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C’est avec calme et des certitudes bien ancrées dans le discours que Julien Jacquier est venu commenter la course de Mehdy Metella. 47’’65 en demi-finale du 100 m nage libre des championnats du monde de Budapest. De quoi donner quelques idées à ce duo qui a fait de la décontraction son arme fatale.

Es-tu satisfait de ce que tu as vu ce soir ?

Bien sûr, comment ne pas l’être ? C’était une très belle course, assez aboutie, avec un contexte qui l’a un peu favorisé (Mehdy a nagé dans la première demi-finale tandis que l’Américain Caeleb Dressel et l’Asutralien Cameron Mcevoy, ses principaux rivaux, s’affrontaient dans la seconde demi-finale, ndlr). Deux sentiments m’animent : celui de profiter un petit peu et celui de se concentrer tout de suite sur demain.

T’attendais-tu à une telle performance ?

On met en place des plans. Il y a le plan optimiste et celui qui ne l’est pas. Là, Mehdy a répondu au plan très optimiste des choses. Maintenant, j’ai une grande confiance en lui et je pense que l’on n’a pas encore vu ses limites, donc il est normal que de temps en temps il nous épate de la sorte.

Mehdy Metella et Julien Jacquier (KMSP/Stéphane Kempinaire).

Il paraît extrêmement décontracté.

Ça fait partie du travail réalisé cette année avec le préparateur mental. Il est sur une routine qu’il suivra jusqu’à la fin de la compétition. D’ailleurs que sa finale se passe bien ou mal, le plan, c’est de rester concentré sur sa routine pour rester décontracté.

Il nous a confié avoir dansé dans chambre d’appel. Cela vous surprend ?

L’objectif, c’est de rester guyanais à 95% !

Et pour les 5% restant ?

Un petit peu lion (sourire)

(KMSP/Stéphane Kempinaire).

Que vas-tu lui dire pour la finale ?

Je vais lui répéter qu’il est légitime, qu’il a sa place et qu’il n’a pas à rougir de sa performance. Il a juste à récupérer et à passer une bonne nuit. Il va devoir éviter les réseaux sociaux et calmer son téléphone pour arriver en forme demain.

N’y a-t-il pas un risque qu’il se voit trop beau demain ?

Il y a toujours un risque. Demain, il peut tout à fait finir huitième ou sixième, mais ce ne sera pas grave, ça fait partie de la course. Notre stratégie comprend ces risques. L’idée, c’est d’être en mesure de les éviter jusqu’au bout.

(KMSP/Stéphane Kempinaire).

De quels adversaires devra-t-il se méfier ?

Il y a, bien sûr, les deux Américains. Dressel qui a quinze premiers mètres extraordinaires et qui devrait sortir loin devant. Mehdy ne devra pas s’affoler et garder un peu les œillères pour appliquer notre plan de course jusqu’au bout. Dressel sera soit exceptionnel soir prenable. Il ne sera pas entre les deux. Il faudra aussi se méfier de Nathan Adrian, très régulier et hermétique à la pression, et de l’Australien Mcevoy, bien sûr.

Statistiquement, les finales se nagent moins vite que les demi-finales ?

C’est souvent ce qui se passe, mais avec Dressel qui a claqué 47’’26 au départ du relais 4x100 m nage libre (dimanche 23 juillet, ndlr), on peut s’attendre à quelque chose d’incroyable et pourquoi pas Mehdy devant lui, on va rêver.

Julien Jacquier, Anna Santamans et Mehdy Metella à l'entraînement pendant les championnats du monde de Budapest (KMSP/Stéphane Kempinaire).

Les retraites de ses aînés marseillais (Fabien Gilot, Frédérick Bousquet, Florent Manaudou, ndlr) l’ont-elles aidé à se décomplexer ?

Oui et non. Ça a été dur pour lui au début de les voir partir parce qu’ils étaient un peu ses grands frères, mais avec le recul, on constate qu’il a mûri. Aujourd’hui, il est plus calme, plus concentré sur ce qu’il doit faire. Mais je crois surtout qu’il a compris l’année dernière qu’il en avait assez de ne pas réussir.

La progression de Mehdy serait donc une histoire de maturité.

Cette saison, je n’ai quasiment rien à lui reprocher. Il travaille bien, il est sérieux et régulier. Il croit en ce qu’il dit maintenant. Avant, il le disait parce qu’il fallait le dire, mais à présent, il en est convaincu et ça fait une grosse différence.

Recueilli à Budapest par A. C.

 

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