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L’information devrait faire l’effet d’une bombe ! Jacco Verhaeren, 52 ans, qui avait repris en 2013 une équipe australienne à la dérive avant de démissionner en 2020 après l’annonce du report des Jeux de Tokyo, prendra les commandes de l’équipe de France de natation et d’eau libre à l’issue des Jeux nippons. Une arrivée concrétisée en collaboration par la Fédération Française de Natation et l'Agence nationale du Sport qui s'inscrit dans le projet « Ambition Bleue ». Du technicien néerlandais, Leigh Russell, Directrice de Swimming Australia, livrait au moment de son départ : « Il a supervisé de véritables changements et développements dans un système complexe, posant les bases solides de succès futurs ». Des éloges qui s’ajoutent à une expérience d’entraîneur longue comme un été dans le Bush. Verhaeren est, en effet, connu par avoir mené les sprinters Pieter van den Hoogenband, Inge de Bruijn et Ranomi Kromowidjojo sur la plus haute marche du podium olympique. Un meneur d’homme au leadership reconnu doublé d’un globe-trotter aquatique qui devrait insuffler à la natation tricolore sa rigueur et sa science de la très haute performance.

Qu’est-ce qui vous a poussé à accepter de prendre en main l’élite de la natation française ?

Je tiens tout d’abord à dire que c’est un honneur d’avoir été sollicité pour assumer ce rôle. Je suis très reconnaissant de l’opportunité qui m’est donnée. Par le passé, j’ai déjà eu des contacts avec Julien (Issoulié, DTN) alors que je travaillais encore en Australie. Lorsque les Jeux olympiques de Tokyo ont été reportés suite à la pandémie mondiale, j’ai décidé de retourner aux Pays-Bas. Assez naturellement, Julien et moi avons repris nos échanges. J’ai toujours été impressionné par les nageurs et les entraîneurs français. J’ai notamment apprécié les différentes compétitions qu’il m’a été donné de partager avec eux ainsi que les camps d’entraînement sur lesquels nous nous sommes croisés.

Quels ont été les arguments décisifs pour vous donner envie de rejoindre l’Hexagone ?

Découvrir de nouvelles cultures et travailler avec des personnes différentes m’a toujours animé, encore plus depuis mon expérience australienne (2013-2020). Ces six derniers mois, j'ai également eu la chance de collaborer avec la Fédération allemande de natation. Cela m’a offert un autre point de vue sur des méthodes dont j’ignorais tout. L’expérience qui m’attend en France s’inscrit dans cette démarche. C'est, par ailleurs, un immense privilège de travailler dans un pays qui accueillera les Jeux en 2024. Ces opportunités sont très rares lorsqu’on travaille dans un sport olympique. C’est quelque chose que je veux embrasser. Certes, cela s'accompagnera sans aucun doute de pressions, d’attentes et de défis, mais c’est l’attrait de la très haute performance.

Dans quel état d’esprit abordez-vous ce challenge sportif ?

Je pense qu'il est important d'avoir l'esprit ouvert et d'écouter dans un premier temps ce que les entraîneurs, les athlètes et les acteurs de la natation française auront à me dire sur leur équipe et leur système. Après ça, il sera temps d’opérer des ajustements et des changements s’ils sont nécessaires. Au final, je n’oublie pas que c'est leur équipe, leur rêve et leur carrière. Moi, je ne serai là que pour les accompagner ! A ce titre, je crois sincèrement que rassembler les gens pour partager leurs expériences, leurs connaissances et leurs idées est la meilleure façon de procéder pour progresser.

(Photo : AFP)

Que savez-vous de la natation française ?

Outre les grandes médailles et les belles performances réalisées par les nageurs français sur les grandes compétitions internationales, j’ai tout à découvrir. Un univers entier, une culture, des manières de faire… tout sera nouveau ! Pour autant, je connais la qualité des entraîneurs français. Les performances de leurs nageurs sont là pour en témoigner. Je sais que l’exigence est présente dans tous les clubs.

