Aller au contenu principal

Le jeudi 8 décembre dernier, le Neptune Club de France organisait à la piscine Blomet, située dans le XVème arrondissement de Paris la soirée du « nageur connecté » afin de présenter cinq innovations qui révolutionnent véritablement l’entraînement en natation. Découverte.

Une piscine plongée dans le noir complet. Des lignes de LED qui éclairent le fond du bassin. De la musique électronique qui résonne dans le complexe aquatique. Quatre enfants dans l’eau et une trentaine de personnes positionnées sur le balcon en surplomb du bassin de 50 mètres. Le Neptune Club de France a vu les choses en grand pour la soirée du « nageur connecté », qui s’est tenue à la piscine Blomet située dans le XVème arrondissement de Paris, le 8 décembre dernier, en présence notamment de la Maire de Paris, Anne Hidalgo. L’objectif de cette soirée : présenter cinq technologies pour améliorer l’entraînement en natation. Et c’est Matthieu Decaen, directeur technique du club parisien qui s’y colle, en compagnie de Mehdi Rhaiem, cheville ouvrière du projet.

Pour débuter son intervention, il établit un constat simple. « L’eau nous coupe des pratiquants et il est impossible de communiquer avec eux lorsqu’ils nagent. » Un problème solutionné par une société suédoise, Olander Aquatic Products, qui a développé un casque de communication aquatique. « Cela nous permet d’interagir avec le nageur sans qu’il ait le besoin de s’arrêter au mur. On peut donc lui demander en direct d’accélérer, de ralentir, de changer de nage, de modifier sa technique… » Cet appareil fonctionne par résonnance osseuse et les nageurs n’ont donc pas d’eau dans les oreilles et la qualité du son reste optimale. Et, en fin de séance, si l’entraîneur ne souhaite plus communiquer avec ses nageurs, il peut brancher son téléphone portable au système pour diffuser de la musique. Un outil qui plaît beaucoup à Ambre, 15 ans. « On perd moins de temps grâce à ça puisqu’on reçoit les consignes en direct pendant qu’on nage. » Et ce n’est pas le seul avantage de ce produit. « Un usage est même envisageable pour la pratique du sport adapté » conclut Matthieu Decaen.

Le deuxième produit présenté vient d’Australie. Le Swimpro est un système de vidéo avec visualisation différée ou en direct. Partant du postulat que la majorité des actions se déroulent sous la surface de l’eau, la société a développé une caméra grand angle avec wifi intégré qui permet de visionner les actions d’un nageur en direct sur une télévision ou une tablette. Et il est même possible de regarder les images en léger différé pour laisser le temps au nageur de terminer sa longueur. « Grâce à cet outil, le feedback est très rapide » indique Matthieu Decaen. « A la fin de la séance, on transfère donc les vidéos aux nageurs avec des graphiques et des dessins que l’on peut intégrer via le logiciel, pour que ce soit le plus complet possible. »

Et si les entraîneurs sont toujours sensibles aux actions subaquatiques, ils accordent également une grande importance aux éléments techniques tels que la vitesse, le nombre de coups de bras, le temps des virages, la fréquence, la distance par coups de bras… Mais cela n’est pas toujours simple de collecter toutes ces données et il faudrait presque un ou deux entraîneurs par nageurs pour pouvoir observer cela. Les Canadiens de la société Tritonwear ont donc développé un outil qui devrait soulager bon nombre de coach. Glissé dans l’élastique des lunettes du nageur, il renseigne en direct sur tablette ou sur téléviseur les données de chaque nageur avant que ces dernières soient envoyées sur un serveur afin de permettre à l’entraîneur et au nageur de débriefer.

Qui n’a jamais rêvé d’affronter un champion olympique de sa discipline ? Et si Florent Manaudou ou Alain Bernard ne peuvent pas se démultiplier et défier les jeunes nageurs de France et de Navarre, l’outil développer par Myrtha Pools permet, notamment, de nager virtuellement contre son champion préféré. Lors de la présentation de cet outil, les jeunes nageurs du Neptune Club de France ont d’ailleurs affronté virtuellement Camille Muffat sur 200 m 4 nages, distance dont elle détient le record de France. En relais, quatre nageurs ont suivi la ligne de LED positionnée au fond du bassin et paramétrée avec les temps de passage de la championne olympique du 400 m à Londres en 2012. Mais cet outil est surtout « un partenaire d’entraînement idéal » selon Matthieu Decaen. « Nous sommes face à une génération qui est très sensible au numérique. Disposer d’un tel adversaire est forcément motivant. Il suffit de programmer les temps sur le logiciel et la LED va toujours à la même vitesse. Il est donc très facile de repérer le moment auquel notre nageur perd de la vitesse par rapport à la lumière. Lors des virages ou des respirations notamment. » Et Ambre, 15 ans, ne dit pas le contraire. «  J’ai énormément progressé par rapport à l’année dernière. Notamment grâce à la ligne de LED. C’est extrêmement motivant d’affronter un adversaire numérique. Parfois l’entraîneur met des temps assez difficiles à réaliser et on a envie de se dépasser pour y arriver. Et quand on arrive en compétition, on est moins stressé. »

Et pour conclure cette soirée 2.0, Matthieu Decaen a présenté un outil qui ne devrait pas tarder à atterrir dans un grand nombre de piscines et plaire aux nageurs du dimanche comme aux plus assidus. Le bracelet connecté Swimtag, développé au Royaume-Uni sera bientôt placé à l’entrée de la piscine Blomet. Muni d’une simple carte, il sera possible d’en récupérer un et de le mettre au poignet avant de plonger. Une fois sa séance terminée, il lui suffira de reposer le bracelet sur son socle pour recevoir l’ensemble de ses données sur un cloud : la distance parcourue, la consommation de calories… « Cela nous permet également de créer des challenges et des concours entre nageurs afin d’animer notre communauté » poursuit Matthieu Decaen. « Chaque mois il nous sera possible de désigner le nageur qui a effectué le plus de longueurs, celui qui nage le plus vite etc. » Aucun doute, la transformation numérique est en marche dans les piscines.

A Paris, J. C. 

© Photos: Jean-Baptiste Gurliat / Mairie de Paris

Partager la page