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Du haut de ses 19 ans, Léon Marchand est l’un des grands espoirs de la natation française, probablement l’une des têtes d’affiche de la génération d’athlètes qui est appelée à briller aux Jeux de Paris en 2024. Pas question pour autant de snober le rendez-vous olympique de Tokyo pour lequel le nageur de Nicolas Castel aux Dauphins du TOEC s’est qualifié avec brio lors des championnats de France de Chartres (15-20 juin). Une échéance internationale à l’issue de laquelle le spécialiste des épreuves de 4 nages s’envolera pour les Etats-Unis, où il a décidé de poursuivre sa progression et de confirmer les promesses entraperçues ces deux dernières saisons.

Tout va très vite pour toi depuis quelques mois. Comment vis-tu ce début de carrière et cette première qualification olympique ?

C’est vrai que tout s’est précipité ces derniers mois, mais en même temps cela signifie que j’ai bien travaillé à l’entraînement et que je suis au niveau. Maintenant, il faut en profiter à fond et prendre un maximum d’expérience aux Jeux de Tokyo.

Ton chrono sur 400 m nages (4’09’’65) te place dans les premiers rangs de la hiérarchie mondiale. Est-ce que cela nourri tes ambitions ?

Je ne vais rien changé dans ma manière d’aborder l’entraînement ou la compétition tant mentalement que physiquement. Ce chrono démontre que le travail paie et que je progresse dans la bonne direction, mais ce n’est pas parce que j’ai nagé 4’09 à Chartres que je serai forcément médaillé aux JO de Tokyo. Il y a une grande marche à franchir. Surtout, je sais désormais que je suis capable de titiller les meilleurs mondiaux.

(KMSP/Stéphane Kempinaire)

As-tu échangé avec Bob Bowman à l’issue de ta finale victorieuse sur 400 m 4 nages aux championnats de France ?

Oui, il était très content de me voir qualifié aux Jeux et très heureux de ma progression chronométrique. Ce qu’il y a de bien, c’est que Bob suit mes performances depuis le début de la saison. Il se tient au courant pour en apprendre davantage sur moi, ce qui devrait faciliter mon adaptation et mon intégration lorsque je le rejoindrai à Arizona State (Etats-Unis) en septembre prochain.

Comment as-tu vécu le report des Jeux l’année dernière ? As-tu le sentiment d’en avoir profité ?

A l’époque, je m’en souviens, je m’étais dit que ce report allait me permettre de travailler plus dur. J’y ai tout de suite vu une opportunité de me qualifier aux Jeux, ce qui n’aurait sans doute pas été aussi simple l’année dernière.

(KMSP/Stéphane Kempinaire)

D’autant que ton début d’année 2020 n’a pas été facile à gérer. De quelle manière as-tu vécu cette période de moins bien et quels bénéfices en as-tu tiré ?

Le confinement est bien tombé pour moi (avril-mai 2021). J’étais fatigué, un peu las. Du coup, j’ai pu souffler, me reposer et me régénérer aussi bien physiquement que mentalement. Ce break m’a permis de reprendre à fond.

Et de quelle manière assumes-tu l’étiquette de « pépite » de la natation française qui te colle à la peau depuis plusieurs mois ?

Je n’étais pas du tout prêt à affronter cette pression médiatique, surtout l’année des Jeux olympiques. Il y a eu des moments difficiles. J’ai même parfois perdu un peu l’envie de travailler. Mais j’ai bossé avec un préparateur mental (Thomas Sammut) et, progressivement, j’ai réussi à faire abstraction de cette attente pour me concentrer sur mes performances. Ce n’est pas encore totalement évacué, mais je me sens de mieux en mieux. Plus important encore, je prends beaucoup de plaisir dans l’eau. Depuis quelques semaines, je vois bien que je suis à l’aise, confiant et ça se ressent sur mes courses et mes chronos.

Tu avais donc perdu le goût de nager ?

Non, pas de nager, mais plutôt de gagner, de se faire mal pour arracher une performance en compétition.

(KMSP/Stéphane Kempinaire)

Que représentent les Jeux olympiques pour toi ?

C’est l’objectif de tous les athlètes de haut niveau, le rêve absolu ! Depuis que je nage, je veux y participer. Et puis mes parents m’en ont parlé. Mon père (Xavier Marchand, vice-champion du monde 1998 du 200 m 4 nages à Perth, ndlr) en a fait deux, donc il connaît le terrain. Je suis content de les vivre à mon tour, même si ce sera forcément différent avec les contraintes sanitaires, mais ça reste, malgré tout, des Jeux olympiques : la plus grande compétition sportive de la planète.

Quelles images as-tu des Jeux ?

D’abord celle d’un voyage : partir loin dans un endroit exotique. Le Japon, par exemple, ça me fait rêver, même si je ne pourrais pas sortir (sourire)… Et puis, c’est l’excellence ! Les Jeux rassemblent les meilleurs athlètes du monde. C’est une fierté !

(KMSP/Stéphane Kempinaire)

Quel rôle joue ta famille dans cette aventure ?

J’aurais aimé que mes parents soient à Tokyo pour m’encourager, mais malheureusement, ça n’a pas été possible. Après, on en a parlé au début, quand j’étais plus jeune, mais maintenant je me fais davantage confiance, je vis mon expérience, je trace ma route. Mais c’est vrai que c’est un avantage. Ils savent ce que ça demande pour y arriver. Ils ont conscience des efforts à fournir. Mais ils me laissent faire mon truc, ils n’interviennent pas tant que ça. Ils voient surtout que je sais faire maintenant (sourire)

Quelles seront tes ambitions à Tokyo ?

Une finale, ce serait vraiment incroyable !

Recueilli par Adrien Cadot (avec Jonathan Cohen)

LEON MARCHAND

Né le 17 mai 2002 à Toulouse

Taille : 1m83

Poids : 66 kg

Club : Dauphins TOEC

Entraîneur : Nicolas Castel

Qualifié sur 200 m papillon, 200 et 400 m 4 nages

La phrase : « Il m’a fallu un peu de temps pour réaliser que j’avais fait le temps pour les Jeux (400 4N), mais surtout que j’avais calqué 4’09’’65. Je ne m’y attendais pas ! J’ai un peu sauté les étapes sur ce coup-là. Depuis le début, je vise les Jeux avec l’idée de ne pas me contenter d’y participer. Avec ce chrono, je me donne les moyens de rêver un peu plus. C’était le but, évidemment, mais encore fallait-il le faire aux championnats de France de Chartres. »

 

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