Aller au contenu principal

Après sept années passées à Montpellier, Fanny Deberghes a débarqué à Antibes en septembre pour s’entraîner avec Franck Esposito. Un changement nécessaire qu’elle essaie d’appréhender positivement pour atteindre l’ultime objectif de sa carrière : une qualification pour les Jeux olympiques de Tokyo. Ses interrogations, ses doutes, son intégration et sa nouvelle vie à Antibes, la brasseuse tricolore n’a éludé aucune question à dix jours des championnats de France en petit bain qui se tiendront à Angers (12-15 décembre).  

Pourquoi avoir choisi de rejoindre Antibes en septembre dernier ?

J’ai cherché un club dans l’urgence parce que j’ai quitté Montpellier assez précipitamment. J’ai rapidement appelé Fantine Lesaffre pour lui expliquer la situation, puis je me suis tournée vers Franck Esposito que je connais depuis longtemps et que j’apprécie. Pour moi, il véhicule des valeurs sportives très importantes. J’ai demandé à Fantine de prévenir Franck que je venais à Antibes pour le week-end. J’étais déboussolée. À ce moment-là, Franck a eu le comportement qu’il fallait et m’a dit ce que j’avais besoin d’entendre. J’étais plus venue chercher un soutien que des grandes leçons sur des méthodes d’entraînement à adopter. D’autant que je savais que les entraînements de Franck me conviendraient. Notre conversation a duré 30 minutes et après ça c’était clair pour moi que la suite de ma carrière aurait lieu à Antibes. Il était prêt à partir à la guerre avec moi et j’avais besoin de ça, parce que j’avais peur de tout quitter l’année des Jeux. 

Tu n’as jamais envisagé de mettre un terme à ta carrière ?

Non, à aucun moment, l’option d’arrêter m’a effleuré l’esprit. Je suis trop hargneuse pour ça. À 24 ans, je n’avais pas fait tout ça pour prendre ma retraite un an avant les Jeux olympiques. 

Comment t’es-tu acclimatée à cette nouvelle vie ?

Le changement est forcément difficile. Tout a changé dans ma vie et plusieurs fois je me suis demandée ce que je faisais ici. Mais quand je reviens à la raison, je me dis que je n’en ai pas bavé autant pour tout plaquer. Ma façon de m’entraîner est différente. J’ai forcément eu besoin d’un temps d’adaptation. Je me suis entraînée pendant sept ans au même endroit. Je ne pensais pas malgré tout que l’adaptation serait si difficile. 

Photo: KMSP/Stéphane Kempinaire

Qu’est-ce qui est le plus dur ?

La vie sportive est différente, mais ma vie personnelle aussi a été bousculée. Mais je n’ai pas été la seule à arriver cette année (Lorys Bourelly et Alizée Morel ont notamment rejoint Antibes). Sportivement, mon repère dans l’eau, c’est Franck. J’éprouve encore des difficultés à l’entraînement, mais je vois déjà que je suis meilleure que l’an dernier. Je me raccroche à tout ce qu’il me dit et je lui fais confiance. Avec Fantine et Alizée nous sommes soudées et ça fait du bien parce que ça fait beaucoup de changements d’un coup. 

Comment cela se passe-t-il avec Franck ?

Aujourd’hui tout est fluide. Il n’y a pas de bataille à mener parce qu’il est beaucoup dans l’écoute et l’échange. Il prend du temps à la fin de chaque entraînement pour revenir sur la séance. Cette communication me manquait. Pour moi, le haut niveau passe par l’échange. L’année des Jeux, l’erreur n’est pas permise et il me pose beaucoup de question sur mes habitudes d’affûtage ou sur ce que je suis capable d’encaisser à l’entraînement. 

Est-ce ta dernière saison ?

Après les Jeux, ce sera, en effet, terminé parce que je dois finir mes études. Je m’étais dit l’année passée que je souhaitais nager jusqu’au JO avant de faire une année un peu plus light et continuer pour le plaisir tout en finissant mes études, mais je dois passer mon diplôme à Montpellier et je ne peux plus m’entraîner là-bas donc ça ne sera pas possible. Après, je peux toujours changer d’avis, mais si ta question est de savoir si je vise Paris 2024, là, c’est sûr, c’est non, tu peux oublier (rires)

Tous ces changements l’année des JO te font-ils douter par rapport à tes objectifs ?

Je ne cogite pas vraiment. Je suis pleine de questions et de doutes, mais c’est plus le changement que l’objectif olympique en lui-même qui entraîne cela. Le chemin pour y arriver est semé d’embûches, mais je protégerai toujours mon projet. J’ai confiance en mon nouvel environnement pour m’accompagner jusqu’à ce dernier objectif. Je ne m’inquiète pas pour cette saison, même si j’ai eu quelques difficultés en début de saison. On ne déplace pas des montagnes en restant dans sa zone de confort. Je prends ce nouveau départ comme un tournant nécessaire dans ma carrière. C’est un mal pour un bien. Je me connais assez pour savoir que je suis capable de surmonter ça. Il n’y a jamais d’arc-en-ciel sans un peu de pluie.

Recueilli par J. C. 

 

Partager la page