire d’Alain Bernard, mais ils doivent aussi comprendre qu’ils ont leur propre histoire à écrire. C’est aussi ce que j’ai vu aux championnats de France de Limoges (5-10 avril). Ils prennent tous du plaisir à regarder les courses de leurs coéquipiers. L’équipe de France doit être une inspiration pour les jeunes qui regardent les compétitions à la télévision. La sélection est une locomotive qui doit entraîner toute la discipline dans son sillage.

Marie Wattel (Photo : KMSP/Stéphane Kempinaire).

Pour quelle raison Mary-Ambre Moluh (16 ans) a-t-elle choisi de privilégier les Euro juniors de Bucarest (5-10 juillet) plutôt que les Mondiaux seniors de Budapest (18 juin-3 juillet) ?

Tout d’abord, et j’insiste là-dessus, il s’agit de sa décision. Nous en avons discuté avec elle et son entraîneur (Michel Chrétien), mais c’est elle qui a eu le dernier mot. Parfois, il y a des choix à faire. Avais-t-elle envie de terminer sa carrière avec les juniors et peut-être décrocher une médaille ou faire son entrée dans la cour des grands ? Je pense que son choix est le bon. Je suis très fier de Mary-Ambre parce que ce n’est pas une décision facile à prendre, mais ça prouve qu’elle a déjà une grande maturité.

N’est-il également pas préférable qu’elle franchisse progressivement les étapes du haut niveau ?

Il faut bien comprendre que pour elle, renoncer à des championnats du monde est une décision difficile à prendre. La haute performance impose de faire des choix. Mary-Ambre ne devra pas le regretter. Je suis convaincu que ce ne sera pas le cas.

Mary-Ambre Moluh et Emma Terebo à l'arrivée du 100 m dos (Photo : KMSP/Stéphane Kempinaire).

Revenons un instant sur le calendrier de cet été. Ne craignez-vous pas que les championnats d’Europe de Rome organisés en août retardent la reprise des nageurs de l’équipe de France ?

Non, ce n’est pas un problème ! Nous aurions évidemment préféré que les Euro se tiennent fin juillet, comme c’est le cas d’ordinaire pour les échéances estivales, mais avec l’organisation des championnats du monde de Budapest fin juin, il faut s’adapter. Après Rome, les nageurs pourront prendre des vacances avant de se lancer dans la saison 2023. En juin de l’année prochaine, nous nous retrouveront pour les sélections nationales avant les Mondiaux de Fukuoka (Japon) en juillet 2023. Nos athlètes auront donc largement le temps de se préparer.

A l’issue des championnats du monde hongrois, nous serons à deux ans des Jeux de Paris. Avez-vous le sentiment que ce laps de temps est suffisant pour bâtir une équipe compétitive ?

Ce délai est le même pour tous les nageurs du monde. Il faut faire avec. Dans ce laps de temps, il y aura des périodes d’entraînement et d’autres de compétition. Chacun devra adopter la meilleure stratégie possible. Je suis malgré tout convaincu que ces deux années constituent une opportunité…

Laquelle ?

Une olympiade de quatre ans, c’est parfois long. Certains nageurs font un break, puis ils reviennent et on sait que ce n’est pas toujours simple. La pandémie mondiale a redistribué les cartes. L’olympiade 2020-2024 a été raccourcie d’un an. La saison post-olympique s’achèvera aux Euro de Rome. Il nous restera ensuite deux ans pour préparer les Jeux de Paris. Deux années de concentration maximale qui risquent de passer à toute vitesse. Nous n’aurons pas le temps de tergiverser. Il faudra tout donner.

Recueilli à Limoges par Adrien Cadot (avec Jonathan Cohen)

(Photo : KMSP/Stéphane Kempinaire)

LES QUALIFIES

DAMES (7)

BLANCHETIERE Adèle (Dauphins TOEC) – 4x100m 4N

BONNET Charlotte (Olympic Nice Natation) - 100m NL/200m NL

DUHAMEL Cyrielle (Stade Béthune Pélican Club) - 200m 4N

HENIQUE Mélanie (CN Marseille) - 50m NL/50m pap

PIGREE Analia (Canet 66 Natation) - 50m dos/100m dos

TEREBO Emma (Amiens Métropole Natation) - 100m dos

WATTEL Marie (CN Marseille) - 50m NL/100m NL/50m pap/100m pap

MESSIEURS (14)

AITKACI Carl (Etoiles 92) – 4x100m 4N

FUCHS Roman (Amiens Métropole Natation) – 4x200m NL

GROUSSET Maxime (CS Clichy 92) - 50m NL/100m NL/50m pap

JOLY Damien (Stade de Vanves) - 800m NL

MANAUDOU Florent (CN Marseille) - 50m NL/50m pap

MARCHAND Léon (Dauphins TOEC) - 200m pap/200m 4N/400m 4N

MATTENET Emilien (Charleville Mézières Natation) - 400m 4N

NDOYE BROUARD Yohann (Dauphins Annecy) - 100m dos/200m dos

POTHAIN Jordan (AAS Sarcelles Natation 95) - 200m NL

SALVAN Hadrien (Stade de Vanves) - 100m NL/200m NL

SECCHI Clément (CN Marseille) – 4x100m 4N

TESIC Enzo (Amiens Métropole Natation) – 4x200m NL

TOMAC Mewen (Amiens Métropole Natation) - 50m dos/100m dos/200m dos

VIQUERAT Antoine (Dauphins TOEC) - 200m brasse

 

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