Entretenez-vous des contacts avec certains entraîneurs ou nageurs français ?

Pas pour le moment ! Dans le passé, j’ai eu l’opportunité de rencontrer des techniciens français lors de compétitions internationales. Quelques internationaux néerlandais ont également nagé dans des clubs français, ce qui m’a permis d’entrer en contact avec des entraîneurs français.

Où serez-vous basé ?

Je serai à Eindhoven (Pays-Bas) et je voyagerai chaque fois que cela sera nécessaire. La plupart des villes françaises sont plus proches d'Eindhoven que celles où je devais me rendre pour suivre des nageurs ou rencontrer des coaches lorsque j'habitais en Australie (sourire)

Envisagez-vous de visiter les clubs pour aller à la rencontre des nageurs de l’équipe de France ?

Une partie essentielle de mon travail consistera à voir des athlètes, à échanger avec des entraîneurs et à rencontrer les acteurs de la natation à travers toute la France. Nous pourrons, bien évidemment, organiser des réunions en ligne, mais pour un bon engagement, il est important de voir où et comment les gens travaillent et se forment.

En quoi vos expériences passées aux Pays-Bas ou en Australie vont-elles vous permettre d’appréhender l’environnement aquatique français ?

Je pense que le sport en général, la natation en particulier et la haute performance sont universels. Je me suis rendu compte que j’avais beaucoup plus de points communs que de différences avec les personnes avec lesquelles j'ai collaboré aux Pays-Bas, en Australie et, plus récemment, en Allemagne. Pour eux comme pour moi, le défi est quotidien et l’engagement total ! Cela dit, aucun entraîneur ou athlète ne travaille de la même manière. Donc, au lieu de comparer les nations, j'essaie de répondre aux besoins individuels et à ce dont l'équipe a besoin pour réussir.

(Photo : AFP)

A quels obstacles vous attendez-vous ?

Littéralement, à tout et n'importe quoi (sourire)… Au cours des trente années que j’ai passées dans la natation, j’ai appris qu’il y avait des obstacles attendus et d’autres imprévus. L’important, ce ne sont pas les obstacles qui vont se dresser sur notre route – tout le monde en rencontre -, mais la façon dont nous allons les surmonter ensemble !

Votre mission s’inscrit-elle jusqu’à Paris 2024 ou comptez-vous la prolonger jusqu’aux JO de Los Angeles en 2028 ?

Dans le sport de haut niveau, vous ne pouvez jamais prédire votre avenir. L'accent sera mis sur la préparation des Jeux de Paris 2024 et nous verrons par la suite comment la situation évolue. Les choses doivent d'abord fonctionner avant de prendre des décisions sur la prochaine étape.

Parlez-vous le français ?

Pas encore, mais ça viendra (sourire)… J'en faisais à l’école, mais c’était il y a longtemps (sourire)… J’ai d’ores et déjà prévu de prendre des cours accélérés en juillet. Cela m’aidera à avoir quelques notions de base. Après ça, j’espère m’améliorer en le parlant et en l’entendant. Ce ne sera pas facile, je le sais, mais outre la mission qui m’attend, j’ai à cœur d’apprendre le français car je considère que c’est l’une des plus belles langues de notre planète.

Recueilli par Adrien Cadot

Claude Onesta (Manager de la Haute Performance à l'Agence nationale du Sport) : « L'arrivée d'un technicien expérimenté de grande qualité est une excellente nouvelle pour la natation française. Jacco pourra s'appuyer sur l'expertise des entraineurs français afin de créer une dynamique forte pour porter l'ambition des équipes de France en vue des JOP de Paris 2024. Nous avons travaillé étroitement avec la fédération pour concrétiser la venue de Jacco. Un premier investissement de 200.000€, participant à la masse salariale de ce dernier, aux coûts de fonctionnement ainsi qu'à la valorisation des entraineurs des structures d'excellence, a été convenu entre l'Agence et le Président de la FFN ».

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