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Alors que le Cercle des Nageurs de Marseille a ouvert ses portes à ses membres le 2 juin dernier, les nageurs de haut niveau ont eux retrouvé le chemin des bassins à la mi-mai. Fatigués, parfois en difficultés, mais visiblement motivés, ils ont repris le travail avec en ligne de mire les Jeux olympiques de Tokyo à l’été 2021. Un objectif lointain, mais particulièrement stimulant.

A Marseille, comme partout en France, les nageurs de haut niveau ont retrouvé le chemin des bassins mi-mai, deux mois après les avoir quittés précipitamment en raison de la pandémie de coronavirus qui a conduit au confinement de la moitié de la population mondiale. Une reprise attendue et espérée après deux mois à tenter de s’entretenir physiquement à la maison. En ce jeudi 28 mai, Mélanie Henique, Clément Mignon ou Paul-Gabriel Bedel arrivent au Cercle des Nageurs de Marseille sur les coups de 16 heures pour la deuxième séance du jour. Depuis le lundi 25 mai, les nageurs marseillais ont repris un rythme biquotidien avec deux séances de PPG par semaine. Et à voir leurs visages en salle de musculation, cette reprise est loin d’être une sinécure.Sous l’œil avisé du préparateur physique, Antoine Marmigère, chacun réalise des exercices pour travailler sur un objectif personnel et parfois poursuivre certaines routines instaurées pendant le confinement. « Même si on a continué à s’entretenir chez nous, c’est vraiment plus dur qu’à la maison », souffle le dossiste Paul-Gabriel Bedel. De son côté, Clément Mignon soulève de la fonte, puis souffle en croisant le regard de Mélanie Henique. Sans se parler les deux membres de l’équipe de France semblent se comprendre parfaitement et partager cette douleur, en plus du matériel que la championne d’Europe petit bassin du 50 m papillon à Glasgow en 2019 prend le temps de désinfecter après son passage sur l’engin de torture.

Mélanie Henique en salle de musculation (Photo: Jonathan Cohen)

Derrière la salle de musculation, sur le terrain de sport, Mathilde Cini, Léna Bousquin et Lila Touili enchaînent les sprints et le travail au sol. Puis direction le bassin pour retrouver leur entraîneur Julien Jacquier, visiblement ravi de renouer avec son quotidien chloré. Chrono autour du cou, il explique la séance de l’après-midi à son groupe : « C’est une séance de vitesse pure avec des phases de repos complet. Ça va vous permettre d’exprimer vos qualités physiques et le chrono donne des objectifs. Ça ne sera peut-être pas très propre, mais je pense que c’est en faisant ce genre de séances que ça va revenir. » Par petits groupes, les athlètes marseillais plongent à tour de rôle pour des coulées de 15, 20 puis 25 mètres avant de réaliser les mêmes exercices en nage complète. Sourires aux lèvres, les nageurs se chambrent et se défient à chaque série. Si les sensations ne sont pas encore de retour, la bonne ambiance et l’esprit de groupe n’ont pas tardé à revenir. Et ça aide, forcément, à en fournir un peu plus, à repousser ses limites. « Il faut savoir qu’ils ne vont pas se confronter en compétition au moins avant l’automne », justifie Julien Jacquier. « Il va être important de maintenir une motivation jusqu’à ce moment-là et ça va passer par ce genre de séances de vitesse avec le chrono à la main. » L’entraîneur marseillais a aussi prévu de mettre en place une compétition interne, chaque vendredi. « Enfiler la combinaison, se défier, tenter de réaliser de bons chronos va leur permettre de traverser cette période avec un bon état d’esprit. »

(Photo: Jonathan Cohen)

Car si certains sont revenus avec une envie sans faille, d’autres ont davantage de difficultés à se remettre dans le bain avec des appuis et des sensations qui ne sont plus ceux de début mars. Pour éviter de saturer et retrouver son niveau progressivement, Mélanie Henique a demandé du temps à Julien Jacquier, particulièrement à l’écoute de ses nageurs. « Chaque jour, je prends le temps de discuter au moins une heure avec chacun d’entre eux pour qu’ils m’exposent leurs projets, leurs envies. » Et la championne d’Europe de Glasgow, en équipe de France depuis 2009, commence à suffisamment se connaître pour savoir ce dont elle a besoin. « J’ai souhaité reprendre encore plus progressivement que le reste du groupe. En termes d’énergie, je suis K.O. Ça fait vraiment mal, j’ai perdu pas mal de niveau. Je vais essayer de mettre en place un certain nombre de choses pour progresser encore davantage. Je sais qu’il y a beaucoup de choses à faire au niveau nutritionnel. Je fais aussi du yoga. Pour avoir vu Pernille (Blume, championne olympique du 50 m nage libre à Rio) nager à nos côtés à la reprise, elle a beaucoup de relâchement et tout semble assez facile. C’est aussi ce que je cherche, ce relâchement qui peut me permettre de passer un cap sur 50 mètres. Actuellement, je réfléchis plus qu’avant à ce que je fais parce qu’avec ces deux mois d’arrêt, j’ai l’impression d’avoir perdu ce côté inné de la nage. Je sais que si j’arrive à être plus fluide et que mon corps est davantage relâché, je peux encore aller plus vite. Toutes ces routines peuvent me permettre d’y arriver. » D’autant que si les nageurs tricolores devraient retrouver la compétition cet automne, l’échéance principale de leur saison se tiendra fin juillet-début août 2021. « On a le temps de se préparer et c’est pour ça qu’on peut se permettre de chercher et d’essayer des choses », confirme Mélanie Henique. « On peut comparer cette reprise à un début de saison en termes de travail », expose Julien Jacquier. « Mais on va quand même prendre le temps de couper un peu cet été avant de retrouver les bassins en septembre pour débuter une saison classique. » Classique certes, mais surtout olympique. Et on sait que ces saisons ne ressemblent à aucune autre.

A Marseille, Jonathan Cohen

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