Après la frayeur du matin, la délicate saveur de la victoire du soir. Après s'être qualifié avec le septième temps ce matin en série, Léon Marchand a été conquérir, dimanche 3 août aux championnats du monde de Singapour, son troisième sacre sur 400 m 4 nages, son septième titre mondial. Affolant tous les compteurs, écœurant une nouvelle fois ses adversaires impuissants l'observant de loin s'envoler à sa ligne d'eau numéro 1, le "roi Léon" a bien prouvé que malgré une année compliquée, où ses choix l'ont guidé, ces deux médailles d'or et cet argent de fin de soirée avec le relais 4x100 m 4 nages ont confirmé qu'il était maître de son destin. Un destin fait de titres et d'une renommée qui ne devrait pas s'estomper de sitôt. Le rendez-vous est déjà pris pour lui, l'année prochaine, aux championnats d'Europe de Paris 2026. Pour aller chercher ce qui lui manque : un titre européen (eh oui). En attendant ce grand moment, découvrez sa réaction du soir, en fin de compétition.
Léon Marchand, champion du monde du 400 m 4 nages (4'04"73) :
"Je me suis éclaté ce soir, c'était trop bien, c'est la raison pour laquelle je nage je pense. C'est vraiment ça. Ce matin ce n'était pas facile, je ne suis pas un nageur du matin, donc je n'étais pas trop inquiet non plus, mais j'ai surtout eu de la chance au niveau des centièmes d'avoir ma ligne ce soir. Et j'ai réussi à faire ma course du début à la fin, physiquement très difficile plus que d'habitude. Je pense que j'étais vraiment lourd dans l'eau en brasse et en col, mais je donne tout parce que j'avais envie d'être proche de mon record. Et après c'était très difficile de récupérer en 30 minutes, mais comme l'enjeu était tel que j'avais vraiment envie de réussir ce relais avec l'équipe, j'ai bien récupéré, au final je m'en sors bien et je nage plutôt vite dans le relais, donc je suis content. Oui, j'ai un peu remis les points sur les i sur cette épreuve. Je n'ai pas vraiment regardé ce qui se passait à côté, honnêtement j'ai vraiment fait ma course. Je me suis senti vraiment bien à l'échauffement encore une fois, je me suis dit que je pouvais m'approcher de mon record. Malheureusement je suis encore un peu loin, mais ça montre que je manque un peu d'entraînement pour le 400 mètres 4 nages. C'est un peu ce que je pensais en même temps. Vu le 200 mètres 4 nages que j'avais fait, je savais que j'avais beaucoup de puissance, mais pas forcément autant d'endurance qu'avant, donc il va falloir que ça s'entraîne maintenant.
J'étais très relâché. En dos, c'était vraiment bien et la brasse, je ne sais pas ce qui s'est passé, j'ai eu les jambes coupées d'un coup, donc c'était très difficile. Mais j'ai réussi à faire ma course du début et à la fin, je n'ai pas regardé à côté. Aux Jeux, j'avais essayé de contrôler un peu ce qui se passait autour, parce que j'avais envie d'être champion olympique (sourire), mais c'était une course différente. J'ai l'impression que mes 400 mètres 4 nages ne se ressemblent pas du tout, mais c'est pour ça que je le fais, j'aime bien ça. En tout cas, quand je nage le mieux, je ne regarde pas à côté. Quand j'essayais de contrôler la course, par exemple sur le 200 mètres 4 nages en finale, il y avait vraiment une vraie bataille. Le but était d'aller chercher le titre à ce moment-là. Je suis beaucoup moins relâché et je nage moins vite en général.
J'étais détendu avant la course (il a salué les nombreux supporteurs français derrière lui) parce que c'était tout simplement très long, parce que j'étais à la une. Et du coup, le temps que tout le monde se prépare, tout le monde se déshabille, c'est ce que je fais normalement. Donc, c'était très long et j'ai un peu regardé. C'est vrai que la piscine est un peu spéciale, parce que tout le monde était dans le noir, les gradins étaient dans le noir. Et à ce moment-là, ils avaient mis la lumière, donc j'ai pu voir un peu ce qui se passait autour.
Cette semaine n'est pas parfaite, parce que ce n'est jamais parfait, mais c'est plus que ce que j'attendais, surtout le record du monde. Ça montre que j'ai toujours la flamme pour la natation, que j'aime ça. C'est toujours ce qui me plaît le plus, et que j'ai envie de continuer. Et j'ai aussi vu pas mal de choses à améliorer, donc je vais essayer de préparer les championnats d'Europe le mieux possible. Les ambitions sur les Euros, je ne sais pas encore. On va voir au fur et à mesure des mois. Là, je vais prendre des vacances, déjà. Je vais essayer de réaliser ce que j'ai fait cette semaine. Et après, je reprends fin août avec Bob Bowman à Austin. On va travailler peut-être sur les quatre nages. Je vais travailler sur le 200 crawl et le 400 crawl. On verra ce que je peux faire aux championnats.
D'être encore là, c'est une preuve que je pense que j'ai fait les bons choix et que je fais ce que j'aime. Après, je n'avais pas besoin de ça, je pense que je le savais. Mais ça fait toujours du bien, si on est sur la première marche du podium, d'entendre l'hymne national et de se remémorer un peu ce qui s'est passé l'année dernière. Je me suis surpris au 200 mètres quatre nages. En 1'52, franchement, c'était vraiment surprenant pour moi.
Le relais, c'est toujours très fort, surtout un 400 mètres quatre nages comme ça. Alors, on était ligne 1, mais on avait toutes nos chances, on le savait. C'est vrai qu'on a un beau relais ce soir. J'ai nagé avec Yo, avec Max, avec Yann, c'est des gens que j'adore. J'ai tout donné. J'étais un peu... j'étais entamé quand même. Mais en termes d'émotions, c'est toujours très fort, c'est toujours différent par rapport à ce que je fais en individuel. La médaille d'argent, c'était génial. On fait surtout un temps vraiment très rapide. C'est excitant pour la suite et je pense qu'on peut faire mieux. C'était grave la course entre les deux. C'était beaucoup plus dur que ce que je pensais. Le protocole était assez strict. J'ai eu la chance de pouvoir échapper aux médias. J'ai pu récupérer, mais j'ai récupéré peut-être 700 mètres. J'avais encore les jambes en feu, j'avais un peu envie de vomir. Ce n'était pas dingue, mais j'ai réussi à me remettre dans la course. Après, je suis arrivé en chambre d'appel au dernier moment avec mes potes. Et là, je me suis dit qu'on y va. Moi, je n'arrivais plus trop à parler. J'ai essayé d'économiser mon énergie, mais on s'est encore déchirés. Là, ce que j'ai envie, c'est de voir ma famille. Je ne les ai pas vu trop cette semaine. Et d'être en vacances."


À Singapour, Louis Delvinquière